73 R O C H E - M I C H E L . Chap. V U .
Trais* ' ** Sur la droite de ce glacier, on voit trois cîmes aiguës & rappro-
dents. chées, qui fe nomment les 7 rois-dents ; elles font plus élevées que
Corne-RouiTe, car quoique plus éloignées elles ne paroiflent déprimées
que de z6 minutes au-deflous de l’horizon de Roche - Michel.
Derrière Corne-Rouffe & les Trois-dents, on voit une longue fuite de
cimes neigées qui fe prolonge dans la même diredion.
Au Nord-Oueft on voit encore de hautes cimes, qui fe nomment
les Aiguilles d’Arve, & les hautes montagnes de la Fanoife, dont j’ai
parlé §. 1231.
Vue du §• 12^ . Mais ce que l’on découvre de plus élevé dans ces alen-
haut ro- tours , c’eft une tête arrondie couverte de neige ou de glace, droit au
Kunche Nord de Roche-Michel , & qui eft liée avec elle par une arrête étroite
& élevée, qui tourne de l’Eft au Nord. Aies guides nomment cette
cime le rocher de Roncbe ; ils difent qu’on le voit de Lans-le-Bourg,
& que c’eft la première & la dernlere cime qui de ce village paroiffe
éclairée par les rayons du foleiL Je la trouvai élevée de z degrés 3G
minutes au-deifus de l’horizon de Roche-Michel; mais il eft vrai qu’elle
n’eft pas éloignée. Je la crois cependant bien plus haute que Roche-
Melon , & elle ne paroît point inacceffible. Peut-être de cette cime
pourroit-on découvrir le Mont-Blanc ; car du haut de Roche-Michel
on ne peut point l’appercevoir ; & c’eft vraifemblablement cette cime
qui le cache, car il doit être fitué derrière elle, ou du moins à peu
près dans cette direction. Enfin du côté de l’Eft & du Nord-Eft, je
voyois des cimes élevées & couvertes de neiges qui fe perdoient à
une grande diftance parmi des flocons de nuages répandus fur l’horizon.
Granit de § .1267. Nous trouvâmes dans. cette montagne des fragmens d’un
nouvelle" S ranit 'de nouvelle compofition, qui s’eft cryftallifé dans les cre-
vaffes des fehiftes- micacés ; ce granit eft pour la plus grande partie
compofé d’un feldfpath très-fufîble, mais il y a aufli du quartz & du
mica. M- de St. R e al avoit trouvé ces granits avant nous ; & il avoii:
R O C H E - M I C H E L , Chap. VI I . 7 ?
remarqué qu’il étoit fort extraordinaire de voir le granit fe former
■dans'ces fehiftes; on découvre bien le quartz dans quelques-uns de
ces fehiftes, mais pour le feldfpath je n’ai pu le çUftinguer. Peut-être
s’y trouve-t-il en parties trop petites pour être apperques; peut-être
aufli les eaux qui le dépofent recueillent-elles, entraverfant ces roches,
les ingrédiens dont il eft compofé ; mais la première de ces conjedures
nie paroît la plus vraifemblable.
Nous trouvâmes auflî dans ces débris du fpath calcaire jaunâtre, avec
des taches d’un beau blanc, que je prenois d’abord pour du quartz;
mais en les examinant de près, j’ai vu que c’étoit un feldfpath cryftallifé
en lames rhomboîdales. Je n’avois jamais rencontré des pierres
compofées du mélange de ces deux fpath; celui-ci eft beaucoup plus
fufible que celui qu’on trouve dans les granits de première formation;
fans doute parce qu’il eft mêlé d’une partie de la terre calcaire qui fe
cryftallifé en méme-tems que lui. Quant au fpath jaunâtre qui fe trpuve
mêlé avec ce feldfpath , il ne contient pas aflèz de fer pour mériter le
nom’de fer Apathique; mais il en contient cependant beaucoup, comme
on le voit en verfant du pruffite dans fa diffolution par les acides..