T o u t près de cette baftide, à droite du chemin qui conduit à
Hyeres, je vis exploiter une carriere d’un marbre groffier noirâtre
du même genre que celui que j’avois obfervé. de l’autre côté de h
montagne, §. 1477,
Chapelle §. 1482. B ie n t ô t après je remarquai, du côté du Nord, une petite
de St.Jean. élllinence couverte d’une roche qui me parut primitive. Le payfan
qui nous accompagnoit, nous dit qu’une petite chapelle, bâtie fur
Cette éminence portoit le nom di St. Jean,. J’allai donc à cette cha-
pelle au travers d’un petit vallon couvert d’oliviers. Après avoir tra.
verfé Ce vallon, je commençai à monter, & comme je cherchois tou.
jours à voir le roc caché par la terre végétale , je découvris dans un
folié des c.ouehes d’un fçhifte, alfez remarquable,
Schiites La furface 'extérieure de ce fchifte, coniid'érée fur le plan des feuil.
d’argille „ lets, eft d’un jaune qui tire fur le brun ; elle eft fillonnée de ftries Ion-
miciT * gitu díñales qui lui donnent l’apparence d’une planche de bois de chêne
parfemée.de quelques noeuds,, les uns plus bruns que le refte de la
furface, les autres blancs. En l’obfervant de près, on y diiïingueun
grand nombre de petites lames brillantes de mica blanc, le refte n’a
aucun éclat, mais n’a cependant pas Fafpeit terreux, Confidérée fur
les tranches des feuillets., la furface extérieure préfente des rayes de
différentes couleurs, blanches, grifes, ronfles, épaiffès d’une ligne;
leçr grain eft alfèz fin & comme fableux. Mais la caffure fraîche ne
préfènte point de rayes , elle eft grife & uniforme :■ en l’obfervant à
la loupe on y diftingue de très-petits grains,, les uns gris j les autres
blancs, fans éclat, & d’autres brillants & micacés. Cette pierre eft
tendre & iè raye en gris,elle ne donne point d’étincelles contre l’aeier,
à moins qu’bd ne frappe les petits noeuds blancs ( quartzeux qu’elle
renferme, car les noeuds bruns font tendres, & fe rayent en brun
ïougcâcre. La pierre exhale une forte odeur d’argille.
■Av chalumeau 5 les grains gris , de même que les noeuds bruns,, fe
changent en une fcorie noire fortement attirable à l’aimant ; les grains
blancs ne fe fondent point. La pierre crue n’agit point fur l’aiguille
aimantée.
Ce fchifte eft donc compofé d’argille ferrugineufe, de^ mica & de
quartz. Il paroît que les feuillets font inégalement chargés de grains
de quartz, & que la pluie entraînant une partie de la terre argillenfe
difperfée entre ces grains, fait paroître ces feuillets plus ou moins
blancs, fuivant qu’ils font plus ou moins quartzeux. C’eft la 1 origine
des rayes que l’on voit fur les tranches qui ont été expofées aux
injures de l’air.
Il eft vraifemblable que ce fchifte forme un des paflages que je
cherchois entre la pierre calcaire de la montagne des Oifeaux & la
roche quartzeufe du haut de la colline de St. Jean, je ne trouvai aucun'
autre intermédiaire ; il eft vrai qu’on ne revoit le roc nud qu’au haut
de la colline : on monte par des terres incultes couvertes de fchiftes
& parfetnées de cailloux quartzeux & autres, tous de nature -primi-'
tive. Ces cailloux font tous anguleux, fuivant l’obfervation générale’
que j’ai confignée dans le §. 1469*
§. 148;• JE mis environ deux heures à venir de la carrière, §, 1481.•
à la chapelle de St. Jean. On trouve là de grands blocs, les uns-
adhérents au fol, & les autres libres; leur nature eft affez finguliere.
L eur furface extérieure eft en général d’un noir qui tire fur le bleu,
mais on y voit aufli des veines & des taches blanches ou rouffes. Ses
fragments naturels femblent affecter une forme rhomboïdale. Dans fa
caffure, elle eft d’un gris bleuâtre foncé & prefque mat, à petites écailles,
fon grain eft médiocrement fin & parfemé de points brillants,
que l’on feroit tenté de prendre pour du mica, mais qui font réellement
des grains de quartz blanc qui fe détachent du fond noir, & en
N n 2
Quart*
fchifteux
noir.