%■ i;og. E n partant de Turin pour aller à la recherche de ces pierres
on prend d’abord la route de Rivoli, que l’on fuit pendant près d’une
heure, puis on tourne à droite, & on va au village de Cazelette, qui
eft au pied de la montagne de Mufinet. L à , on met pied à terre &
on marche au Nord-Oueft vers le pied de la montagne, en fe dirigeant
vers des ravins, qui ont mis à découvert des terres, qui de loin
- parodient d’un blanc jaunâtre ; c’eft-là , que fe trouvent les hydrophanes
, dans des veines, ou des efpeces de filons-.blancs , qui parcourent
fous toutes fortes de directions, une terre verdâtre, où elles
forment en quelques endroits comme une efpece de broderie. Cette
terre eft une terre de la claffe des magnéfiennes, tendre & friable ; elle
paraît verdâtre dans fon heu natal ; mais celle que j’avois ramaiïee, a
pris en fe féchant, une couleur de rouille. La montagne elle-même ,
contre laquelle repofe cette terre, eft .en entier compofée d’une fer-
pentine verdâtre, auffi dure , & même plus dure qûe la ferpentine de
Saxe.
L es veines qui renferment les hydrophanes font plus ou moins
larges , depuis quelques lignes jufqu’à un pied ; ces veines font tantôt
parallèles, tantôt obliques à des arrêtes de ferpentines dures, qui coupent
en divers endroits la maife des ferpentines terreufes dont je viens
de parler.
Les pierres entre lefquelles on trouve les hydrophanes, & dont
l’affemblage forme ces veines blanches., ont prefque toutes la forme
arrondie & mammelonée d’une truffe; mais un peu applatie. Leur
confiftance varie ; ici, tendres & même friables ; là, dures jufqu’à
étinceller contre l’acier; leur couleur n’eft pas non plus la même;
on en voit qui ont la blancheur & l’opacité de la craie ; d’autres, demi
tranfparentes, comme la plus belle agathe : on en voit qui tirent fur
le jaune ; d’autres fur le bleu ; d’autres enfin qui font parfemées de
veines & de taches noires comme des agathes herborifées ; enfin leur
caffure & leur éclat varient depuis le mat & terreux jufqu’au brillant
& parfaitement conchoïdé.
§. IJ09. Mais toutes ces pierres ne font pas hydrophanes; c’eft-à-
dire, que toutes n’ont pas. la propriété d’être opaques quand elles
font feches, & tranfparentes quand elles font humides; il n’y en a
qu’un très-petit nombre, à peine une fur cent qui ait cette propriété;
& il feroit bien long & bien ennuyeux de les foumettre toutes à une
expérience décilive. Il faut donc avoir quelques principes pour fe diriger
dans le choix de cellës qui peuvent donner quelques efpérances de
fuccès. M. B e a u v o is in nous confeilloit de ramaffer de préférence
celles qui préfentent dans le même morceau des nuances graduées
entre la demi - tranfparence & l’opacité parfaite ; car celles qui vues
en maffe , font ou tout-à-fait tranfparentes, ou tout-à-fait opaques,
ne font fûrement point hydrophanes. J’ai même obfervé qu’il y avoit
un choix,à faire entre celles qui préfentent ces nuances intermédiaires
; cette pierre a la caffure liffe du quartz, & on juge de fa dureté
par la vivacité du poli naturel de cette caffure. Si dans la pierre feche
ce poli eft très-vif & très-brillant, quelque foit fon degré de tranfpa-
rence, la pierre n’eft fûrement point hydrophane ; fon tiffu eft trop
ferré pour admettre de'feau dans fes pores. Si au contraire la pierre
parait tout-à-fait matte & terne dans fa caffure ,'c’eft une preuve qu’elle
ne contient pas affez de parties dures & diaphanes, pour que-l’humidité
qu’elle abforbe puisse la rendre tranfparente ; mais celles qui ne
préfentent ni le poli éclatant du quartz, ni le mat terne de l’argille,
& qui étant feches ont un commencement de tranfparence, méritent
d’être effayées.
On fait cet effai fur des éclats très - minces que l’on détache de la
pierre avec le tranchant d’un petit marteau , & le degré de tranfparence
qu’ils acquièrent, quand on les plonge dans l’eau, comparé à
celui qu’ils ont lorfqu’ils font bien deffechés, fait juger s’ils méritent
d’être coupés & polis. MM. de S o u z a & B e a u v o is in avoient eu la bonté
de me donner tout le produit de notre récolte ; & cependant lorfque
j’en ai fait l’épreuve à Geneve, il ne s’en eft trouvé que deux ou trois
qui aient été de vraies hydrophanes.
Maniéré
de les con-
noitre &
de les ef-
fa yer.