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fable, verticales, dirigées du Sud-Eft au Nord-Oueft, Les approchesdç
cette ville fe fignaleut d’une maniere agréable par des jardins d’orangers
& de citronniers, qui parfument l’air à une grande diftance. Elle
eft conftruite en partie fur le bord de la mer , & en partie fur le penchant
d’une colline qui forme un promontoire. Nous nous y arrêtâmes
pour faire rafraîchir nos mulets, afin qu’ils puifent enfuite aller
tout d’une traite à Nice- Il n’y a que deux lieues de Vintimille à
Menton.
h tie §• T38í. En fartant de la ville, on fuit au bord de la mer une belle
Menton à chauffée, décorée d’une double allée de mûriers, luxe bien rare (fur
Monaco, cette rive ; c’eft l’ouvrage du prince de Monaco, qui a établi cette
communication entre fa capitale & la ville de Menton ; cette chauifée
traverfe ainfi fes Etats dans leur plus grande largeur : en fuivant cette
route on voit à fa droite des montagnes aifez hautes, qui paroiifent
toutes calcaires ; leurs fommités font aiguës ; & une d’entr’elles a la
coupe d’un chevron, forme fréquente dans les calcaires de nos Alpes.
A demi-lieue de la ville, on quitte pendant quelques momens le
grand chemin pour prendre un fentier plus court, qui pafie fur des
calcaires molles & argilleufes ; mais bientôt après on regagne la chauffée
, & on retrouve les calcaires compades à couches épaiffes, teintes
en rouge par dehors, de la même nature que le rocher caverneux
que je viens de décrire. Ic i, le chemin eft en terraffe, foutenu par un
mur affez élevé, dans une très-belle fituation : on voit au-deffous de
foi des campagnes cultivées & couvertes d’oliviers, dé vignes, & plus
loin la ville de Monaco en perfpedive.
En fuivant cette route, à J de lieue de Menton., on pafie fous des
amas de débris de pierres calcaires & de grès arrondis, mal liés
entr’eux , & qui forment ainfi une efpece de breche tendre & grof-
fiere, dont l'origine paraît très-moderne-
A NI C E , Chap. XVI I . 191
s ia8S. Un quart de lieue plus loin, on quitte le chemin de xMo- Sentier
ÿ* ~ s , tr 1 . qui monte
naco, pour prendre un fentier a mulets qui conduit a la lorbie , ^ ia j 0rmontagne
que l’on doit palier pour aller à Nice. f t j
Après un petit quart de lieue de cette montée rapide, on voit au-
delfus de fa tête des rochers élevés & efearpés, à la furface defquels font
des excavations ou de petites cavernes, dont l’origine m’a paru douteufe.
A 12 minutes delà , on palfe fur des couches calcaires, argilleufes,
tendres, blanches, relevées contre le Sud-Eft ; enforte que les plans a^gui^fes.
de leurs couches coupent à angles droits, ceux des couches de la
même pierre dont j’ai parlé au paragraphe précédent.
A p r è s 12 autres minutes de route , je vis à notre Midi, & pref-
qu’à notre niveau, une montagne de pierre calcaire compacte, qui
n’étoit pas éloignée, & dont les bancs réguliers montent contre la
nier au Midi. Les montagnes qui dominent cette route au Nord.Eft,
au Nord, & même jufqu’à l’Oueft font toutes delà même nature , &
ont leurs bancs fitués de la même maniéré.
g. 1387. Je n’ai pu découvrir ni fur les faces efearpées de ces rochers, Nul jjM
ni fous nos pieds aucun veftige de l’action , ou d’un féjour des eaux g°“
de la mer poftérieur à la formation de la montagne, aucun galet , par les
.- eaux, aucun gravier, aucune excavation.
On voit bien en divers endroits le rocher recouvert d’une breche
calcaire ahez folide ; mais toutes les pièces de cette breche ont leurs
angles vifs , & les breches de ce genre, que j’ai fouvent obfervées ,
ne font pas de beaucoup plus modernes que les montagnes qu’elles
couvrent. Cependant, comme la route n’eft point par-tout rapide ,
comme on y traverfe des plateaux, même des enfoncemens, comme
elle n’eft point recouverte de débris qui cachent la furface du fol, fi la
*uer ou les grands courans produits par la derniere révolution du