A u ffi, eft-ce une vallée tranfverfale, c’eft-à-dire, qu’elle coupe conft
tanunent & à angles d ro its, les plans des couches des m ontagnes qui
la bordent ; elle eft d’ailleurs très-m onotone , bordée p ar des montagnes
prefqu’un ifo rm es, boiiëes du haut en bas. Je ne fa is , fi c’eft parce
que j ’aime à voir les rochers p ou r obferver leur ftn id u re ; mais ces
qiontagnes toutes couvertes de forêts me paroiffent plus triftes, plus
fauvages que les rochers les plus arides.
C e t t e vallée a encore une A ngularité, c’eft que depuis C evio ju fq u ’à
L o c a in o , le chemin eft conftamment du même côté de la riviere, fur
fa rive g a u ch e , tandis qu’à l’ordinaire, dans les vallées des Alpes on
eft prefqu’à chaque inftant obligé de palier d’une rive à l’autre. ’
Ce chemin eft prefque toujours fous des treilles qui le tiennent à
l’ombre ; mais quand il eft auffi étroit & qu’on y voyage à cheval, c’eft
plutôt une incommodité, parce qu’ilfaut une attention continuelle pour
ne pas fe froiffer les jambes contre les piliers qui foutiennent ces treilles;
cependant cette attention à profiter de tout l’efpace qui peut être mis en
cultivation prouve l’induftrie des habitans, & il eft vrai que le pays eft
très peuplé, très-bien cultivé & que les habitants y paroiffent à leuraife,
rocher"«” ro c ^ue ^orme corniche d’où l’on a cette vue du V a lcouches
M a g g ia , eft toujours de roche micacée q u artzeu fe, & fes couches ver-
veiticales. ticales courent encore de l’E ft Sud-Eft à l’Ou e f t N o r d -O u e f t . Enfin ,
à | de lieue de cette co rn ich e, je paffai un p o n t , où; je revis encore
des rochers du même genre! & dans la même fituation. L o carijo eft
encore à une grande lieue de ce p o n t; mais la nuit qui furvint m’empêcha
de continuer mes obfervations. D ’ailleurs, 'même avant la corn
ic h e , les m ontagnes s’abaiffent b eau cou p , la vallée s’ouvre entièrement
, & l’on n ’a plus devant foi d ’autres montagnes que celles qui
font de iiecarno« l’autre côté du lac.
§• 1790. L o c a r n o , chef-lieu du Bailliage de ce n om , eft une petite
v i le o u un grand bo u rg , fitue fur le lac M a je u r, près de l’extrémité
feptentrionale de ce la c , auquel on donne quelquefois le n om de cette
ville. Sa fitu ation , expofée au L e v a n t, & garantie des vents du N o r d ,
eft extrêm ement chaude ; j’y vis des orangers & des citronniers chargés
de fruits & de fleurs, & de la plus,grande beauté : ils' fon t en elpaliérs
contre des m u rs, & on les garantit pendant l’hiver avec des paillaf-
fons , mais ils n’ont pas befoin d’être renfermés par dés planches
com m e dans l’Ifola-Bella. L e fol de cette ville n’eft élëvé que d e rr8
toiles au-deffus de la mer.
§. 1791. L e lendemain de mon arrivée j’allai mefurer la profondeur Profon-
& éprouver la température du lac, dans l’endroit qu’on difoit être le deur
plus profond. J’ai rendu compte de cette expérience, §. i ; 99; c’étoit tmtduTac.
près de la rive oppofée, & non loin d’une chapelle nommée: le Bardia.
Je trouvai pieds de p ro fo n d eu r, & une température de y , 4.
Pendant que mon thermomètre prenoit la température de l’e a u , j’ob-
fervai le baromètre & j allai travailler au journal de m on v o y a g e , fous des
ch âtaign iers, don t cette cote eft bordée. T rois obfervations du barom
ètre, dont les refultats font d’accord entr’e u x , à une toife près ,
m ont donne 106 toifes pour la hauteur de la furface de ce la c , au-
deffus de celle de la m e r , & ainfi 82 toifes de moins qu’à celle du
lac de Geneve.
J ’ a v o i s de là une vue très-agréable de la rive o p p o fé e , fur laquelle
eft bâtie la ville de Locarno. L es villag es, forcés d’occuper les bords
du la c , à caufe de la rapidité des m ontagnes qui l’enferrent, femblent
fe toucher. Cependant on en voit auffi quelques-uns au milieu des
v ig n e s, qui croiffent fur la pente de ces montagnes. L a ville même
fait un jo li effet, on voit au-deffus d’elle un grand couvent & quelques
maifons affez bien bâties, un grand coteau de vign es, & plus
lo in , une m ontagne affez élevée.
§. 1793. L es rochers, fur la rive oppofée à Locarno, de même que Rochas
ceux que j’avois rencontré la veille, font des couches verticales de n,,'Ci!“ C8 verticale*.