Calcaires
argilleufes
fuperpo-
fées à la
calcaire
pure.
Xorbie.
Hauteur
& vue de
ce pacage.
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globe étoient parvenus jufques-là, & qu’ils euffent laifle des graviers
ou des cailloux roulés, on en trouveroit, fur-tout lorfqu’on les cherche
avec foin. Au refte , ce lieu n’eft pas le feul de cette côte où j’aie
fait cette recherche, & le réfultat en a été conftamment le même ; &
on a vu, que même au bord de la mer , nous ne trouvions d’autrçs
cailloux que ceux des montagnes voifines.
Au refte, la pierre de cette montagne, qui eft toujours d’une efpece
de marbre groflîer & compacte, eft prefque criblée de trous , du genre
de ceux que j’ai attribués à des pyrites décompofées, & la furface eft
auffi couverte de cette ochre rouge' que j’attribue à la décompofition
de ces pyrites.
■ ÜEMi-heure avant d’arriver au village de Torbie, on rencontre des
couches minces argilleufes, qui paroiffent fuperpofées à la calcaire pure
qui forme le corps de la montagne, On voit delà la ville de Monaco,
bâtie fur un promontoire, élevé en forme de table & efcarpé de tous
côtés. Une jolie vallée bien cultivée, conduit les yeux depuis les cimes
arides que nous graviffions jufqu’à ce joli point de vue.
§. 1588. E n 2 heures J de marche depuis Menton, on vient fous
l’enceinte du petit village de Turbie ou Torbie, bâti fur le haut de
la montagne qui lui a donné fon nom. Cette fommité, & prefque toutes
celles que l’on voit jufqu’à Nice, font compofées de la pierre calcaire
compacte que j ’ai décrite.
C e p e n d a n t , à quelques minutes au-delà de Torbie, on rencontre
encore des couches minces, d’une pierre calcaire argilleufe, femblable
à celle des environs de Gênes, faifant effervefcence avec les acides,
mais fans y perdre fa forme, elle y devient cependant friable & tachante.
A un quart de lieue de Torbie, nos muletiers nous aflùrerent que
nous étions au plus haut de la montagne, M. P i c t e t obferva le-baromètre,
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niétre, & a notre grande furprife, nous ne le trouvâmes que d’enviroa
ig lignes | plus bas qu’au bord de la mer, ce qui ne donne qu’une
élévation de 249 toifes.
Mais le point vraiment le plus élevé de ce palfage, c’eft la montagne
d’Eze, que l’on paife après une heure £ de marche depuis le
village de Torbie. L à , le baromètre, d’environ 20 lignes plus bas qu’au
bord de la mer, indique une hauteur de 286 toiles.
L a vue de la Torbie eft très-étendue du côté du Sud-Oueft. Le cap
du St. Hofpice, paraît former une longue pointe recourbée. Plus loin,
à l’extrémité d’un autre promontoire, on voit le Fanal de Ville-Franche
: on ne découvre pas la ville de Nice, qui eft cachée par les
montagnes, mais on voit le Var fe jeter dans la mer : on voit encore
au-delà les isles de Ste- Marguerite, & les montagnes du Cap-Roux ,
qui terminent cette perpeétive.
§. 1389. A demi-lieue dé Torbie, nous remarquâmes au-dellus Conca*
de nous, à droite , ou au Nord, des fommités calcaires efearpées
contre le Midi, fur la face defqueües on voit des concavités , qu’au la chûte
premier coup-d’oeil on pourroit confondre avec Celles qui m’ont paru c^gSgou<
formées par la mer , mais elles en différent elTentiellement : ce font
des vuides formés par la chute des couches, qui fe font écroulées parce
qu’elles manquoient d’appui^ ces vuides, dans leur partie fupérieure,
font recouverts par des plans nets & bien terminés. Ces plans font d’autres
couches qui étant plus folides ne font pas encore tombées : tous
les bords de ces vuides font à angles vifs ; on n’y voit nulle part ces
excavations arrondies & à bords émouifés qui caraftérifent celles du
voilinage de Menton ; leur origine parait donc entièrement différente.
§• 1390. A une petite demi-lieue de ces cavités, on laiffeà fa gau- Ezs
che le village d’Eze, Eza, bâti fur la cime d’un pain de fucre calcaire
dont les couches prefque horizontales & coupées prefqu’à pic de tous
B b