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pourra l’oppofer aux naturaliftes qui, à caufe de quelques irrégularités
que l’on oblèrve dans les couches des granits & des roches quartzeu-
fes, veulent nier la Gratification des montagnes compofées de pierres
de cette clalfe.
Plaine g 12,14. Au fortir de ces rochers, on fe trouve dahs une petite plaine
Michel, riante, couverte de prairies & de beaux vergers, au milieu defquels
eft le village de St. Michel. On ne peut pas douter que cette plaine,
dont le fond eft parfaitement horizontal, n’ait été autrefois un lac. Ce
lac a même dû être très-profond ; li le rocher par lequel l’Arc en fort,
n’a pas toujours été coupé comme il l’eft aujourd’hui. En prenant la
moyenne entre une obfervation de M. P i c t e t & trois des miennes,
011 trouve St. Michel élevé de 363 toifes au-deflfus de la mer. M. de
Luc lui donne précifément la même élévation.
Rocher § . 1 2 1 5 . On voit au Nord-Eft, au-delfus de St. Michel, des rocs blancs
au-deflus 0 , , 1 , , . , ,
de St. appuyés contre d autres rochers noirâtres ; comme je ne pouvois pas
Michel, de loin recoimoitre leur nature, mon fils alla les obferver, & il trouva,
que les premiers étoient de grès durs, mêlés de mica, non effcrvefcens,
bleuâtres au-dedans, mais qui blauchilfent à l’air ; les autres étoient des
ardoifes noires, luifantes, d’une très-bonne qualité.
Chemin § . 1 2 16. Lorfque je fis ce voyage avec M. P i c t e t , au mois d’oélobre
Détour'par l 7%°> la riviere d’Arc s’étoit fi prodigieufement débordéé, au mois
la Buffe. d’août de la même année, qu’elle avoit emporté les ponts & même
une partie des chemins : la grande route étoit ainfi devenue impraticable
, enforte qu’on étoit obligé de paffer par le haut d’une montagne
fur la riye droite de l’Arc. Et comme on ne peut palier cette montagne
qu’à pied ou à cheval, il falloit faire démonter fes voitures &
les faire porter à dos de mulet, jufqu’au pont de la Denife, qui eft à
moitié chemin de la pofte de St. Michel à St. André. Cette route fe
nomme la Buffe, du nom du village qu’elle traverfe. J’obfervai fur cette
route quelques rochers remarquables, qui me conf'olerent un peu delà
perte de tems & de l’ennui que nous caufa ce détour.
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§.1217. Au- deffus du village de la Buffe, je trouvai des fchiftes argil- Schiftet
leux, les uns- gris tirant fur le brun, les autres d’un gris bleu prefque argilleux
noir- ceux-là très-tendres, ceux-ci un peu moins. Les uns & les autres zo'
i o n t leurfurface extérieure un peu brillante &ftiiée, ou plutôt froncée
¡longitudinalement. Leur calibre eft fchifteufe droite, finement ftriée fur
Boutes fes faces. La loupe y fait appercevoir un grand nombre de points
| de mica blanc. Ils hapent un peu à la langue, exhalent après le fouffile,
■l’odeur de l’argille, paroiffent plus pefans que l’ardoife, ne font aucune
effervefcence avec les acides, fe gonflent à la flamme du chalumeau, &
fe fondent enfuite en une fcorie grile, remplie de petites bulles.
Ces fchiftes fe divifent fpontanément en fragmens rhomboïdaux ou
trapézoïdes. Leuçs couches très-inclinées montent du côté de l’Oueft,
comme celles du défilé de St. Michel, §. 1121. Leur direftion eft cependant
un peu différente ; car celles de St. Michel courent du Nord-Eft
au Sud-Oueft, au lieu que celles-ci marchent du Sud-Eft au Word-
Oueft ; ce qui fait une différence de 4; degrés dans la direftion des plans.
Ces fchiftes font fuivis d’une roche feuilletée d’un gris bleuâtre, Gneifs..
mélangée de mica, de quartz & de feld-îpath. Les couches de cette
roche ont exaftement la même fituation que celles des fchiftes.
Au-delà de ces grès, je trouvai des bancs affez épais, & tourmentés (¿parti,
d’un quartz gras jaunâtre, mélangé de quelques feuillets d’ardoifc.
§. 1218. On voit enfuite reparoître les fchiftes argilleux trapézoïdes : Confidéleurs
couches font très-inclinées, mais en fens contraire des précédentes, les'fjfl-ures1
: c’eft-à-dire, qu’elles montent à l’Ëft. des
rochers.
Il y a ceci de bien remarquable dans ces fchiftes ; c’eft qu’en partant
du principe que les fentes des rochers ont été autrefois perpendiculaires
à l’horizon, on peut démontrer que les couches dont ces fchiftes font
j compofées, ont été renverfées, c’eft-k-dire, que lors de leur formation,
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