D E St, J E A N A
C H A P I T R E ' V.
D E St. J E A N D E MAU R IEN N E a LAN .S-LE-B.OURG .
5 -1207.E n fortant de St. Jean, on enfile une belle route, qui eft plane
& rectiligne pendant une demi-lieue. Les. montagnes à gauche & à
droite de cette route font hautes, efcarpées & incultes; fillonnées par
des ravins, & leurs couches defçendent au Sud-Lit. fous un. angle de
40 à 4; degrés«.
Comme je nç pouvois pas dü grand chemin, examiner leur nature,,
j ’allai, dans mon voyage de 1787, avec mon fils, au pied de celle de la
droite. Cela ne fembloit ni éloigné ni difficile ; nous eûmes cependant
allez de peine à gravir fur des, débris glifîans, pour atteindre le roc
vif & le corps même de la montagne.. Ceit une pierre noire, feuilletée
, dont la bafe eft un fchifte argüleux, mêlé de parties calcaires libres,
qui font effervefcence avec les acides.. Les feuillets tes plus noirs contiennent
moins de parties calcaires, & font une effervefcence moins vive
que ceux qui tirent fur le gris. Les uns & les autres, & fur-tout ceux-
ci, fe fondent difficilement: au feu du chalumeau.. Ce qui piquoit fur-
tout notre curiofité, e’étoient de grandes veines blanches qu’on voyoit
de loin trancher fur le fond, noir de la montagne-
Nous y parvînmes, quoiqu’avec difficulté, & nous reconnûmes qu’elles
étoierit compofées d’un mélange de quartz blanc & de fpath calcaire,
qui fe convertit par places, en mine de fer fpathique blanche-ouroufle-
Ces veines ou ces filons, coupent le corps de la montagne, tantôt paraL
lelement, tantôt obliquement à fes couches..
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j ¿L / 1 C l t •, Monts*
[ §. 1208. Au pied de cette montagne, du cote de St. Jean, 011 voit un gne de
'monticule ou grand amas de gypfe qui lui eft. adoffé. - gyp^
i C’eft, autant que j’ai p u l’obferver, le premier grand amas de ce
gypfe que l’on rencontre fur cette route, en venant d’Aiguebelle. Mais
Ion en voit beaucoup entre St. Jean & le Mont-Cenis ; on en trouve
Ifur le'Mont-Cenis même; & on v o it, en y allant, des montagnes
faifez hautes qui en font compofées, ou du moins recouvertes. Ce
[gypfe y lorfqu’il eft pur, eft du plus beau blanc, ne fait aucune effer- x
s vefcence avec les acides & a le grain brillant du marbre ftatuaire. La
1 fituation de fes couches tortueufes & affaiffées n’eft pas toujours facile
[à déterminer; il paroît cependant qu’en général cette fituation eft hori-
ï zontale.
Il n’eft pas commun de trouver fur de hautes montagnes des maiTes
| aufii confidérables de ce genre de pierres; & ce qu’il y a de bien remar-
[quable, c’eft que fur ce paffage même on n’en rencontre point, du
moins aucune montagne, paffé la plaine du Mont-Cenis, c’eft-à-dire:,
[rentre cette plaine & Turin..
Cesgypfes parodient d’une formation Beaucoup plus récente que les
S autres pierres qui compofent les montagnes de cette partie des Alpes ,
I& la pofition de leurs couches, prouve qu’ils ont été formés fous les
[ eaux. Je n’ai cependant pas pu réuffir à. y trouver aucun veffiige de corps
[organiles.
AI. de L am a n o n penfoit que Iésgypfès que Pûn trouve dans les vallées
I des Alpes, avoient été formés dans des lacs d’eau douce que renfer-
I moient anciennement ces vallées. Jour nal de Fhyjîque, Tome X IX *
j pag. i g|. La difcuffion de cette opinion exigeroit des données qui nous
1 manquent encore;, je la réfer ve pour le volume où. je traiterai de la.
■¡théorie