Dame de la Garde. Cette églifê eft tout près d’Antibes en lîo-ne
droite; mais il faut 1 d’heures pour y aller, à caufe des détours forcés
par les iinuolités de la mer. Eu y a llantle s premiers rochers que l’on
obferve au bord de la mer, tout près de la ville, font calcaires, tendres
jaunâtres; leur calibre eft grenue & prefque matte. Cette pierre eft
remplie de coquilles de très-petites cames marines ; un peu plus loin
on trouve des bancs très-épais de grès bruns ou violets, compofes ici
de fable ou de débris1 de porphyre; là , d’une fubftanceargilleufeplus
fine & plus compaéte.
O n voit auffi dans quelques-uns de ces bancs de grès, des frag-
mens, & même des blocs très-confidérables de grès du même genre.
En approchant du pied du rocher de Notre-Dame, on trouve la
pierre calcaire compaéle, femblable à celle du Jura, elle eft fréquemment
'criblée des trous ordinaires à cette pierre. Les couches ne font
pas diftiniles ; en général, elles paroiffent fort en défordre, on les voit
verticales en divers endroits. La vue que l’on a du rocher où eft lituée
l’églife eft raviUante; a l'Oueft les isles, le golfe , Nice, Antibes;
& au Nord, les hautes Alpes couvertes de neiges qui couronnent des
coteaux verds bien cultivés; & rappellent ainli agréablement les vues
des environs de Geneve.
d’Antibes §. 1430. Peu après être forti d’Antibes en allant à Fréjns, on monte
‘ une petite colline , dont la bafe du côté d’Antibes1, ne préfente que du
fable & des cailloux roulés ; mais l’on trouve au haut des grès couleur
de lie , auxquels fuccédent des rochers , qui n’ont que la cotifif-
tance du tuf.
En redefcendant cette colline on admire fa fertilité ; elle eft couverte
d’oliviers, de figuiers, de vignes fous lefqüelles on voit du bled
qui réuffit. parfaitement à leur ombre.
On entre enfuite dans une petite plaine bordée, d’un côté par la mer,
& de l’autre, par des collines que je crois la continuation, de celles de
fchiftes micacés que l’on rencontre bientôt après ; au moins les murailles
qUi bordent le chemin font-elles prefqu’entiérement conftruites de ce
genre de pierre.
Le terrein devient enfuite inégal & inculte, mais parfemé de pins
maritimes , fous lefquels croiffent des arboufiers, des myrthes, des
romarins & une quantité de bruyères auffi jolies que variées.
Là on trouve, d’abord des grès jaunâtres & des blocs de fchiftes
micacés , tantôt libres, tantôt enclavés dans les grès ; on voit enfuite
cette même roche fchifteufe former le corps de la colline, & recouverte
çà & là de ces mêmes grès & de ces mêmes blocs. Cette colline
primitive eft dirigée du Nord au Sud ; mais les feuillets tortueux & :
incohérens de la roche micacée qui la compofe ne manifeftent aucune
direction confiante.
J ’a u r o is defiré trouver le paiTage entre les calcaires fecondaires qui
renferment le baffin de Nice, & les roches primitives dans la région
defquelles nous venions d’entrer; & j ’ai cherché, mais inutilement, ce-
paffage les trois fois que j’ai fait cette route ; fans doute, il eft mai-
que par les débris, les grès & les tufs que nous avons traverfés depuis •
Antibes.
§. 1431. Nous vînmes dans une heuref d’Antibes à Cannes ; cette {Cannes;
ville-eft! bâtie fur le bord de la mer , & compofée de deux ou trois
rues, habitées prefqu’uniquement par des matelots et des pécheur*.
Après avoir paffé entre la mer & la ville, on tourne un roc élevé qui
forme un promontoire, fur lequel font fitués le château & l’églife ; je
montai jufqu’au haut de ce rocher , & je trouvai que la tour de l’églife
repofoit fur une belle roche feuilletée rouge, brillante, compofée
de mica & de quartz. On voit auffi cette roche le long du grand chemin,
qui a même été en partie coupé dans fa fubftance. En faifant le