De l’A- §. 1457, D epuis l’Agaï jufqu’à llHermitage , dans «ai a p . t ■ , l’efpace d’unes liemv
mitage. « d em ie , je ne vis que des porphyres, recouverts çà & là de grès
plus ou moins argilleux. On monte ainfi par des bois de pins, d’arboufiers,
de chênes verds & de bruyeres, dans de parfaites folitudes
fans rencontrer & même fans appercevoir ni habitation ni terrein euh
t iv é , quoique l’on foit fur le penchant d’une montagne d’où l’on découvre
une aifez grande étendue de pays.-
C e p e n d a n t les p r o d u é tio n s d e l’ffe rm ità g e p r o u v e n t q u ’il n e ferait
p a s im p o ffib le d e c u ltiv e r fu r ces c o te a u x a u m o in s d e la v ig n e ,, file
d é fa u t d 'a x ro fem e n ts s’o p p o fe à to u te a ù tre c u ltu r e .
jieféTjar- Je mis‘ 3 &• & 3 cte Fréjus à cet Hermitage , fltue dans un
ctins du 'vallon que barre par le haut une montagne élevée. On eil agréablerHermica
furpris de trouver là deux belles fontaines qui jailliiTent à plein
je. tuyau une eau claire & fraîche*à l’ombre d’un grouppe dé beaux arbres,
châtaigniers, noyers, cerifiers & figuiers. Les jardins ne font pas moins
de plaiiîr, & quoique le goût moderne réprouve tout ce quieft régulier;,
cependant un peu d’art & de fymmétrie, fait un agréable contrafte avec
la trille & fauvage nature de ces montagnes,' & les allées; droites Ûè ces
jardins, placées en étageres couvertes de berceaux de. vignes, ,& ter-
a minées par des niches creufées dans le rocher, firent fur moi l’impreffion
la plus agréable. L ’avant dernier hermite avoit mis par fon travail
ce petit manoir dans l’état le plus fioriffant. L e vin & les fruits
qu’il y recueilloit fuffiloient non-feulement à fon ufage, maisi lui fer-,
voient encore à fe procurer, par des échanges, tout çè qui pqdypjt fui
être neceffaire. Son fuccefléur au contraire, I’avoit laiifé dépérir ; niàis
celui q u e jy trouvai en 1787, M. Calyi de M en to n , travailloit de
toutes fes forces à le réparer-
Quoiqu’i l me lèmblat que j ravois beaucoup monté pour parvenir à
1 Hermitage, cependant quand j’obfervai le barbmetre,:rjélvis;què’je
n etois éleve que de 96 toifes aii-deifus de la ville de Fréjus, qui ne
l ’eft elle-même que de î y au-deffus de la mer.
D U C A P _R 0 U X , Chap. X X . 1*9
J ’a v o is jfonc encore beaucoup à monter pour atteindre la cime du
rocher qui faifoit le but de mon voyage. Mais la plus grande difficulté
étoit de la reconnoître du fond de l’efpece de cul - de - fac dans
l e q u e l nous étions engagés. J’efpérois quelques renfeignementsdel’her-
niite» mais il n’en favoit pas plus que moi; il ne connoiifoit que les
hauteurs voifines de fa demeure. Il voulut cependant m’accompagner,
dans l’efpérance qu’il pouvoit au moins guider mes pas jufqu’au pied
des hautes cimes.
§ 1457. Nous montâmes d’abord par une pente rapide, couverte cimes
de petits débris anguleux de porphyre. Ces porphyres font rougeâtres,
aifez femblables à ceux du Rafteu d’Agaï, §. 145} ; mais fouvent les Roux
cryftaux dé feldfpath qui entrent dans leur eompofition fe détruifent à
l’air, & la pierre 'paraît alors poreüfe à fa furface. Quelquefois même
la fréquence de ces cavités donnerait à la pierre l’apparence d’une lave,
fi la forme quarrée de ces trous ne conftatoit pas leur origine.
Nous mîmes demi-heure à gravir au haut du col qui fépare les fom-
mités que je defirois d’atteindre. On fe trouve là au pied d’un roc
élevé , de forme à peu-prés cylindrique, efcarpé & inacceffible, qui fe
nomme le Fénier.
U , nous croyions que la cime la plus élevée étoit à notre droite*
ou au Midi du Fénier, nous fîmes avec beaucoup de peine le tour de
fabafe, fur des débris de p o r p h y r e , couverts d’une broffaille tres-
haute & très-forte, nous parvînmes ainfi fur une cime nommee la Lut e, .
où l’on tient en tems de guerre un fignal & des védettes, parce que
l’on découvre de là une grande étendue de mer.
M ais lorfque nous y fûmes, nous vîmes que ce n’étoit point la plus
haute, quoique ce fut bien celle que j’avois en vue & qui de h rej
paroît plus élevée, parce qu’elle en eft plus proche.
defeendre , traverfer encore une fois ces hornb es ro ai e ,
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