qui leur a donné cette forme. En effet, on les voit fréquemment
rompues dans les endroits où les plis font les plus aigus. On les
voit auffi fouvent écartées les unes des autres & comme éclatées ;
enfuite ces mêmes couches, dans leur prolongement, redeviennent
horizontales, ou à-peu-près telles. Ce rocher a près d’une lieue de
longueur, & quoiqu ifolé auprès de Brientz, il finit par fe réunir à
ceux qui forment la chaîne feptentrionale de la vallée.
Meyrin- §. 167}. M e y r i n g e n eft un grand village, chef-lieu de la vallée
d’Ober-Hasli, élevé de toifes au-deffus de la mer. Les habitants
de cette vallée prétendent être une colonnie'de Suédois. Us
font remarquables par un dialeéte de la langue Allemande qui leur
eft particulier, & plus encore par la grandeur de leur taille & la
beauté de leurs traits; c’eft fûrement la plus belle race d’hommes
qii’i l y ait en Suiffe. Us font fujets du canton de Berne, mais avec
de beaux privilèges.
L e village de Meyringen eft auffi dans une des fituations les plus
agréables & les plus pittorefques. de la Suiffe.. La vallée n’a , qu’un
quart de lieue ne largeur, fon fond eft cuïtiyé par-tout où les débordements
des rivieres peuvent le permettre; il “eft arrofé par l’Aar &
par d’autres ruilfeàux qui viennent s’y joindre. Les montagnes qui
bordent cette vallée font trop efcarpées pour être par-tout fufcep-
tibles de culture, mais elles font couvertes de forêts, qui ne lait
fènt voir de rochers que ce qu’il en faut pour en rompre la monotonie.
Six différentes eafcades tombent entre ces bois du haut de ses
rochers. La plus confidérable éft celle de Reicbenbach ; on paife
auprès d’elle quand on monte le Scheideck, pour aller au Grindel-
wald. L'Alpbach, fitué du côté oppofé de la vallée, eft à l’ordinaire
moins volumineux, mais il eft quelquefois redoutable après des
neiges', par la quantité d’eau & de gravier qu’il verfç dans la vallée.
Côuches
içtiaiiffees. Ux peu à I’Eff de cette derniere cafcade, on voit un rocher , dont
A G V T T A N N E N , Chap. 11. 4yy
les couches paroiffent avoir été retrouffées par deffus celles qui leur
iont contigues; & comme je l’ai conftamment obfervé dans ces cas-là,
il fe trouve 'un vuide dans la place qu’elles ont occupée avant ce
foulevement. D ’ailleurs les couches de ces montagnes, la plupart calcaires
, ne s’écartent pas beaucoup de la fituation horizontale.
§. 1674. La vallée de Meyringen, eft fermée à l’Eft par un rocher Fente par
calcaire, élevé de ifo à 200 pieds. L’Aar entre dans cette vallée par Ç
une fente verticale extrêmement étroite, qui partage ce rocher dans
toute fa hauteur. On croit que ce paffage a été ouvert par une
fecouffe, dont la date n’eft pas très-ancienne. En effet, on montre fur
le haut du rocher une efpece de canal ouvert par en-haut, large
de 15 à 10 pieds, & par lequel on fuppofe que paffoit l’Aar avant
que cette fente lui eût ouvert un paffage. Dans mon voyage de 1777,
j’allai vifiter ce canal, je reconnus fon exiftence, je trouvai cependant
quelque difficulté à concevoir qu’il fût réellement un ancien lit
de l’Aar : mais cette difcuffion, d’un fait auffi ifolé, demanderait plus
d’étendue que je ne dois lui en donner dans la relation de ce voyage.
§. 1675-, J e partis lo 8 de Meyringen. A un quart de lieue de c e ri®een^ey"
village, après avoir paffe i’Aar fur un pont couvert, on monte parlm-Grund
un chemin rapide, le rocher que je viens de décrire. On fuit, après
cela fur le haut de ce rocher, un joli fentier dans une prairie ombragée
de beaux hêtres.
On defcend enfuite dans une plaine ovale à fond plat, nommée Im~
Grund; on fuppofe que cette plaine étoit un lac, lorfque l’Aar étoit
obligée de paffer par deffus le rocher qui fépare ce fond de celui de
la vallée de Meyringen. Quand on entre dans cette plaine, 11 l’on
fe retourne, en-àrriere fur la gauche, on voit la fente étroite & profonde
par laquelle l’Aar s’eft échappé. Calcaires
relevées
: §. 1676. L a petite plaine du Grund & de la vallée qui en eft la ^ivesP” '