14 D E G E N E V E A A I X
Montagne l l ? ï ‘ fortant de Frangy 011 commence la longue & rapide
de Cler. montée qui conduit au haut de la montagne de Olermont. Tous les
mont’ rochers de cette montagne qui fe montrent au jour font d’un grès
argilleux, jaunâtre, très-tendre, difpofé par couches peu inclinées.
On voit fur fa pente beaucoup de blocs roulés ; la plupart font des
pierres calcaires ou des grès, mais d’une autre nature que ceux dont
cette montagne eft compofée..
I l faut près d’une heure & demie, pour venir de Frangy au point
le plus élevé du patTage; je l’ai trouvé de 126 toifes au-deflfus de notre
lac, & parconféquent, de 319 au-deffus de la mer.
Doucy, §. 1176. On change de chevaux à Doucy, maifon de pofte , fituée
Rumilly. ^ d em ie ¡¡eue au-deffous de Clermont. Lorfquej’y paffai en 1 7 8 7 , on
rebâtiffoit cette maifon avec un grès remarquable par fa blancheur &
par fa dureté ; on le tire de la colline voifine au Sud-Oueft.
D e Doucy , 011 vient, en defcendant toujours, à la petitè ville
de Rumilly où eft la pofte, j’ai trouvé le fol de cette ville de <¡0 toifes
plus bas que la furface de notre lac. Demi-heure avant d’y arriver, on
traverfe fur un pont de pierre le lie r , petite riviere, qui acreufé fon
lit à fo ou 60 pieds de profondeur perpendiculaire dans les bancs horizontaux
, d’un grès tendre & argilleux. Enfin, en entrant à Rumilly, on
traverfe le Chévran qui a auffi coupé '& à la même profondeur des bancs
de la même nature. ( 1 )
( 1 ) En 1787 , un poltillon qui condui-
foit une chaife de polie, dans laquelle
étoient deux perfonnes , frere & foeur ,
prefla trop Tes chevanx à la defoente qui
aboutit au tournant par lequel il devoit entrer
fur le pont. Arrivé à l’entrée de ce
pont, il ne put plus retenir & faire tourner
fes chevaux, qui, chalféspar le poids
de la chaife, enfoncèrent la barrière &
furent précipités dans le lit de Chévan, en
entraînant après eux la chaife & les deux
perfonnes qni n’avoient pas eu le tems d’en
fortlr. La chûte fut abfolument perpendiculaire
, & de 50 pieds au moins fur les
P A R F R A N G Y , Chap. I I I . i f
§. r 177. La route de Rumilly à Aix ne préfente rien de remarquable
, fi ce n’eft qu’à une demie lieue de la ville , on traverfe un ruiffeau
qui a mis à découvert les bancs de pierre calcaire fur lefquels il paffe.
Cette obfervation vient à l’appui de la conjeiture que j’ai formée- fur
la vallée de notre lac : c’eft que les montagnes calcaires qui forment
les deux côtés de cette vallée lé rejoignent par-deffous. les terres, les
grès & les débris qui recouvrent le fond de la vallée.
Le même ruiffeau qui a découvert ces rochers a creufé fon lit dans
des rocs du même genre, fitués un peu au-deffus dii pont fur lequel
on le traverfe. Il forme là des cafcades vraiment pittorefques auprès d’un
moulin, qu’on laiffe à gauche en venant à Aix. Les amateurs des
tableaux de ce genre doivent s’arrêter vis-à-vis- de ce moulin , & y
aller jouir de ce charmant fpeétacle.
cailloux qui bordent la riviere. Les deux
chevaux furent tués roides fur la place,
& la chaife moulue en pièces. Cependant
par le hafard le plus heureux, la chaire
tomba fur fon impériale r qui étoit chargée
d’une vache; cette vache amortit le coup,
& les deux jeunes gens qui fe tenoient em-
braÎTés, en attendant la mort, en furent
quittes pour des contufions, dont ils font
parfaitement remis. Le portillon avoit eu le
tems de s’élancer à terre au moment qui
précéda la chûte, & il s’enfuit dans la
crainte d’être châtié; enforte que ce terrible
accident ne coûta la vie à perfonne. On
ne fauroit trop donner d’éloges à l’empref-
fement avec lequel les habitants de Rumilly
vinrent au fecours de ces deux perfonnes,
qui n’y étoient cependant pas connues
, & les foignerent jufqu’à-ce qu’on fût
venu les chercher de Geneve. On a conf^
^truit depuis lors un beau pont de pierre
qui étant placé dans la dire&ion même
du chemin, n’expofe plus les voyageurs à
! aucun accident.