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infirmée dans tous les interfaces des pierres arrondies dont la breche
étoit compofée, & prouvoit ainfi la mollede., & même la fluidité primitive
de cette pierre calcaire.
Point de Je revins d’Alaffio en fuivant conftamment le bord de la mer, & en
fur cette cherchant avec foin fur le fable & dans les algues rejetées par la
rire. mer, fi je n’y verrais point de coquillages, mais je ne pus pas en trouver
même les plus petits .fragmens ; oblervation que j’ai fuivie depuis
Porto-Fino ; ,c’eft-à-dire fur une. côte de plus de 80 milles d’étendue.
Si donc on rencontre des montagnes qui ne renferment pas des coquillages,
on ne peut pas de cela feul , conclure qu’elles n’ont pas été
formées par la mer,
; §. 1372. L’APRÈs-midi du même jour, comme notre felouque ne reve-
noit point, j’allaii me promener fur; les: derrières delà ville d’Alaffio, du
côté du Nord-Oueft ; je fuivis un chemin qui montoit en petite douce
dans cette direétion , & bientôt je rencontrai des banes de la pierre
calcaire bleuâtre , d’un grain fin , terne & pjrefque terreux, à rayure
grife, qui eft fi çomjnun fuj çette côte,
P eu de tems après je rencontrai des fchiftes argilleux, tendres ,
feuilletés, à feuillets extrêmement tortillés , entrecoupés de veines de
quartz ; les uns étoient d’un gris fauve, parfaitement femblables à' ceux
que j’ai trouvés fur le Mont St. Bernard, & décrit au §. 1000.; d’autres,
d’un gris bleu, noirâtre, moins doux au toucher, mais d’ailleurs
de la même nature, & ne fâifant comme . eux aucune effervefcence
avec les acides. Plus loin encore, je trouvai des bancs minces de pierre
calcaire renfermés entre des couches minces des mêmes fchiftes argilleux.
Ces bançs font verticaux & dirigés de l’Eft à l’Oueft.
dWer'rf'^ rev*ns enfuite fur mes pas, lorfque je vis que j’avois dépaffé la
ment incli- colline la plus yoiiïnede la mer, fur laquelle j’avois deffein de monter,
nees& di. ^ je gravis par un chemin très-rapide jufqu’à une hauteur .que j’eftime
d’environ
. Exçur-
ilon au
Norçi-,
Oueft
d’Alaifio.
A N I C E , Chap. XVI I . 177
d'environ îOo toifes. Je vis en montant plufieurs alternatives de la pierre
calcaire bleue & des fchiftes argilleux | près du fommet, je rencontrai
des bancs du grès dur de Ste. Croce, fort incliues a l’horizon, & courant
exactement comme eux du Nord au Sud de l’aiguille aimantée,
en montant du côté de l’Eft. Au-delà de ces bancs j’en trouvai de
p ie r r e calcaire perpendiculaire à l’horizon, & courant de 1 Eft Nord-
Eft à l’Oueft Sud-Oueft.
Comme j'étoïs monté par le derrière de la colline, je la traverfai
vers le haut, & je defeendis par fa face oppofée ; là , je rencontrai de
nouveau les bancs de grès durs, mais verticaux, courant de l’Eft
Sud-Eft à l’Oueft Nord-Ouèft ; & par conféquent dans une direétion
très-différente de ceux de l’autre côté; & à angles droits des calcaires
qui les environnent.
En continuant de defeendre, j’obfervai des alternatives de pierres
calcaires & de fchiftes argilleux , tout comme fur la face oppofée de
la montagne.
§. ii7i- On voit ici, comme dans la plupart desobfervations pré- Confidé-
cédentes, que les couches n’ont point, dans ces baffes montagnes, une
marche uniforme dans d’auffi grands efpaces que fur les Alpes, & même ce de ces
fur le Jura ; les changemens de direétion & •d’inclinaifon, font en
général plus fréquens & plus brufques dans ces montagnes peu élevées.
Les caufes qui ont modifié la fituation, originairement horizontale
des couches, onteubefoin d’une énergie beaucoup plus grande
pour agir fur de plus grandes maffes, & ainli leur effet a du être uniforme
dans de plus grands efpaces.
§. 1374. L e lendemain 14 , notre felouque arriva enfin, & nous nous Courans
difpofions à nous embarquer, pour aller éprouver la température de ^o[-ent P
la mer , lorfque les pêcheurs les plus expérimentes nous en diffua- notre exnérience.
derent. "
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