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Introduction.
C H A P I T R E V I I .
R O C H E MI C H E L .
§• 1257. M r . le chevalier de L am a n o n monta, le 15 Juillet 1784;
fur une cime allez élevée au-deffus de la plaine du Mont-Cenis, & il
dit que cette cime fe nommoit la Fraife. On peut voir dans le Journal
.deParis de. 1784, N°. 267, 274 & 279 la notice que Mr. de L am a n o n
donne de cette expédition. Une des raifons du féjour que je fis en 1787,
dans la plaine du Mont-Cenis, étoit le projet de monter fur cette cime;
mais fans les renfeignemens que me donna M. de St.R e a l , qui avoit
fait lui-même cette courfe deux mois auparavant, j’aurois eu bien de
la peine à me diriger. Perfonne au Mont-Cenis ne favoit ce que c’étoit
que la montagne de la Fraife. Ce ne fut qu’en difant, fuivant le confeil
dè M. de St. R e a l , que je vou'loïs aller à la montagne qui efl -au-deffus
de l’hôpital des Pèlerins, que je me fis comprendre; enfuite, lorfque
je fus fur le point d’arriver à la Fraife, c’eft-à-dire, à la montagne où
étoit allé Mr. de L a m a n o n , je vis fur ma droite une fommité plus
élevée, que j’atteignis & où je fis mes expériences ; j’appris enfuite que
cette même fommité que l’on voit de la Novaleze , & d’où je la reconnus
très-bien, y porte le nom de Roche Michel ; c’eft elle qui fait l’objet
de ce chapitre, c’eft auflî celle où eft allé Mr. de St. R e a l , qui avoit
préféré cette ftation, comme plus élevée & mieux fituée que la Fraife.
Après avoir trouvé la montagne, il falloit trouver des guides ; le nommé
B o u v i e r , qu’indique M. de L a m a n o n étoit abfent; les gens du Mont-
Cenis ne fe ioucioient point de cette courfe ; ils trouvoient la faifbn
trop avancée, & ils craignojent que les neiges nouvelles qui cou-
vroient en partie la pente de la montagne, n’en rendiffent l’accès difficile
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cile & dangereux. Je parvins cependant à engager deux excellens guides
, Jofeph Gagniere & Jofeph Tour fils, tous deux de Lans-le-Bourg;
enfuite Benoit Roch, fils du maître de pofte, & Jean B. Borot,
muletiers delà Novaleze, fe joignirent à-eux pour nous accompagner.
§. 12.58. Je partis avec mon fils & mon domeftique à cheval, & nos.
o-uides à pied, le 2g feptembre au matin. Nous allâmes d’abord traverfer
fe pâturage de Ronches, pour parvenir à ce qu’on appelle le Plan
des Jumens ; c’eft un grand plateau peu incliné, & entouré dans les
trois quarts de fon pourtour, de rocs efcarpéS & taillés prefqu’à pic.
Ces rocs préfentent lés tranches à peu-près horizontales de fchiftes
micacés, plus ou moins mélangés de terre calcaire, comme ceux que
j’ai décrits dans le chapitre précédent. Quelques débris de ferpentine
prouvent qu’on y trouve aulfi des couches de cette pierre. Ces rocs
font entrecoupés de veines & parfemés de rognons blancs ou jaunâtres
, compofés de quartz, de feldfpath, de fpath calcaire & de fer fpa-
thique, mélangés en différentes proportions. Nous mîmes une heure
& demie à venir au pied des rocs qui font au Sud-Eft du Plan des
Jumens , & là il fallut quitter nos mulets. L’obfervation du baromètre
me prouva que cet endroit eft élevé de 34? toiles au-deffus de la Pofte,
& qu’ainfi il valoit bien la peine de faire a cheval cette partie de la
montée.
§. 1259. Là nous commençâmes à gravir, en tirant au Midi, par une
pente couverte de gros débris de roche micacée calcaire, mêlee de m0nter par
veines & de gros rognons femblables aux précédens. En été, nous des débris,
aurions tiré du côté de l’Eft, par une pente plus rapide &plus courte;
mais le terrein qui s’étoit gelé, après avoir été imbibé d’eau de neiges
fondues rendoit cette route impraticable.
En demi-heqre, nous arrivâmes au haut de cette pente couverte de
débris. Nous eûmes de là une vue charmante de la plaine du Mont-
Cenis & des montagnes qui la dominent, de fon lac & de fon isle. Les
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