Dalles
(linccs i
gneifc.
P '| ' D E F O R M A Z Z A
qui fe nomme Monte di Frontano. Voilà donc les couches de ces
montagnes redevenues bien certainement verticales, après avoir été
horizontales, d’une maniéré fi déterminée & fi foutenue.
A une lieue de Duomo, l’on paiTe à gué une riviere qui vient fg
jeter dans la Toccia, & qui eft fi profonde qu’à moins de fe tenir
debout fur la felle, on ne peut éviter de fe mouiller les jambes. A
demi-lieue delà, on paffe fur un bac à la rive gauche de la Toccia.
Je mefurai avec la bouffole, la direftion des couches, & je vis que
des deux côtés de la vallée elles courent du Sud-Oueft au Nord-Eft .
ce qui eft encore la direction générale de celle dp Griès ; mais leur
fituation n’eft pas parfaitement verticale ; elles s’appuyejnt un peu
contre le Sud-Eft.
§. 1769. A demi-lieue du bac, la riviere, ferrant de près la mon-
“ tagne, oblige le chemin à paifer fur un roc efcarpé , d’un gneifs à
mica noir, dont les feuillets de ce gneifs font très-droits & très-foli-
des; on en tire des dalles qui fe foutiennent très-bien, quoique grandes
& minces, ayant quelquefois moins d’un pouce d’épaiffeur. On
les embarque fur la Toccia pour Milan & même plus loin ; elles fervent
à une infinité d’ufages. Cette pierre, dans le pays, fe nomme
farizzo. Bientôt après on arrive à Ugogna, petite ville bâtie au pied
de ce rocher. Les toits de cette ville, de Duomo, de Mergozzo &
même ceux qu’on rencontre jufques à Corne, font coüverts des dalles
minces de farizzo. On voit fur cette route des piliers de cette pierre
qui foutiennent les treilles au-defliis du chemin, & qui par leur folidité
font encore plus remarquables que ceux que j’avois vus auparavant.
J’en mefurai un qui n’avoit pas trois pouces d’épaiffeur fur une largeur
de 5 à 6 , & qui fe foutenoit parfaitement fur une hauteur de 14 à i f
pieds. Aux environs de Mergozzo, l’on emploie des piliers de*granit
en malfe, mais qui ne font point fi droits, & ne peuvent pas être
tenus aufli minces que ceux de gneifs ou de granit veiné.
/
A U X 1S L E S BO RROMÊ ES, Chap. IX.. y r f
§•. 1770. E n t r e Ugogna & Mergozzo, l’on rencontre des torrents Feuille»
qui defcendent des montagnes de la gauche ,& qui roulent une grande
variété de fchiftes , de hornblendes & de granitelles, noirs, bruns, & montagne,
mélangés de différentes couleurs. Les hautes cimes d’où viennent ces
fragments, ont leurs couches généralement dirigées à l’Eft-Sud-Eft, à
l’Oueft-Nord-Oueft, de même que la fin de cette vallée. On y remarque
auffi la même ftrufture que j’ai fréquemment obfervée dans les montagnes
de ce genre ; des fuites de feuillets aigus parallèles entr’eux, appuyés
les uns fur les'autres, & qui tous enfemble font en appui contre la *
cime principale. Les montagnes, à droite de la vallée,préfentent aufli
les mêmes formes.
g. 17 7 1 . D e m i- lie u e avant d’arriver à Mergozzo, l’on paffe auprès Marbre,
des carrières de beau marbre falin à gros grains blancs, avec quelques pnmui&1
veines d’un gris noirâtre, dont eft con.ftruite la cathédrale ou le dome
de Milan. J’en vis au bord de la Toccia de grands blocs qui devoient
être embarqués pour être tranfportés & travaillés à Milan. Ce rocher
calcaire eft fûrement primitif, fon grain l’indique, & fa fituation entre
des rochers, tous certainement primitifs, paroît aufli le confirmer.
J’aurois defiré l’obferver, mais je n’en avois pas le tems. Il fe diffout
avec une vive effervefcence dans l’acide nitreux, & laiffe en arriéré du
fable blanc quartzeux à gros grains, prefque tous arrondis, mêlés de'
pyrites d’un jaune de laiton, & de quelques parties de hornblende
verdâtre.
§. 1772. O n met à-peu-près cinq heures de Duomo à Mergozzo.
Ici, on s’embarque fur le lac de ce nom, pour aller voir les Isles
Borromées : la navigation eft de deux petites lieues.
Q u a n d on eft à-peu-près a u milieu du lac, & on y eft bien vite»
c a r il 11’a que minutés de longueur, on a, en fe retournant, une
vue charmante de la petite ville de Mergozzo, & de la belle vallée
qu’elle termine,
T t t i