Yallce du
Lauteraar.
Pied du
glacier.
C H A P I T R E IV.
G L A C I E R D U L A U T E R A A R .
§. 1692, D ans mon voyage de 1777, je crus devoir viiiter ce
glacier, foit pour étudier la ftrufture des montagnes qui le bordent,
foit pour voir les grottes, ou fours à c.ryftal, d’où l’on a tiré de li
grandes niaffes de cette pierre-
P o u r aller de l’Hofpice à ce glacier, on commence par redefcen-
dre du cAté de Guttannen, puis l’on tire au Couchant, & l’on vient
en demi-heure à l’entrée d’une large vallée à fond plat, dirigée de
l’Eft à l’Oueft, & entièrement couverte de débris de granits blanchâtres,
charriés & arrondis par l’Aar. Cette vallée eft bornée au
Nord & au Midi par de hautes montagnes de granit. Celles du
Nord, à la droite du voyageur, paroiifent avoir leurs couches dirigées
à-peu-près comme la vallée, & appuyées contre le Nord. Celles
du Midi, ne paroiïïènt pas auffi diftinctes.
Je cheminai le long de la chaîne feptentrionale, en paiïant de
tems en tems fur de petits monticules de granit, & dans une heure
& demie, depuis l’Hofpice, j’arrivai au pied du glacier. L’afped du
pied de ce glacier n’eft point intéreffant ; il eft tellement couvert des
débris des montagnes fous lefquelles ont paffé fes glaces, qu’on a
de la peine à les appercevoir : l’Aar, au lieu de fortir comme l’Ar-
veiron, d’une grande arche de glace vive & pure, fe traîne en fe
gliflànt de deflous des plans inclinés d’une glace falie par la terre &
les débris qui la recouvrent
D U L A U T E R A A R , CUp. I r. 455 *
§. id9j. M a is le rocher qui domine ce glacier du côté du Nord, Beaux
eft ..réellement magnifique. C’eft un mur de granit d’une hauteur pro- r?cs de &ra' •
digieufe. Sa furface n’eft pas plane, mais ondée, M e , luifante, & mt‘
rayée de diverfes couleurs produites par lesiichens, & par les confier
ves que font naître les eaux qui gliflent fur cette furface.
■ §. 1694. Pour atteindre le haut du glacier, il falloit gravir fur
les débris incohérents dont il eft couvert.; ces débris, quand on y
met le pied, gliflent fur la glace qui les porte, & rendent la marche
incertaine & difficile. Cependant en moins d’un quart-d’heure
j atteignis le deflusdu glacier. Là, je le trouvai, comme dans fa pente,
entièrement caché par les débris. Je marchai en avant près d’une
heure, jufques à ce qu’on appelle à Chamouni le plan du glacier ;
c’eft-a-dire le point où fa pente devient prefqu’infeniible. Mais là
même, la glace eft encore cachée, & cç qui me eaufa un bien plus
grand déplaifir, des nuages qui cachoient les têtes du Finfter-Aar &
du,Schreckhorn, m’empêchoient d’obferver ces majeftueux coloffes
qui dominent, l’un à l’Oueft, l’autre :au Nord-Queft, l’extrémité de
ee glacier.
%■ 1695. Ne pouvant pas obferver ces cimes, j’étudiai du moinsde^Tat.ure
les débris dont le glacier eft couvert, & qui viennent de ces cimes éparfès"**
ou de leur voifinage. Ces fragments font, les uns de granit en maflèf“r ce §'*-
ordinaire, d’autres de granit veiné, d’autres de gneifis, d’autres de C*Sr'
granitelle ou d’une roche compofiée de feldfpath & de hornblende.
On voit les éléments de ce granitelle, tantôt confondus, tantôt fépa-
rés en forme de couches, les unes toutes blanches, les autres toutes
noires ; ces couches font ici droites, là en zigzag, là interrompues
par des noeuds ou rognons; ces accidents font en général les
mêmes, mais moins tranchés, moins beaux qu’au pied du Alont-
Blanc, §. 892. Les rochers les plus remarquables dans ce genre que
je vis fur le glacier du Lauteraar, font ceux qui renferment d’autres
fragments, dont les couches" coupent à angles droits celles de la
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