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On a fait des peintures effrayantes des abords de ce glacier ; cependant
rien ne m’eût été plus facile que de defcendre dans une plaine
caillouteufe qui me féparoit de fon pied, & de remonter de là fur ce
même glacier ; mais cette marche ne me promettoit rien d’intéreffant.
Sommet § . J 7 0 f . Je préférai de monter à ma gauche au Nord-Eft fur une
arrête**6 ^aiiteur qui s’élève au-deffus de ce glacier; j’efpérois que de là j ’obfer-
verois mieux & le glacier même & les montagnes qui le bordent
J’atteignis en trois quarts-d’heures cette fommité j qui fait partie de l’arrête
dont je viens de parler, & qui eft compofée de feuillets dont la
nature & la diredion font encore les mêmes.
Le baromètre, obfervé fur cette cime, lui donne une hauteur de 1236
toifés au-deffus de la mer. Mon guide ne favoit point d’autre \nom à
lui donner que lui de montagne au-deffus du lac d'Oberaar ; & en effet,
nous voyions ce lac au-deffous de nous, trop éloigné cependant pour
que ce fût une détermination bien précife, Je defirois de défigner & f
de faire connôître cette cinie, parce que fa fituatîon , qui préfente tout
à la fois les deux glaciers de l’Aar, & les montagnes qui les environnent,
eft très-intéreffante pour un obfervateùi.
Vue du On voit delà très-bien, le glacier d’Oberaar, qui effedivement ,
d’Oberaar. comme le dit G r u n e r , eft couvert de neiges dans prefque toute fon
étendue ; il ne montre des glaces vives que fur la pente qui le termine
à l’E ft, & il n’y a que très-peu de pierres répandues à fa furface. En
pointant un niveau contre ce glacier, je vis que j’étois à peu-près à
la hauteur du milieu de fa longueur apparente, qui s’élève en pente
douce àTOueft Nord-Oueft. Il paroît terminé en cul-de-fac dans cette
■ diredion ; mais on dit qu’il fe prolonge en fe retournant du côté du
Nord. On voit aufîi de là que ce glacier mérite bien le nom d’Oberaar,
* ou de fource fupérieur de l’A a r, puifqu’il domine confidérabie-
ment celui du Lauteraar, qui paroît enfoncé au-defTous de lu i, & que
je voyois aufli extrêmement abaiffé au-deffous de moi. En effet, le
niveau
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niveau rapportoit mon élévation prefqu’au fommet de la tète arrondie
du Zinckenftock, qui forme l’une des parois de ce glacier; je dis
cependant la tète arrondie, & non pas les cimes fourcilleufes qui s’élèvent
à une beaucoup plus grande hauteur.
§. 1706. C es hautes fommités du Zinckenftock paroiffent évídem- Struíturc
ment compofées de feuillets granitiques, parallèles à ceux de la vallée ces
du Lauteraar. De même la magnifique chaîne qui borde au Nord le
glacier du même nom, & qui du fond de la vallée qui renferme ce
glacier, ne me repréfentoit qu’une énorme muraille à furfaces liftes &
ondées, §. 1693. Cette chaîne, dis-je, vue de haut en bas, meparoif-
foit diftinétement compofée de tranches parallèles entr’elles, à peu près
verticales, & dirigées aufli dans le fens de la vallée. -Il eft donc vrai-
femblable que les tables horizontales que j’ai obfervées au pied du
Zinckenftock, §. 1702, de même que celles que l’on voit en montant
le Grimfel, §. 1684, font des couches qui ont confervé leur pofition Originaire
, ou qui, après avoirété redreffées ont été renverfées de nouveau.
§. 1707 . J’eus aufli beaucoup de fatisfaclion à voir que les vraies Granit!
cimes de ces hautes montagnes font terminées, comme à Chamouni,
par des crenaux à angles vifs , & par des formes hardies & pronon- aigus dans
cées. L’excellent naturalifte qui m’a fait l’honneur de traduire en Aile- s liaut'
mand les volumes précédents de ces voyages, tandis qu’il auroit pu
avancer bien plus les progrès des fciences en publiant fes propres
ouvrages, avoit élevé des doutes fur cette forme des montagnes gra- ,
nitiques. J’étois ébranlé moi-même, lorfque je voyois la forme émouf-
fée des petites montagnes du Grimfel, & les portions de cylindre &
de fphere que l’on rencontre dans les granits de ce paflàge, §. 1689.
M ais de mon obfervatoire fur l’Oberaar, d’où je voyois diftinéfement
les cimes de toutes ces montagnes, & particulièrement de celles du
§. 1689, je reconnus que ce n’étoient que les baffes montagnes , & les
bafes, ouïes parties inférieures des hautes, auxquelles l’aftton des
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