4 io R I V E D R O I T E
Du pont §. i (o7. En remontant des bords du Gardon au niveau de la plaine
pont^StaU ^ans la(îue^e ü a creufé fon lit, on voit que le fond de cette plaine
ïipric. eit une pierre coquillére , abfolument feniblable à celle dont l’aquedue
a été conftruit.
A trois quarts de lieue du pont, la route s’engage entre des collines
calcaires. Elle paife à Valiguieres, village fitué dans une jolie
plaine entourée de rochers de ce genre; de-là on monte au haut d’une
colline aride, d’où l’on redefcend à Connaure; on vient enfuite à
Bagnols, toujours entre des collines calcaires, & où l’on peut répéter
l’obfervation fur les cailloux roulés, que j’ai confignée dans le
g. i6o f.
L e s couches dont ces collines font compofées, paroifTent prefque
toutes horizontales.; quelques unes d’entr’elles font couronnées par des
plateaux ifolés, comme des tables, dont l’afped eft très-fingulier.
En allant de Bagnols au St. Efprit, on paffe par une montagne,
d’où l’on a une très-belle vue du Rhône, des plaines qu’il arrofé,
& des Alpes qui terminent ces plaines. Entre le Rhône & les Alpes,
on voit à l’Eft le Mont Ventoux, l’un des plus élevés de la baffe
Provence; fa cime,au 7 de mai, étoit couverte de neiges.
L a petite ville du St. Efprit eft fituée dans une jolie plaine au bord
du Rhône, à un quart de lieue du pied de la montagne, d’où l’on
a cette.vue. Quand on fuit la route du Vivarais, on ne traverfè pas
le pont du St. Efprit, mais ceux qui ne la connoiiïent pas, font volontiers
un petit détour pour aller le voir. Il eft remarquable par fa grandeur
& par fa fqlidité, conftruit d’une pierre calcaire compacte d’un
gris blanchâtre. Cette pierre fe polit par le frottement des iabots, fur
îefquels on fait gliffer les roues des groffes charrettes & leurs mar-
chandifes, chargées à part fur des traîneaux. Qn s’étonne qu’une maffe,
en apparence, auffi folide que celle de ce pont, exige pour fa eonfer-
vation une précaution auffi incommode & auffi difpendieufe.
D U R H O N E , Chap. X X X ? . 411
§. 1608. L orsqu’on eft arrivé au St. Efprit, ft l’on veut fuivre Du Sb
lu route du Vivarais, il faut renoncer à la pofte, qui n’eft point éta-
blie fur la rive droite du Rhône entre le St. Efprit & Tournon. Mais
on eft dédommagé de cette privation par une route beaucoup plus
agréable, fur-tout en comparaifon des chemins reélilignes & caillouteux
du bas Dauphiné. La première heure de cette route, eft en plaine
.& par un beau chemin, qui traverfe fur un beau pont le ruiffeau de
l’Ardeche. Cette petite riviere bordée d’arbres, & dont les eaux, d’un
beau bleu, vont fe jeter dans le Rhône, préfente un point de vue
très-agréable.
O n monte enfuite à St. Juft, fitue fur une colline. Le haut de
cette colline, fur lequel on roule pendant quelque tems, eft parferai
de cailloux quartzeux, pour la plupart, & elle eft elle-même com-
pofée de fable & de grès. C’eft ce que l’on voit dans la coupe du
terrein en defcendant au bourg St. Andiol. On a, en faifant cette
defcente, une vue Gharmante du Rhône, de fes isles, des collines qui
le bordent, &c. Nous y vînmes en 2 heures f depuis le St. Efprit.
Du Bourg à Viviers, on met 2 heures \ en côtoyant des montagnes
calcaires, & en traVerfant au bord du Rhône une petite plaine^
dans laquelle eft*la tour de Chomel. Cette plaine eft entouree de
toutes parts de collines calcaires efcarpées, où l’on voit en divers
endroits, même fort élevés au-deffixs du Rhône, les traces de l’erofioii
des eaux.
L a ville de Viviers eft bâtie fur un rocher calcaire, au bord du
Rhône, on voit du moins ce rocher fortir au jour en divers endroits;
ü y a même dans la ville des carrières de ce genre de pierre.
§. iéoo En fortantde Viviers, on traverfe la petite riviere d’Efcou- DeVWer,
tay, qui charrie une grande quantité de cailloux roulés calcaires. - p
On commence auffi à voir là des fragments roules des bafaltes du
F f f 2