Hermitage
de St.
Caüen.
Minelle.
Grès divers
avec
de la B a l -
L O G É E .
238 D E N I C E
tour du haut de la colline , je trouvai par-tout eette même roche ;
■mais dans des fituations différentes : ici horizontales, là inclinées ; là
tortueufes.
D el! , on defcend dans une plaine au milieu de laquelle eft une
colline charmante, couverte d’un mélange de pins, de cyprès & d’ormeaux,
tous de la plus grande beauté: & fur la cime de la colline, au
milieu de ces arbres, un hermitage nommé St. Cufien. Au pied delà
colline coule la Siagne, dans de belles prairies ombragées de faules & de
peupliers ; par deffous les arbres on apperçoit la mer, & dans les éclaircis
tout le golfe de la Napoule & les isles Sainte Marguerite. C’eft
un fite vraiment délicieux. La vallée ouverte au Nord, laiffe voir la
ville de Gxaffe & la chaîne calcaire qui la domine.
D ans une heure 10 min. nous vînmes de Cannes à Minelle, maifon
de pofte de la Napoule ; c’eft une maifon folitaire, entre la montagne
& le bois, un vrai repaire de voleurs, où le courier de Rome' avoit été
dépouillé peu de tems avant notre paffage.
§ . 1432 Bientô t après on commence à monter fur des bancs épais
& redoublés de g rè s , tantôt violets & tantôt g r is , les uns homogènes,
les autres mélangés de pierres de divers genres, niais tous des monta*
gnes du voifinage ; favo ir, de fchiftes micacés & de porphyres.
O n trouve auffi entre ces grès des couches d’une argille verdâtre
non effervefcente, mêlée de couches interrompues d’un beau Ipath
calcaire b lanc, cryftallifé en rhomboïdes.
O n defcend, puis on remonte, & on trouve alors des grès rougeâtres
mêlés de taches vertes ; ces grès font compofés fiexclufivement
de fable porphyrique & de débris de porphyre, que l’on a de la peine
à décider fi ce n’eft pas un porphyre tendre qui tombe en décompofi-
tion. Les taches vertes font d’une fubftance terreufe, très-fine & très*
tendre, un peu graffe au toucher, qui femblc s’être infiltrée dans les
fentes & dans les cavités’ intérieures delà pierre. Elle eft affez réfrac-
taire, maisfe fond cependant en un verre noir & brillant. C’eft évidemment'la
Grunerde de Werner, ou la terre verte du mont Baldo. Je
fa nomme Baldogée. lljy a même là de ces grès porphyroïdes, dont
la pâte eft en entier de cette terre verte.
§. 1433. O n trouve enfuite les fchiftes micacés qui, ici tombent
en décompofition , & dans ces fchiftes des veines de quartz, qui ont
l’oeil bleuâtre de la calcédoine ; mais leur caffure eft brillante, écail-
leufe & n’a point la fcintillation de la calcédoine.
O n trouve auffi dans ces fchiftes de grands & beaux filons, & même
des couches de granit compofé d’affez gros grains de feldfpath rougeâtre,
Schiftes
micacés
avec filon
de granit.
de lames très-brillantes de mica blanc; & de parties de quartz
blanchâtre, un peu gras. On y voit auffi des parties cónfufément cryf-
tallifées de fchorl noir. Ce fchorl montre bien au chalumeau le caractère
diftinétif de fon genre ; il fe gonfle beaucoup au premier coup de
feu, mais demeure enfuite très - réfraêtaire. On ne diftingue pas bien
d’abord la fitnation des couches de ces fchiftes ; mais un peu plus loin
011 reconnoît clairement qu’elles font verticales, & qu’elles courent du
Nord Nord-Eft au Sud Sud-Oueft; de même que la montagne dont
elle font partie. Enfuite les grès cachent pendant quelques tems ces
fchiftes micacés, après quoi ils reparoiffent a découvert.
- §. 1434. En continuant d’avancer, on rencontre un banc d’une pierre
qui me paroît être une variété de la ferpentine grenue de Notre-Dame
de la Garde. §. 1343.
- E l l e eft extérieurement d’un gris noirâtre, & d un grain groffier
& fans éclat ; fes fragmens font polyhedres, mais n’affeétent aucune
figure régulière , fa caffure vers les bords, où a. pénétré l’aition de l’air ,
eft tout-à-fait terreufe, fans éclat & même un peu jaunâtre. Dans te
Serpentine
grenue.