29» MO N T A G N E DE C AUME
pa faire croire que les couches étoient verticales; plus loin, je rencontrai
de grandes aflifes peu inclinées qui avoient auffi l’apparence de
couches, & c’eft cette derniere ftructure qui me parut la plus probable,
fur-tout quand je confidere les couchés horizontales du grès fur
lequel repofe indubitablement ce rocher.
J e v i s a u f f i e n d i v e r s e n d r o i t s le s . b r e c h e s c a l c a i r e s , q u e j e r e g a r d e
c o m m e l e p r o d u i t d e l a d e r n i e r e r é v o l u t i o n d e n o t r e g l o b e . Elles
r e p o f e n t . l à f u r la f u r f a c e d e l a p i e r r e c a l c a i r e h o m o g è n e »
Nous parvînmes par ce couloir fur un plateau éleve, mais qui n’eiî
pourtant pas le plus élevé- de îa montagne ; nous continuâmes de
monter du côté- du couchant, & nous rencontrâmes encore des couches
horizontales de grèsrepofant fur k pierre calcaire , & c’eft pourtant
de celle-ci qu’eft compofée 1a cime de k montagne. Une petite
crête pyramidale, qui de loin paroit d’un accès, difficile, mais fur
laquelle on monte pourtant fans peine, forme le point le plus, élevé.
Ce fut là que je m’arrêtai pour obferver le baromètreg & l’aiped
général de cette partie de k Provence»
C’me de g. 1490. L a montagne, dont cette crête forme la cime , s’appelle
bMiTpointen patois- Provençal Caoumé : mais mon guide difoit qu’en françois:
àeyue. il faut prononcer Caume, fon nom n’eft pas écrit fur k carte de:
l’Académie, mais elle y eft très-bien indiquée. C’eft une petite chaîne
qui court de l’Eft Sud-Eft à l’Oueft Nord-Quefit, & qui fépare le village
du lievejl de celui de la Fignajje.
Mon obfervation du barometré, donne à cette cime 408 toîfes
an - deifus du fol de la ville de Toulon : elle paroit k plus élevée
de toutes celles des environs:, excepté celle de. Coudon au-deffus de
Soliers. On y jouit d’une vue extrêmement étendue, mais celle du
côté de là mer eft 1a feule qui puiffe plaire. En effet, tous les derrières
font.couverts de rocs pelés, ou tout-à-fait blancs comme delà
craie, ou parfemé de quelques taches noirâtres, que forment de petits
bouquets de pins, ou d’arbriffeaux toujours verds. Ces rocs nuds
n’ont rien de grand ni de pittorefque, leurs cimes fout ondées, &
leurs formes foiblement prononcées. Mais du côté de 1a mer, 1a vue
eft de 1a plus grande beauté. Les côtes, profondément découpées, forment
une quantité de golfes, de promontoires, des isles, des prei-
qu’isles, qui préfentent un fpedacle infiniment varié. On a fous fes
pieds 1a ville de Toulon, dont 011 détaille toutes les dépeudancej ;
fon arfenal, fon chantier, fon port, fes deux rades; au Couchant, le
grand golfe de la Ciotat; au Sud-Eft, 1a rade d’Hyeres & fes isles, &
la mer fourmillant de bâtiments, forment le fpeélacle le plus anime ,
le plus varié & le plus magnifique.
J ’a v o u e , que malgré ma prévention pour nos montagnes, je trou-
vois cette fituation plus belle que tout ce que j’avois vu jufques alors.
J’eus cependant un plailir très - vif à voir les cimes neigées de nos
Alpes terminer mon horizon, depuis le Nord-Eft jufqu’au Nord; &
le Mont-Blanc, que je n’attendois pas là , mais que je crus reconnoi-
tre, & qui faifoit alors l’objet de mon ambition & même un des
motifs de ce voyage, me caufe une émotion finguliere.
§. 149x. Après ce coup - d’oeil général, j’obfervai 1a fituation d e s j i^ îo »
efcarpements. J’avois au-deffous de moi, au Midi 1a montagne blan-pements.
che & pelée que l’on voit au Nord & au Nord Nord-Eft au - deffus
de Toulon. De k cime dé Caume, on la voit relever fes couches
contre le Nord, & cependant vue de Toulon, elle paroit les relever
contre le Midi. »
Mais ce font deux chaînes t r è s -rapprochées, qui fe tournent le
dos, phénomène fingulier dans une maffe auffi étroite. Mon guide
la nommoit Montagne de Faron, & c’eft bien fous ce nom qu’elle
eft marquée fur la carte. La montagne de Coudon, de laquelle j aideja
O o z
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