Monte-
enes ftéril
»
Morad,
premiers
chalet:.
4?8 P A S S A G E
nus ; Carduus defloratus ; A fier Alpinus ; Pfiyteuma fpicata , elles Foift
là d’une grandeur & d’une beauté, telle que je ne les ai jamais vus«
ailleurs. La belle rofe fans épines, Rofa alpiua, y couvre de grands
efpaces; en boutons vers le haut de la pente, en pleine fleur au
milieu, & défleurie vers le bas; au milieu de ces plantes communes,
le bel & rare Pôlygonum divaricatum, s’élève & fe diftingue par fes
grandes paniculés à fleurs blanches; & vers le bas on trouve la Ser-
ratula Alpina, qui n’eft point commune dans nos montagnes. Mais il
eft difficile d’exprimer l’étonnement que l’on éprouve, quand en
lortant de ce magnifique jardin, on rencontre un immenfe plateau
de neige, auffi vive & auffi pure, que fi elle étoit tombée la veille-
Ce plateau couvre la Toccia, qui a été obligée de fe frayer un chemin
par deffous. On comprend que ces neiges font des avalanches,
qui durcies par leur chiite & par leur entaifement, ont befoin pour
fe fondre, de toute la chaleur & de toute la durée de l’été.
§. 1740. A gauche, au Nord-Eft, les montagnes font d’un fchifte
argilleux en décompofition. A droite, c’eft une roche que je n’ai pas
vue de près, mais dont la furface eft couverte d’une rouille contraire
à la végétation; car quoique fa pente foit peu rapide, elle
paroit nue & pelée, -comme fi le feu y avoit paffé. On fait que
quelques minéralogiftes regardent cette ftérilité comme un indice de
terres ou de vapeurs minérales.
§. 1741. A 23 minutes de ces neiges, on paife la riviere & on
fe trouve fur fa rive droite. On voit là les premières habitations, que
l’on rencontre fur ce paifage, mais ce font des granges que l’on ne
peut habiter qu’en été. Leur nom eft Morajl. C’eft auffi là que l’on
commence à voir des mélezes , mais qui petits, quoique vieux, fem-
blent dire, que l’air eft encore là trop froid & trop rare pour eux.
On paffe deux autres hameaux femblables, puis ori a une forte def-
eente, à la fuite de laquelle on entre dans une plaine de beaux
pâturages, où eft un quatrième hameau qui n’eft, encore habitable qu’en
été. Là, s’ouvre au Nord-Eft un fécond paifage, qui conduit en y
heures par le Val-Toggia à Ayrol, au pied du St. Gothard.
§. 1742. A l’extrémité de cette plaine, on trouve un oratoire, K
nommé Auf en Fruth. Cet oratoire eft bâti fur le bord d’un rocher , Toccia.
d’où la Toccia fe précipite d’une hauteur de 5 à 600 pieds, en formant
les plus beaux accidents que l’on puiffe voir en ce genre. Elle
commence par tomber perpendiculairement dans une efpece de grande
coupure tranfverfale du rocher, femblable à une immenfe coquille,
d’où les eaux réjailliffent à une grande hauteur, en formant' de*
gerbes d’une grandeur & d’une beauté admirables. Toutes ces eaux
retombent eniùite fur un rocher convexe qu’elles enveloppent, en formant
une colonne d’eau demi-cylindrique, qui vient fe brifer contre
des rochers inclinés & colorés comme ceux du Grimfel, & elles
finilfent par gliffer fur ces rochers, en formant une infinité de nappes
variées & inclinées en différents fens. Cette cafcade fe nomme
en Allemand Under-Fruth, & en Italien Frua : car il faut obfervér
que les habitants des villages les plus élevés du côté de l’Italie, quoique
fujets du Roi de Sardaigne, parlent Allemand, & le même dia-
lede que les habitants du haut Yallais. On defeend à gauche de la
cafcade, par un chemin rapide & taillé en zigzag, dans le même
rocher lur lequel la Toccia forme cette helle chute. On vous fait
mettre pied à terre pour defeendre ce chemin pavé & gliflant, mais
on ne s’apperçoit point de la fatigue, en jouiffant, fous millealpecls-
différents, des beaux accidents que préfente cette chute.
§. 174?. Tous ces rochers font de beaux granits veines, que Premier»
v A • r f granits veil’on
commence à voir, précifément à cette chute. Ces granits loin n¿s du côté
diipofés en couches verticales, qui courent du Nord-Eft au Sud- de l’itàUè.
Oueft, & coupent ainfi à angles droits la vallée., dont la diredion
générale, depuis. Zumloch jufques-là, a été du Nord-Oüeft au Sudlift
Mais d’ici jufques à la chute lùivante, §. 1746) la vallée fe dirige
R r r a