Calcai*
caires micacées,
Grès que
l ’eau rend
translucide.
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celui du monticule voifin de la Pofte. Il eft gris 6c a tellement l’apparence
d’une pierre calcaire, qu’il faut l’éprouver à l’eau forte pour
fe .défabufer.
Il eft d’autant plus facile de s’y tromper, que l’on trouve au bord
du laç, avant d’arrivçr à çet entonnoir, des rochers d’une pierre, fem-
blable au premier coup-d’oeil à çe gypfe gris, mais qui eft bien réellement
une pierre calcaire à çaffure écailleufe, & d’un grain fi fin qu’on
peut douter fi elle n’eft pas compacte ; elle eft mélangée de très-petites
parties de miça brillant.
C e t t e pierre fe diffout avec beaucoup d’effervefcence dans' l’acide
nitreux, qui fur 100 grains ne laide en arriéré que 4 grains de lames fines
brillantes Sç tranfparentes de mica blanc ; mais fur ce même poids de
100 grains, le vinaigre diftillé laide en arriéré 24 grains indiffolubles,
quoique broyés pendant long-tems fous le vinaigre même ; il y a donc
dans cette pierre dç la terre calcaire combinée avec de l’argille & une
portion de fer qui fe diffolvent difficilement à froid dans l’acide aeéteux.
Ce mélange de mica & d’argille , çft caufe que cette pierre , expofée
à la flamme du chalumeau, fe couvre d’un vernis qui l’empêche de
fecalciner-
E n paffant au pied de la montagne qui domine l’extrémité du lac
du côté du Nord-Oueft, on voit que cette montagne eft compofée
d’rn fchifte micacé calcaire, dont les couches font à peu près horizontales.
§. 1242. A un quart de lieue delà, en continuant de iuivreles bords
du lac, on rencontre des fragmens & même des blocs d’une efpece de
grès, compofé de très-petits grains de quartz & de feldfpath blanc,
avec de petites lames de mica tirant fur le verd.
Lorfque cette pierre eft feche, elle paroîfopaque & d’un blanc fale ;
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f|uand elle eft pénétrée d’eau, qu’elle abforbe avec avidité, elle prend
un oeil verd translucide , qui lui donne quelque reffemblance avec un
petrofilex, ou avec un jade. Quelques - uns de ces fragmens étoient
compofés de feuillets blancs, bien parallèles & cohérens entr’eux.
Le mica fe trouvoit en plus grande quantité dans les intervalles de ces
feuillets. Ces pierres viennent fûrement de la montagne voifine, car
on ne voit dans cette vallée aucun fragment étranger.
§. 1245. On rencontre enfuite un ravin affez profond, que l’on tra- petite
yerfe pour gagner une forêt, dans laquelle il faut quitter le bord du forêt,
lac, qui là , ferre le rocher de trop près pour qu’on puifte fiaffer entre
deux. Cette forêt eft compofée de bouleaux & d’aulnes, tortueux &
rabougris ; on voit bien que les arbres fouffrent dans cet air rare, &
que l’on n’eft pas éloigné de la hauteur à laquelle ils ceflfent de pouvoir
croître. La forêt eft pourtant affez épaiffe ; elle doit donner en
été un ombrage agréable, & il doit y avoir fur les bords au-deffùs du
lac des fituations romantiques.
§. 1244. En fortant de cette forêt, on arrive au canal par lequel coule l» Cela
Cenifi, c’eft le nom de la petite riviere qui defcend du Mont-Cenis, m e>
du côté du Piémont : elle conferve ce nom, jufques un peu au-
deffous de Suze, où elle fe jette dans la Doire, qui vient de la vallée
d’Exiles.
^ Çg lâC SI
J’o b s e r v a i ce canal avec beaucoup de foin, parce que M. de St . ¿tlj anc;en.
R e a l m’avoit dit qu’il avoit découvert dans les rochers qui le bordent, ment beau,
des traces d’étofion, defquelles on pouvoit conclure que le lac du ¿i£v^_P
Mont-Cenis avoit été autrefois beaucoup plus élevé qu’il ne l’eft aujourd’hui.
J’eus bien du plaifir à vérifier cette belle découverte ; j’ob-
fervai même quelques circonftances de ces érofions qui ne laiffent
aucun doute fur leur origine.
D ans les endroits où l’eau du lac eft tranquille, elle ne depofe aucun