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rMonu- §, 1681. Les deux chaînes qui, fur les deux côtés de l’Aâr, borqu:<
de la vallée par laquelle on monte au Grimfel, font compofées,
jranic. fur-tout vers le bas du palfage, d’une fuite de petites montagnes,
qui ont la forme de cônes ou de/ pains de fucre arrondis par en-
haut, réunis par leurs bafes, mais féparés par leurs cimes. La plupart
de ces cônes ont 3 ou 4 cents pas de diametre à leur bafe. On
voit fréquemment des ruiffeaux, qui forment des cafcades en tombant
du haut des gorges qui les féparent. Il paroît que ces petites
montagnes ont été anciennement unies, mais que les injures de l’air,
& les eaux les ont féparées, en, détruifant & en entraînant le rocher
dans les endroits où il étpit le plus tendre. En effet, les couches
ou les feuillets de la pierre font prefque toujours plus minces, &
par cela même plus fragiles-, plus deftruâibles fur les bords des
intervalles de ces monticules ; or ces bords font les reftes des parties
qui ont été détruites.
^ Couches §. 1682. A un petit quart de lieue du premier pont, on voit à fa
nèflcées!* droite ou à l’O ueft, par l’intervalle de deux montagnes, l’extrémité
d’un glacier. Je note cette circonftance, parce que dans ce même
endroit, les granits à droite & à gauche de l’Aar, préfentent de très-
belles couches , & dont les plans font exaétement dans la même
fituation. Un quart de lieue plus loin, on traverfe l’Aar fur un pont
de bois, & on fe trouve fur la rive gauche. Là , encore les couches
, font parfaitement prononcées, & leur fituation exaétement la même
des deux côtés de la vallée.
Ghange- §. i68j- A 11 minutes delà, l'Aar fait une chute confidérable, &
diieftîon l’autre côté, vis-à-vis de cette chiite, la montagne eft excavée
des cou- par une profonde ravine remplie de débris des couches mêmes, dont
* on voit encore des veftiges. Mais la direétion des plans de ces couches
eft différente de celle des précédentes, celles-ci courent de l’Eft
Nord-Eft à l’Oueft-Sud-Oueft; tandis que celles-là couroient du Sud-
Eft au Nord-Oueft.
D U G R I M S E L , Chap. 1 1 1 . 45-9
§. 1684. A 40 minutes de cette chiite, on repaffe l’Aar, & dans Granitse»
un lieu nommé Harnlek, on rencontre un châlet où l’on peut fe tat>les-
rafraîchir. Là encore, on voit des deux côtés de la vallée des couches
bien prononcées. Mais enfuite, on n’en voit plus que fur la
gauche du voyageur, ou fur la rive droite de l’Aar; la rive oppo-
fée préfente au contraire de grandes tables peu inclinées, quelquefois
convexes, pofées en retraite les unes fur les autres, comme
d’immenfes gradins, & là on ne voit plus de couches, à moins que
ces gradins ne foient eux-mêmes des couches. Les mêmes tables à
gradins fe répètent du même côté à 20 minutes au-delfus du châlet,.
mais au bord fupérieur du même rocher, on voit des feuillets minces,
prefque verticaux, parfaitement caraétérifés.
§. i68f. A demi-lieue de ce châlet, le fi chemi, n pafie fur des tables fur Cche«sm tna*«
du même genre, convexes & inclinées en précipice au - deiius de blés.
l’Aar. Là, fi le pied glilfe à un mulet, il eft perdu fans reffource.
Audi nomme-t-on ces feuillets hellen - blatter, les feuillets de l’enfer.
Pour diminuer le danger, on a taillé dans les endroits les plus
rapides, des efpeces d’efcaliers ou de rainures qui empêchent un peu
de gliifer. Il y a auifi çà & là des barrières du côté du précipice ;
mais comme les avalanches les emportent, on n’eft pas toujours fûr
d’en retrouver de nouvelles.
P o u r les gens à pied il n’y a aucun danger ; les cryftaux Taillants
de feldfpath, dont je parfois, §. 1679, fuffifent pour empêcher de
gliifer. Gn fe hafarde même à s’approcher du précipice pour voir
l’Aar fe lancer d’un feul jet d’une hauteur de 60 à 80 pieds, & fe
brifer avec un fracas terrible contre des rochers de granit.
D e l’autre côté de l’Aar, on voit des tables femblables & même
plus rapides, qui mouillées par des eaux qui gliffent à leur furface,
& colorées par des lichens, ou par des conferves, reffemblent à det
étoffes rayées.
M m m a