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fédiment fenfible ; les pierres que l’on voit au fond parodient parfaitement
nettes ; mais dans l’endroit où le lac fe dégorge, l’eau paife fur
des rochers, & forme des cafcades en tombant de l’un de ces rochers
à l’autre. Cette agitation fait échapper l’air fixe où l’acide carbonique
qui tenoit des parties calcaires en dilfolution dans l’eau; alors ces parties
fe dépotent & forment une efpece de tuf blanchâtre à la furface
des pierres & des rochers fur lefquels paffe l’eau.
C e tuf eft poreux, mannnelonné, plus ou moins épais, fuivant le
féjour que les pierres ont fait dans l’eau , & il fait une vive effervef.
cence avec les acides.
Dès que j’eus obfervé ce phénomène, il me vint dans l’efprit d’examiner
fi cette même concrétion calcaire fe retrouvoit à la furface des
rochers où l’on voit les traces d’éroiions qu’a découvertes M. de St.
R i a l , & qu’il regarde comme l’effet des eaux.
Je retrouvai effectivement ce tuf jufqu’à 30 pieds & plus au-deffus
du lit naturel de la Cenife, fur la furface des rochers qu’elle a creufés,
au moins dans les endroits où cette furface a coniérvé fon intégrité &
où elle s’eft trouvée un peu à l’abri de l’aétion des vents & des pluies ;
& au contraire , on n’en voyoit aucun veftige fur les rochers du même
genre qui n’avoient pas- fervi.de canal à la riviere.
Ce qui donne quelque prix à cette obfervation, c’eft que quelques
perfonnes ont révoqué en doute l’origine des érofions du même genre
que: j’ai attribuées à l’adion des eaux; on a dit qu’elles pou voient être
l’effet des pluies, des vents, ou d’une deftruction lpontanée de. quelques
lits des rochers; mais au moins dans ce c a s - c i, le tuf calcaire
dépofé fur ces rochers & fur eux feuls, eft un témoin qu’il eft difficile
de récufer. Ces rochers font tous des fchiftes micacés-calcaires. M. de
St. R é a l a pris avec le plus grand foin lès dimenfions de ces rochers
& de leurs, excavations.,,pour en, conclure la .hauteur à laquelle ont; dû
s’élever
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s’élever anciennement les eaux du lac- On verra ces détails & beaucoup
de recherches également intéreffantes, dans fon ouvrage fur le
Mont-Cenis.
§. 124t. Si l’on continue le tour du lac, après avoir paffé la Cenife P'eine au
& les rochers qui la bordent, on traverfe des prairies parfaitement^ ’ du
plates & un peu marécageufes, qui bordent le lac du côté du Sud-Eft,
& 011 regagne ainii le bas du rocher de gypfe , au-deffus duquel eft la
Pofte. C’eft delà que nous allons reprendre la route de l’Italie.
§. 1246. En allant de la Pofte à la Novaleze, fur la route de Turin, Hofpice
on commence par defcendre du rocher de gypfe, dans les prairies dont du Mont-
je viens de parler, & on vient paffer auprès de l'Hôpital, ou hof-Cenls'
pice du Mont-Cenis, qui eft fitué dans ces mêmes prairies. J’ai trouvé
fon rez-de-chauffée élevé de wr| toifes au-deffus du lac. Cet hofpice
avoit été fondé, à ce qu’on dit & richement doté, pour fubvenir à l’affif-
tance des paffagers. Mais il ne refte plus de cette fondation qu’une affez
mince prébende, qu’on donne à un abbé qui réfide dans cet hofpice
fous le nom de Relieur. Il eft affez bien logé, reçoit avec plaifir
les étrangers qui veulent s’arrêter, ou même féjourner chez lui. Il
ne donne pas fon mémoire, mais on lui paie honnêtement la dépenfe
qu’on croit avoir faite.
Q u a n t à ceux qui ne font pas en état de payer, ils trouvent dans
cette maifon une efpece d’hôpitalfer, qui reçoit une fomme fixe, pour
laquelle il s’engage à faire une petite aumône & à donner quelques
fecours aux pauvres voyageurs.
§. 1247. E n t r e la, Pofte & l’Hôpital,, on voit au pied de la montagne, Banc ^
à gauche ou au Nord-Eft, des bancs de tuf qui font fur-tout très-tuf.
diftinds vis-à-vis de l’Hôpital. Ces bancs font coupés très-profondément,
par un torrent qui vient des pâturages de RonChes. On diftingue
ces mêmes bancs de tuf encore plus loin du côté du Nord-Oueft ;
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