C H A P I T R E X X.^
Montagnes de la Sainte Beaume & du Cap Roux.
Introduç- §. i t fo J ’ai dit, que M P i c t e t & moi, dans notre voyage de 1780,
nous avions été obligé, de revenir de Nice à Geneve , avec beaucoup
de précipitation, & qu’ainli nous n’avions pu faire aucune' excurfion.
J’eus plus de tems dans mon fécond yoyage; après avoir traverfé,
entre Fréjus & Antibes, ce rameau des Alpes qui parcourt du Nord
,au Midi, la Provence orientale, je defirois de voir Pextrémité de ce
v même rameau, dans l’endtpit op il pénétré le plus avant dans la mer.
O n me dit à Fréjus, que la meilleure route pour y parvenir, étoit
de paifer par l’Hermitage de la Sainte Beaume, qui eil iitué alfez haut
fur la .pente delà montagne. Je fis ce petit voyage le 26 avril 1787;
ce moment étoit favorable, parce que pour attirer les pèlerins qui vont
là en dévotion au premier de mai, l’hermite a foin de' réparer à
l’avance le phemin ou plutôt le mauvais fentier qui conduit à fou
hermitage.
Plaine En fortant de Fréjus, on tire d’abord à l’Eft, en traverfant une petite
$Jetréjus. p ^ ç t0ljte d’alluvions ou de dépôts qui s’étend jufqu’à la mer, & qui
eft extrêmement fertile.
A demi-lieue de la ville ôn laiïfe à fa drcrtte le village de Ai. Raphaël
O n trayerfe enfuite un petit bois de pins, dans lequel on trouve
des fragmens de porphyre, la plupart arrondis , & des couches de
grès, pu gris ou violets, qui montent doucement du côté de la mer,
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& dont les matériaux fout par conféquent venus de l’intérieur des
terres.
§. i45'i- À une bonne lieue de Fréjus, on traverfe un petit ruiifeau Pierres
fur lequel font les ruines du moulin de Vuulongue. On monte de là
fur des champs un peu élevés au-delfus du ruilTeau, , & que mon guide cation,
jiommôit la Moraine de Motan.
J e trouvai ces champs couverts d’une pierre poreufe d'une nature
très-différente de celles que j’ai décrites dans les paragraphes précédents.
Extérieurement elle eft d’un brun tirant plus ou moins fur le rouge,.
inégale & caverneufe.. Cette couleur pénétré dans l’intérieur ; mais en
devenant par gradations plus claire & mélangée de jaune , de blanc &
de violet i fa eaffure eft très-inégale, prefque matte & terreufe. On
reconnoit dans cette pierre des fragments de porphyre violet, à grains. j
de feldfpath blanc ; ces,fragments- font empâtés dans un fable de la même
fuhftance , & fondus enfuite enfembie. Cette pierre n’agit fur l’aimant
ni avant ni après fa calcination i elle eft parfemée de trous irrégulièrement
arrondis, les plus grands de 4 à y lignes du diametre , qui
ne renferment ni fer fpathique ni la pouiliere ferrugineufe- qui refte-
après fa décompoiition- On obferve ces trous,; non feulement dans
la pâte informe de la pierre ,. mais encore dans les fragments de porphyre
que cette pâte renferme. Ces trous ont leur furface intérieure
inégale & raboteufe ; quelques-uns font vuides, d’autres tapiifés,
d’autres remplis d’une fubftance blanchâtre ou jaunâtre , informe, de
la nature du feldfpath, mais moins dure , & qui n’eft cependant pas.
de la zéolite.
J’a i trouvé un fragment du même genre, fùr là pente du chemin
qui monte, de Fréjus à l’EftereL.
M a is pour revenir aux champs qui font couverts de fragments de
cette pierre poreufe, je dirai qu’on n’y voit aucune apparence ni die-.