Queftîon
fur l’origine
de
cette mon
tagne.
P O R T o . F I N O.
Ae même que la fcrpentine, y font un peu plus fréquens ; & en revan.
eh e , il y a moins de fpath dans les crevaffes. Toute la montagne eft
coupée par des fentes verticales , parallèles entr’elles & dirigées de
l ’Eft à l’Oueft ; qui la divifent en bancs d’un, deux, trois pieds d’épaif.
feur, & cela avec tant de régularité, que je les pris d’abord pour des
couches : ce ne fut qu’en côtoyant par mer , le pied de la montagne
que je reconnus mon erreur ; mais là je vis diilincfenient les vraies
couches inclinées de 15 à 20 degrés en montant du côté de l’Oueft,
enforte que leurs plans courent encore du Nord au Midi, connue ceux
des calcaires de Gênes. La pointe la plus faillante du côté du Sud,
que les bateliers nomment Ciappa, fans doute par corruption de Capo
ou de Cap, préfente ces couches de la manière la plus diüin&e & h
plus régulière.
§. 13fo. D’où peut venir ce prodigieux amas de cailloux roulés?
La nature de ces cailloux prouve qu’ils viennent, non des hautes Alpes,
• puifqu’il n’y en a point de primitifs, mais des montagnes extérieures
des Alpes ou de l’Apennin. Enfuite, lî je confidere la fituation de leurs
couches, je vois qu’elles font relevées du côté de l’Oueft; & la verticalité
des fentes qui les coupent 111e prouve que cette fituation eft
à peu-près la même que dans fon origine.
J e crois donc pouvoir conclure d e là , que le courant qui acharié
ces cailloux venoit du côté de PEU, & que par conféquent c’eft; feulement
dans les montagnes baffes de l’Apennin qu’il faut chercher leur
fource. Voilà, je crois, tout ce qu’on peut en dire; car ces cailloux
ont trop peu de phyfionomie pour qu’on puilfe alfigner leur pays natal
avec plus de précifion. Il eft d’ailleurs poifible que les montagnes dont
ils viennent, fulfent des montagnes maritimes, qui ont été détruites
ou fubmergées.
On peut voir une autre defcription de cette montagne dans les lettres
du Dotteur Faolo Spadoni, intitulées Lettere odeporiche fulle montagne
T E M P É R A T U R E D E L A M E R . Chap. X V I . i f j
tagne Ligufliche. Bologne, 179Î- 8«. On verra là des détails fur diverfes
cavernes qui fe trouvent dans le rocher prefqu’au niveau de la mer.
Nous ne vifitâmes pas ces cavernes , parce que nous ignorions leur
exiftence.
§. 13? 1. P endant que nous obfervions la montagne de Porto-
Fino , le vent fe calirtoit. Nous nous embarquâmes , & nous allâmes
jeter notre fonde à ? mille au Midi du Cap , où on nous avoit affuré que
la mer étoit la plus profonde. Nous ne trouvâmes cependant que 886
pieds ; mais comme il étoit tard, nous nous contentâmes pour cette fois
de cette profondeur, & nous y finies defcendre deux thermomètres ;
l’un de ces thermomètres étoit celui deM. M icheli ,.que j’ai décrit dans
le premier volume de ces voyages, §. 3 i ; l’autre étoit nouveau , je l’a.
vois conftruit avec le plus grand foin pour cette expérience; je le
décrirai dans le Chapitre XVIII. Nous fixâmes à un baril vuide
& bien bouché l’extrémité du cordeau auquel ils étoient attachés
; & pour furcroit de précaution , nous liâmes encore ce cordeau
à un paquet de planches de liege. Nous vînmes enfuite coucher
au village de Recco , où étoit le gîte logeable le plus voifin de nos
thermomètres.
L e lendemain, 8 oftobre, nous partîmes de Recco avant jour, & la
tramontane, que nous avions en poupe, nous porta dans une heure |
à notre fignal. Nous eûmes quelque peine à le trouver, à caufe de l’agitation
de la mer ; cependant par les alignemens que nous avions pris,
nous jugeâmes qu’il n’avoit pas change fenfiblement de place, il nous
fallut 20 minutes pour retirer les thermomètres du fond de l’eau, parce
que le balancement du bateau, produit par le vent, retardoit beaucoup
cette opération. Nous trouvâmes le nouveau thermomètre à iq
degrés 6 dixièmes, [& celui de M ic h e li à 13 degrés 1 dixième. Cette
différence vient de ce que . celui-ci, moins bien prefervé de Pimprefiîon
de l’eau, plus chaude à la furface qu’au fond de la mer, s etoit réchauffe
en montant. La veille, quand nous pofâmes les thermomètres, la
.V
Experience
fur la
température
de la
mer.