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pierre. Ces blocs font renverfés, culbutés les uns par-deffus les autres
connue par un bouleverfement. Leurs angles vifs prouvent qu’ils n’ont
point été chariés, & qu’ils occupent à peu près la place dans laquelle
ils ont été formés. Eft-ce un tremblement de terre qui a rompu les
couches de cette montagne, ou n’eft-ce pas plutôt l’effet des fiffures
régulièrement répétées, qui divifent cette pierre en grandes rhomboïdes
& facilitent ainii la réparation de fes parties ?
O n rencontre auffi fur cette route des blocs détachés de tu f calcaire
, mais on ne voit pas les rochers dont ils ont été féparés.
Schiftes §■ I2f 4- Environ à une demi lieue au-deffous de la Ferriere, lesfchif-
micacés tes micacés ceffent d’être calcaires, & font remplacés par des fchiftes non
veiceas^' effervefeens, qui commencent à peu près vis-à-vis d’un banc de terre
verte dont j’ignore la nature , & que l’on voit de l’autre côté du torrent
à gauche du grand chemin. De là jufqu’au bas de la montagne , ces
rocs micacés, contenant peu ou point de matière calcaire, continuent
fans interruption. Ils font difpofés par grandes tables planes qui descendent
rapidement à l’Eft, en fuivant à peu près la pente de la montagne.
Ces tables font coupées par des fentes que je nomme infignifautes
, parce qu’étant perpendiculaires tout à la fois à l’horizon, &
au plans des couches, elles ne nous donnent aucun renfe ignement fur
la fituation, originaire de ces mêmes couches,
f l 'Ta §• 12§¡1 On voit donc que toute la montagne, depuis la Grand-
ture des Croix jufqu’à la Novaleze, eft compofée de quatre grandes tranches
rocs qui^ jg fchifte micacé , qui font alternativement effervefeentes & non effer-
ce côté du’vefcentes ; celles-là mélangées de terre calcaire, & celles-ci de
Mont-Ce- quartz. J’ai eu bien du plaifir à obferver, fur une route auffi fréquentée
, un fait auÛî intéreffant pour la Géologie.
La Nova» §. 12f6. Quand on paffe le Mont-Cenis. dans une faifon froide, oti
leze. Effet eq. bien content de fe trouver à la Novaleze , loin des frimats deshau-
des vents ’
verticaux, tes Alpes , & de commencer à jouir du beau climat de l’Italie, Ce-
D U M O N T - C E N I S . Chap. V I . f t
n’eft pas feulement parce que ce village eft fitué fur le pied méridional
des montagnes, que fa température eft plus douce que celle de Lans-
le-Bourg, c’eft encore parce qu’il eft de 312 toifes plus voifin du niveau
de la mer. En effet, la moyenne de huit obfervations du baromètre
ne m’a donné pour le Novaleze, qu’une hauteur de 400 toifes au-deffus
de la Méditerranée, tandis que Lans-le-Bourg l’eft de 712. Les obfervations
de M. d e Luc donnent à la Novaleze une élévation de 12
toifes plus grande ; & la différence ne vient pas des formules, car la
fienne auroit dû donner une hauteur plus petite; mais j’ai obfervéque
dans des fonds ferrés entre de hautes montagnes, la mefure des hauteurs
par le baromètre, donne des réfultats beaucoup moins concordans
que dans les lieux ouverts de tous côtés. J’attribue ce fait aux vents verticaux
, qui tantôt augmentent, tantôt diminuent la preffion de l’air fur
le mercure. O r , ces vents fe forment beaucoup plus facilement & pro-
duifent plus d’effet dans des fonds dont les parois forment des efpeces
de cheminées; en effet, des trois obfervations de M. d e Luc à la Novaleze,
l’une donne 422, l’autre 414, & la troffieme 400 toifes.
M ais ce village eft étroit, mal-propre, & fitué dans un vallon extrêmement
ferré; les voyageurs font empreffés de le quitter. Ils font
promptement remonter leurs voitures, & fe hâtent de pénétrer dans le
beau pays, dont ils ne font- plus féparés par aucun obftacle difficile
à franchir.