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gées à peu-près du Nord au Sud, font auffi. perpendiculaires.aux feuillets
de la pierre.
Réflexions
fur ces
granits.
Q uand on voit ce rocher coupé ainfi en-tranches parallèles-, on eft
tenté de prendre ces tranches pour des couches ; mais lorfqu’on obferve-
que ces divüions coupent à angles droits les feuillets intérieurs de la
p ierre , on revient de ce premier jugement: En e ffe t,. comme je l’ai dit:
plus d’une fo is , les,pierreafeuilletées, de quelque nature qu’elles foient,,
on t conftamment leurs, couches parallèles, à.leurs feuillets..
E n fuivant lè pied de ces rochers, orrenvoit desmaifes confidérablès
qui n’ont point de fentes régulières; & on rencontre même fur le bord
du chemin des colonnes de cette pierre qui ont été taillées, fur place
& enfuite abandonnées» J’en ai mefuré une dont le fût à: 20
•pieds de hauteur fur 30 pouces dé diamètre. Ceux- qui ont taillé ces
colonnes fe font bien appe'rçusdù tiflu feuilleté de la pierre. Car elles
font toutes coupées fuivant la direction des feuillets; elles auraient été
trop fragiles, 11 on les eut coupées en feus contraire. Comme le coup
ducifeau a un peu dérangé le tilfu de la pierre à la furface des colonnes,
il faut plus d'attention pour les reconnoitre fur ces colonnes que
fur les fragmens que flan, détache du rocher..
E n continuant d’avancer, o n voit ces granits s’éloigner dë là grande
route, puis dégénérer en. fchiitesimicacés moins durs & moins cohé-
rens, & reprendre enfin la forme du granit auprès de St. Ambroife,
mais ce font les derniers, que l’on rencontre fur cette route. Leurs
fiflures font encore là.,, dirigées à peu-près du. Nord, au Midi, comme
auprès de St. Antonitn
§. 1288- C es fiflures,.réptétéës dans là même, direétion, font un phénomène
très-remarquable ; je- l’ai obfervé trés-fréquemment, & il eft
vraifemblable qu’il, vient de. ce que la h a z e fur laquelle repofe lamafle
A T U R I N . Chap. IX .
dans laquelle on voit ces fiflures, s’eft affaiflee progreflivement fuivant
la même direétion. Voyez le §. 1049.
On voit auffi', en obfervant le tiflu de ces granits feuilletés, combien
cette pierre eft différente d’un grès, & combien il feroit pern
raifonnable de croire qu’elle foit le réfultat d’un affemblage de débris;.,
car fi elle contient quelques cryftaux de feldfpath- dont on ne puifle
pas affirmer qu’il eft impoffible qu’ils ayent préexifté à la pierre, il y
en a d’autres qui ont été. évidemment moulés enfemble & dans la place
qu’ils occupent; quelques-uns, par exemple, qui forment des tables-
minces & cependant très-étendues, tranchantes par leurs bords, qui-
fe feroient néceflàirement arrondies & même brifées, fi elles avoient
été roulées & chariées fous la forme dë débris. Que l’on compare ce
granit feuilleté avec un grès ou avec un poudingue, dont le grain foit:
à peu-près de la même groflèur , & la queftion fera bientôt décidée»
§. 1289. 5i: Ambroife eft1 un joli village que floir traverfe dans fa Ion- Ruines
gueur. M. de Luc lui donne 173 toifes d’élévation. On y trouve une^umonaf-
aflez bonne auberge, où l’on peut s’arrêter pour aller voir les ruines pichet
du Cloître de St. Michel, (*) qui font dignes-à divers égards, de la
curiofité du voyageur.On voit à droite ou au Midi, au-deflus de St.
Ambroife, un rocher aflez- élevé,-dont la baze tient à la montagne,-
mais dont la cime aiguë eft- tout-à-faitifolée. Cette cime, couronnée
par les ruines du Cloître-,’ fait dans le payfage un effet très-agréable.
La montagne à laquelle tient ce rocher fe. nomme Monte Picheriano.
(*) Cette abbaye, confaerée à St. Michel,
fut fondée vers ,là iîn dii dixième frecle Sc
a été toujours deffervie par'des moines; de
l’ordre de St. Bénoift. Ôn eut d’alford pour
elle une grandè vénération ; mais l’abus dès
lioheiîes lui fit perdre la confidération dont
elle avoit joui. Les moines réfutèrent de fe-
foumettre à une réforme,& furent ruppri"
mes vers la fin du féizieme frecle. J’ai tiré'
cette notice d’un petit livre intitulé Breve
racconto del Tempio, ^ Badia di Sans
Michele della Chiufa.. In Torino 16$%*