Différentes
ftruc-
tures de
montagnes.
104. C O U P - D ' O E I L G É N É R A L
d’une force incomparablement fupérieures à celle des courans que nous
voyons aétuellement dans .les Alpes.
§. 1300. Si de ces débris nous entrons dans la première ligne de
montagnes, nous trouvons une grande différence ; cette première ligne
du côté de l’Italie eft très-étroite, & remplie de roches magUéfiennes ;
du côté de la Savoye, e’eft une bande de montagnes calcaires d’une
très-grande largeur.
L a fécondé ligne, après les pierres calcaires, fe trouve, du côté de la
Savoye, compofée d’ardoifes & enfuite de roches quartzeufes micacées.
Du côté du Piémont, vous ne trouvez point d’ardoifes après la première
ligne de magnéfienne ; mais à celles - ci fuccédent immédiatement
les roches quartzeufes micacées.
E n su it e , en vous rapprochant du centre, vous trouvez en Savoye
des roches particulières de petrofilex, de mica & de feldfpath; en
Piémont, c’eft un granit veiné.
E n f in en Savoye , après ces roches de petrofilex , de mica & de
feldfpath, vous trouvez d’abord des roches de corne ; puis des alternatives
répétées d’ardoifes, de pierre calcaire, & enfin de roches de petrofilex.
En Piémont, ce font des calcaires, & enfin des magnéfiennes
qui forment la ligne la plus voiline de la chaîne centrale.
L es gypfes qui, bien que parafites , méritent au moins par leur
maffe, l’attention des Géologues, manquent abfolument du côté du.
Piémont.
I l faut donc reconnoitre que les deux faces oppofees de la chaîne
des Alpes, ne font ni femblables ni fymmétriques, quand a la nature
des fubftances dont elles font çompofées.
St
1CETTE PARTIE DES ALPES. Chap. X. io f
S i nous comparons leurs formes générales, nous y trouvons aufll
des différences fenfibles; les Alpes du côté de Turin fe terminent d’une
maniéré parfaitement nette & tranchée : fe Mont Picheriano & celui
de Mufinet font décidément les derniers qui appartiennent aux Alpes;
on ne trouve plus du côté de l’Eft que des plaines 011 des collines qui
ne peuvent point prétendre à faire partie de cette chaîne de montagnes.
Au contraire , du côté de la Suiffe, de la Savoye & du Dau-
phiné, les bords de la chaîne s’abaiffent par gradations infenfibles;
enforte que l’on peut douter avec raifon, fi le Mont Salève, le Jura,
les montagnes qui bordent le lac du Bourget, celles du Bugey, de la
Choutague fout ou ue font pas partie de cette chaîne.
U ne autre obfervation, qui eft en quelque maniéré dépendante de
la précédente , a déjà été faite par divers voyageurs; c’eft que la pente
des Alpes eft plus rapide du côté du Piémont. Si du haut du Mont-
Cenis on veut defcendre à une certaine profondeur, telle, par exemple
, qu’on ne fe trouve plus élevé que de cent toifes au-deffus de la
mer, on y arrivera beaucoup plus.vite du côté du Piémont que du
côté de la Savoye. De même, par une conféquence de ce principe,
fi l’on prend de part & d’antre de la chaîne, des lieux quifoient à une
égale diftance de la cime, ceux, qui feront du côté de la Savoye fe
trouveront plus élevés que ceux qui feront du côté du Piémont. Ainfi,
Lans-le-Bourg, qui eft au pied du Mont-Cenis en Savoye , eft élevé
de 712 toifes, tandis que la Novaleze , qui eft au pied de la même
montagne eu Piémont, n’eft élevée que de (*) 400 toifes.
En f in , ce qui paraît encore une dépendance du même phénomène,
(*) Cette obfervation ne fe vérifie cependant
pas également? par-tout. L’Allée blanchi
qui borde la bafe du Mont-Blanc du
«ote de l’Italie, elt plus élevée que la vallée
de Chamouni, qui borde en Savoye la
même montagne. Et il feroit facile de citer
encore d’autres exceptions.
j
o
Les Alpes
finiflent
plus bruf-
quement
du côté
du midi.
Leur .pente
de ce côté
eli aulii
plus ra- -
pide.
Leurs e t
carpe-
mens plus
confidéra-
bles.