«o P A S S A G E
de gypfe'; §• I23?- On voit entre la pofte & le lac un rocher de gypfe grenu
enton- du plus beau blanc, qui domine le lac du côté du Nord-Eft, à peu
près dans les deux tiers de fa longueur.
Ce rocher eft criblé de trous en forme d’entonnoirs, qui ont une profondeur
de 15 à 20 pieds, & même davantage, fur une ouverture à peu
près égale ; ces creux font l’effet des eaux pluviales qui diffolvent le
gypfe, le percent à la longue, l’entraînent peu à peu & détruiront
enfin tout ce monticule. Ce phénomène étonne ceux qui le voient
pour la première fois; mais il n’eft point rare : on l’obferve dans toutes
les montagnes gypfeufes, & en particulier dans celles du gouvernement
d’Aigle. On le voit auffi à Chamouni, & même fous une forme
bien plus finguliere.
Situation § . 1239. Comme ce gypfe eft une pierre de formation récente, du
de ce gyp. nloins en comparaifon de celle qui forme le corps de la montagne ,
je defirois d’obferver & fa ftruélure & la fîtuation des rochers plus
anciens que lui fur lefquelsil repofe. Dans ce deffein, lorfque je fis le
tour du lac, je paffai entre le lac & la petite montagne qui le borde;
le paifage eft étroit dans quelques endroits , mais cependant praticable.
Comme le gypfe eft taillé prefqu’à pic de ce côté-là, on obferve très-
bien fa ftruélure, & l’on reconnoît avec certitude , malgré quelques
déplacemens accidentels, que ces gypfes font en général difpofés par
couches horizontales ; on voit auffi qu’ils repofent fur le fchifte micacé
calcaire qui forme le corps de la montagne ; & que la fîtuation des
couchés de ce fchifte eft fouvent fort différente de celle du gypfe qui le
recouvre, puifque ce fchifte fe montreqà & là en couches très-inclinées
& même verticales ; à la vérité, ces pofitions paroiffent être accidentelles
à ces fehiftes, mais cela même prouve la nouveauté des gypfes. puifqu’ils
ont été formés , même après les révolutions qu’ont ffibies les rochers
qui leur ont fervi de bafe. La promptitude avec laquelle ils fe détrui-
fent eft encore une preuve de leur peu d’ancienneté.
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§. 1240. L e fchifte micacé calcaire n’eft pas la feule pierre que l’on
trouve fous ces gypfes ; on voit au bord du.lac , prefque vis-à-vis c
de la Pofte, des talcs bien caraélérifés fortir de deffous eux ; ces talcs
font tendres, feuilletés, d’un blanc jaunâtre, fans mélange de pierre
calcaire libre ; leurs feuillets font ondés & repliés fur eux-mêmes; ils
fe fondent au chalumeau en une feorie blanche , opaque, parfemée de
petites bulles.
On voit d’autres talcs hors de ces gypfes au Nord de l’extrémité
fupérieure du lac; mais ceux - ci différent beaucoup des précédens ;
leurs feuillets font plans, brillans & parfemés de cryftaux allongés
verdâtres , contpofés de lames brillantes & demi tranfparentes ; les
cryftaux fe fondent au chalumeau en une feorie noire & luifante ; mais
le talc qui les enveloppe fe fond comme le précédent , en une feorie
blanche , opaque & poreufe ; quant à la forme de ces cryftaux, elle
n’eft pas régulière : on voit que la cryftallifation a été troublée par
les lames de mica qui fe glilfoient entre celles des cryftaux à mefure
qu’elles fe raflembloient. Leur peu de dureté, la nature de leur vitrification
& leur forme lamelleufe, m’engagent à les xonfidérer comme
une variété d’hornblende.
L es rochers où l’on trouve ces talcs, font divifés en couches à
peu près verticales ; ils renferment auffi des couches d’une ardoife
noire & brillante, dont la fîtuation eft la même; cette ardoife fe gonfle
au feu du chalumeau, & y devient parfaitement blanche ; mais elle fe
fond avec beaucoup de difficulté.
§. 1241. Au-delà de ces rocs & auprès de l’extrémité fupérieure du
lac, on rencontre un des plus grands entonnoirs que les eaux aient
creufés dans ces gypfes. Autour de cet entonnoir on voit quelques
pieds de mélezes qui ne font ni grands ni vigoureux, mais qui font
pourtant les arbrçs les plus élevés qui croiffent dans la plaine du
Mont-Cenis. Le gypfe qui entoure ce creux n’eft pas blanc comme
Talc fous
:s gypfe.