par un féjour tranquille au fond de cette e a u , il falloit que le therm
om ètre rem ontât rapidement au travers d’une eau dont le degré de
chaleur pouvoit être différent; il falloit éprouver quel feroit l’effet
d ’un pareil mouvement pour changer fa température. Dans cette vue
tandis que l’eau à la glace ,1 ’avoit fait defcendre à 2 , 3 ; je l’agitai dans
un grand réfervoir, d o n tl’eau étoit à 14. Je lui fis faire en 10 minutes,
170 ofcillations, chacune d’environ 6 pieds; enforte qu’il parcourut
dans ces 10 m inutes, l’efpace d’environ 1000 pieds. Sa chaleur n’augm
enta que d’une dixième de degré ; il vint de 2 , 3 3 2 , 4 .
I l fuit delà que l’aâîon de l’eau de la mer pour changer le degré
d e ce thermomètre , tandis qu’il niontoit du fond à la furface, à dû
être abfolument inlènfible : en effet, les expériences que j’ai rapportées
dans le premier volume , §. 391, prouvent qu’à la profondeur
de 130 pieds les variations des faifons n’influent prefque point fur la
tem pérature des ea u x | du moins de celles de nos lacs.
M ais comme les vagues & les courans ont dans la n ie r, plus de force
que dans nos lacs, pour mêler les eaux de la furface à celles qui font
plus profondes ; doublons cette profondeur, & fuppofons que ce n’eft
que depuis le 300e pied que regne une tem pérature égale à celle du
fo n d , ou de 10, 6 , & que dans cet efpace de 300 pieds, la chaleur
augmente en progreflion arithmétique jufqu’à la furfacé, où elle
étoit à 1 ^ , 4 ; la chaleur moyenne de ces 300 pieds auroit été plus
grande qu’au fond de la moitié de la différence, o u de 2 , 43. O r,
puifque les 1800 pieds, depuis le fond jufqu’à la furface, ont été parcourus
par le therlnometre en 24 m inutes; il lui a fallu 4 minutes
pour parcourir les 300 pieds dont la température étoit différente ;
mais dans m on expérience, une différence de plus de 11 degrés n’a
changé en 10 min. l’état du thermomètre que d’une dixième de degré.
D onc une différence de 2 , 43 »pendant 4 m inutes, ne peut avoir occa-
fionné fur le thermomètre qu’une variation d’une 112e de degré , quantité
q u ’on peut regarder comme nulle dans une obfervation de ce genre.
■ Et
E t lors même que depuis le fond jufqu’à la furface, la température
de la mer, auroit été la même, le thermomètre n’auroit varié que
d’un dixième de degré. Le parfait accord de l’expérience de Porto-
Fino avec celle de Nice, quoiqu’à des profondeurs très - différentes ,
achevé de confirmer ces raifonnemens : on peut donc regarder comme
un fait certain , que dans le golfe de Gênes, à une grande profondeur,
la température des eaux s’éloigne infiniment peu de 10, 6 du
thermomètre de mercure divifé en 80 parties entre la glace fondante
& l’eau bouillante à 27 pouces du baromètre.
§. 1394. L e froid qui regne au fond de nos lacs, n’eft donc point
un phénomène univerfel, c’eft un fait qui tient à des caufes locales ;
inais ce fait eft général pour tous les lacs de la Suiffe, dont la profondeur
furpaffe 130 pieds.
Nous l’avons obfervé, M, P i c t e t & moi, en 1779 > furies lacs de
Geneve.de Bienne & deNeuchatel; mais depuis lors, j’ai confirmé
cette obfervation fur fept autres lacs; favoir, ceux d’Annecy, du BoUr-
get, de Thun, de Brientz , de I.ucerne, de Confiance & même G»
le lac Majeur, qui, étant litué de l’autre côté des Alpes, en Italie,
appartient à un climat beaucoup plus chaud que le nôtre-
C o m m e j e n e fuis point décidé à publier tous les voyages dans lesquels
j’ai fait ces expériences, & qu’il fera d’ailleurs plus commode de
les trouver raffemblées , je vais rapporter ici celles que je n’ai pas encore
données ; elles peuvent intéreffer à plus d’un titre, parce qu’elles
donnent e n m ê m e tems &la mefure des plus grandes profondeurs connues
d e ces lacs, & la défignation des lieux où elles fe trouvent.
§• 1393. L ’e n d r o i t du lac de Thun, que l’on me dit: être le plus
profond, eft à demi, quart de lieue au Nord du château de Spietz , vis-
à-vis d’un rocher fameux, par le naufrage que firent là, il y a longues
années B u o b e n b e r g & fon. époufe S t r a t z l in g e n , dont les familles
C e
Le fond
de nos lacs
eft plus
froid que
le tempéré.
Lac de
Thun.