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fous terre des eaux de neiges ou de glaces fondues, qui en s’infiltrant dans les
crevaffes des rochers, viendroient par des conduits fouterrains fe verler
droient des , , r , , \
glaciers.’ “ ans *e " 3®“ d e n o s *ac s*
C e t t e explication ne peut pas, comme la précédente, fe réfuter par
des obfervations directes , peut-être même le manque d’explications plus
plaufibles, forcera-t-il.à l’admettre; je vois cependant contr’elle des
difficultés bien fpécieufes.
L a première , ç’eft la diftance à laquelle quelques-uns de ces lacs fe
trouvent être des Alpes toujours couvertes de neiges. Le lac de Neu-
chatel, par exemple, elt éloigné d’environ 12 lieues en ligne droite
des Alpes neigées les plus voifines de lu i, favoir de celles qui réparent
le Simmenthal du Rhône,
O r, il eft difficile de concevoir comment ces eaux fouterraines, dont
le froid au moment de leur départ, ne peut pas furpaffer celui de
la congélation, pouvoient parvenir à 12 lieues de diftance avec un froid
fuffifant pour rafraîchir à 4 degrés tout le fond d’un baffin tel que celai
du lac de Neuchatel.
J o ig n e z à cela que le volume de ces eaux fouterraines ne peut pas
être bien confidérable, puifque la Thielle, qui eft la feule décharge des
eaux de 9e lac, n’eft qu’une tres-petite riviere,
M ais ce lac fournit encore une confidération plus preffimte. Celui
de Brientz qui eft tout-à-fait au pied des montagnes couvertes de neiges
éternelles, ou qui du moins n’en eft éloigné que de deux lieues, eft à la
température de j , 8 ; il n’eft donc que d’une cinquième de degré plus
froid que celui de Neuchatel; & cependant celui-ci eft féparé des
montagnes de neige par une diftance fix fois plus grande.
Re u t -on fuppofer que fi ie froid des eaux qui viennent des Alpes
éfoit l’unique caufe du froid du fond de ces : lacs, un trajet fix ibis plus
grand, un trajet de dix lieues plus lon g, ne les refroidit pas plus que
d’une cinquième de degré.
E nfin , fi l’on confidere que ce réfultat a été à très-peu près le
même dans les dix lacs, dont on a éprouvé la température, on ne
pourra guere douter que fi le froid du fond de ces lacs venoit de Pin-
filtration des eaux des Alpes, ce même froid ne doive également régner
par deiTous terre dans tout l’efpace qui le trouve à la même diftance
de ces montagnes, & par conféquent à 10 ou 12 lieues en ligne droite
de la chaîne neigée. , , ; r r •
M ais fi dans la chaîne des Alpes on confidere la largeur de la partie de
la chaîne qui eft couverte en été de;neiges ou de- glaces , on verra
qu’en fouftrayant les vallées quife débarraU'ent en été de leurs neiges ,
on ne pourra guere attribuer à. cette bande neigée ou glacée, une
largeur moyenne de plus de trois lieues; en ligne droite.
Or , une grande partie de l’eau quiréfùlte de la fonte de ces neiges
& de ces glaces, s’écoule fur la furface des montagnes, & forme les
rivieres & les torrens.des, Alpes il ne relie donc que la partie de cette
eau qui s’infiltre dans les fentes dêS rochers, & il faudroit que cette
partie pût refroidir, & la niafle des montagnes qu’elle couvre, & en
outre 12 lieues à gauche & 12 lieues -à droite, en tout 27 lieues , &
cela à une profondeur de iapo-tpifes dans. les montagnes, & de 100
& même de 1 jo toifes dans les plaines ; c’eft çe que je ne faurois concevoir.
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Ce n’eft pas que je nie qu’il ne puiffe y avoir des eaux qui viennent
des Alpes dansle fond .de nosla.es ; qo;•affûte- qu’il y a dans les environs
de Geneve des fources qui augmentent en été, r dans letems des
fontes de neiges, & qui diminuent-,.- ou-même tariffentprefqu’entiére-
ment en hiver ; mais aucune de , ces fources n’eft fenfiblement plus