C ’EST à Gonfaron que ce fait s’obferve le plus commodément-
mais ce n’eft pas là feulement, car depuis Gonfaron jufques au Luc '
& même depuis le Luc jufques auprès de Vidauban, on peut fuivrè
ces grès couronnés de pierres calcaires. Cette obfervation eft importante.
En effet, comme la pierre calcaire a été formée fous les eaux
de la mer, fa pofition fur ces grès prouve que ceux - ci exiftoient
avant elles, & que par cojiféquent les courants qui les ont chariés
& accumulés étoient des courants de la mer.
L a régularité des bancs de ces grès étoit déjà un indice de cette
origine : car les eaux qui coulent à la furface de la terre, n’accumu-
mulent point leurs dépôts avec cette régularité.
§. 1468. Du Luc à Hyeres par Pignans, Cuers, Souliers, on ne
Jrere’ - voit rien qui intéreife la minéralogie; feulement en arrivant à Hyeres,
on voit au couchant de cette ville le grand chemin coupé dans
des fchiftes argilleux, jaunâtres, tendres, mêlés d’un peu de mica &
dont les feuillets plans montent doucement du côté de l’Eft.
J ’a r r iv a i a Hyeres en 1787 > par une belle foirée du mois d’avril,
& je fiis enchante de la fituation de cette ville, on plutôt du faux bourg
où eft la charmante auberge du St. Efprit. Nous avions là fous nos
fenêtres des jardins d’orangers chargés de fleurs & de fruits, & animés
par nombre de roffignols. Une pente donce conduit l ’oeil jufques
a la mer, & cette pente eft couverte, d’abord de jardins, puis d'olivier?
, & enfuite de peupliers & d’autres arbres,
L es isles d’Hyeres meublent & varient l’afpeâ de la mer, & des
collines bqifees a droite & à gauche encadrent ce charmant tableau-
L ’a ir eft en hiver un peu moins doux à Hyeres qu’à Nice. Les
orangers en préfententla preuve, les hivers rigoureux leur font beau-
C9 UP plus de mal à Hyeres. Les étrangers trouvent auffi à Nice, plus
de reiïource pour la fociété, mais en revanche les environs d’Hyeres
font charmants, & les promenades en font extrêmement champêtres
variées,
C H A P I T R E X X I I .
C O U P -D ’OE IL S U R L A P R E S Q U I S L E D E G I E N S
E T SU R V I S LE D E POR QU E R O L L E S .
§. 1469. 1 3 a n s la matinée du 22 avril 1787, je fis au bord de laperquier,
mer, auprès de l ’étang du Pefquier, différentes expériences fur lès pro-caiïïou«
priétés de l’air comparativement à celles que je me propofois de
tenter fur la cime du Mont - Blanc. Jé trouvai là un terrein bas &
horizontal, très - favorable à . ces expériences. J’en rendrai compte
ailleurs.
E n s u it e je traverfai en | d’heure fifthme qui fépar'e cet étang de
la mer. Les cailloux roulés que je trouvai fur cet ifthme étoient de
quartz fragile, de quartz, gras, de grès &. d’une roche plus facile à
décrire qu’à nommer.
Sa furface extérieure eft prefque noire, d’an grain affez fin, médiocrement
lilfe & brillant. Sa caffüre eft d’un noir plus foncé que les
dehors, & préfente un grain affez greffier, brillant & écailleux. La
loupe y fait appercevoir quelques indices de cryftaux lamelleux.
Cette pierre eft dure, donne du feu à l’acier, & fe laiffe pourtant
rayer en gris. Elle agit fur l’aiguille aimantée,, de même que le verre
qu’elle donne au chalumeau. Ce verre eft noir, brillant & compacte.
On y diftingue des parties ‘ verdâtres demi tranfparentes, qui me
feroient foupçonner que les parties fpathiques que 1011 démêlé dans
Cette pierre, de même que fa rayure grife, viennent d’un mélange