Explica-
tions préliminaires.
C H A P I T R E X I I .
H Y D R O P H A N E S DE' M U S I N E T.
§. 1^07. O n fait qu’on nomme hydrophanes des pierres qui font
opaques lorfqu’elles font feches , mais qui deviennent tranfparentes,
quand elles ont été plongées dans l’eau pendant quelque tems. Le grand
chymifte Bergman a donné fur ces pierres une diifertation qui fe trouve
dans le fécond volume de fes opufcules.
I l a fort bien prouvé que cette propriété finguliere tient à ce que
ces pierres font compofées d’une matière tranfparente criblées de pores
& de petits trous acceillbles à l’eau & à l’air. Lorfque ces trous font pleins
.d’air, la pierre eft opaque ; mais elle devient tranfparente lorfqu’ils
fe remplilTent d’eau ou d’un fluide traniparent dont la deniité approche
celle de la pierre ; c’eft le phénomène du verre pilé qui forme une
maife opaque, lorfque l’air occupe les interftices de fes parties, mais
qui devient tranfparent, quand ces mêmes interftices font remplis
d’eau ; ou ce qui eft mieux encore d’une liqueur plus denfe que l’eau,
d’huile de tartre, par exemple. On a auffi trouvé l’art de préparer les
hydrophanes , de maniéré qü’elles paroiflent opaques quand elles font
froides, & tranfparentes quand on les réchauffe. Voyez fur ce fujet
un Mémoire de mon fils dans le Journal de'phyfique.
T o u t les phyficiens connoiffent les loix de l’Optique, par lefquelles
l’immortel Newton a rendu raifon de ce fait. M. B e rgm an a même
porté jufqu’à l’évidence la preuve de la jufteffe de fon explication du
phénomène des hydrophanes , en obfervant que l’on voit des bulles
d’air iortir de leur fubftance, dans le moment où l’eau, en les pénétrant,
leur donne de la tranfparence, & quelles fe trouvent plus pe-
fantes lorfque l’eau les a ainfi pénétrées.
L e s hydrophanes ont été pendant long-tems rares & précieufes ;
mais depuis que le goût de l’hiftoire naturelle a tenu tous les yeux
ouverts fur les produisions de la Nature, on en a trouvé en différens
pays & même dans différens genres de pierres.
L e s plus belles, celles qui produîfent leur effet de la maniéré la
plus prompte, la plus parfaite, font celles qui réfultent d’un mélange
de filex & de terre argilleufe. Leur couleur eft ordinairement fauve,
ou d’un blanc qui tire fur le fauve ; leur dureté approche de celle du
Tilex, & leur apparence extérieure eft celle d’une agathe ou d’une
càlcédoine à demi tranfparente. On peut voir la defcription de divertes
hvdrophanes ou oculus mundi de Hongrie, dans un mémoire de M.
D e l iu s . Abhandl. ciner privât Gejellfcbaft in Bobmen. Tome 111,
p. 227. Ce mémoire traduit par M, B e s s o n , fe trouve dans le Journal
de phyüque de 1794 > tome I , page 5h
M- le DoiSeur B e a u v o is in de l’académie Royale des fciences d e
Turin, a eu le bonheur d’en trouver au pied de la montagne de Mu-
finet, dont j’ai parlé §• 1192- Cette montagne n’eft qu’à deux lieues
à l’Oueft de Turin. M. le DoiSeur B e a u v o is in a donné fur cette pierre
une differtation qui ne laiffe rien à defirer au chymifte ni au minére-
logifte , & qui a été imprimé dans le 2e. volume des mémoires de
l'Académie Royale des Sciences de Turin ; cependant comme je n’a-
vois jamais rencontré cette pierre dans mes voyages, je defirois beaucoup
de la voir dans fon lieu natal. Nous eûmes le bonheur, mon
fils & moi, de faire cette petite courfe avec M- de B e a u v o is in , & M. le
Marquis de S o u z a miniftre plénipotentiaire de Sa Majefté Tres-Fidele,
qui réunit à cette imagination brillante & ornee, qui fait le charme
de la converfation, des connoiffances profondes dans les mathématiques
, de même que dans les différentes branches de la phyfique &
de l’hiftoire naturelle.
P a