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compofée que j’aie trouvé parmi les laves poreufes de Beaulieu, eft uii àtTeni-
S t g g p blage de cryftaux liés par une efpece de pâte grife & argilleufe. Ces
feldfpath. cryftaux font blancs, brillants, opaques, & leur tiffu paroît lamelleux;
leur forme eft celle d’un prifme quadrangulaire rectangle à angles vifs'
& à côtés égaux.
C e s - prifmes font très-alongés, & leur côté n’a guerë que demi-
ligne de largeur, tandis que la longueur eft ly à 16 fois auffi grande;
chacun eft coupé à fon extrémité par un plan un peu oblique à
fou axe.
C es cryftaux font grouppés & entrelacés entr’eux dans toutes les
direérions imaginables, & font beaucoup plus abondants que la pâte
qui les lie. Ils fe fondent comme le feldfpath bien pu r , en un verre
parfaitement tranfparent, fans couleur & parfemé de quelques bulles.
L a pâte g r ife , attire l’aiguille aimantée, même avant fa calcination;
& le feu la change en un émail n o ir .,
L es cellules de cette efpece de lave, ne font pas très-nombreufes ;
les plus grandes ont trois à quatre lignes de diametre, & fouventles
extrémités ifolées des cryftaux font faillantes dans leurs cavités.
Toudîn- §. iy29- Je trouvai, comme M. de J o in v i l le , des efpeces de pou-
*üable'ni,r" din§ ues con>P°fés de fragments de lave poreufe. Mais ce qui me parut
le plus remarquable dans ce genre, ce font des morceaux mélangés
de lave poreufe violette, & de pierre calcaire blanche & compacte.
On voit là des fragments de lave entièrement enveloppés ' par la
matière calcaire, & ifolés au milieu d’elle. *
Q uelques-uns de ces fra gm en ts , fon t extrêmement a n g u le u x , avçe
de s pointes aiguë« des ang les rentrants. Cep en dan t la pierre cal-
D E B E A U L l E U , Chap. X X VI I . ? i y
caire les embraffe de toutes parts, & remplit toutes leurs cavités
| extérieures.
Il faut donc néceffairement que ces morceaux de lave foient fur-
venus pendant la formation de la pierre calcaire,' & qu’ils aient été
dénofés dans un tems où celle-ci étoit affez molle pour fe mouler
fur leur forme, & pourtant affez ferme pour quils y demeuraffent
fufpendus fans gagner le fond par leur pefanteur.
Te n’entrerai pas dans de plus grands détails ; il feroit mal-adroit
1 de répéter ce que M. de J o i n v i l l e a dit mieux que je ne faurois
le dire.
| §. 1530. M a is ' ce dont je ne Taurois me taire , ce qui a fait
2 moi une impreffion ineffaçable, c’eft la beauté, je dirai la magnifi-btage5.
1 cence des ombrages qui font auprès du château de Beaulieu.
J e n’ai vu nulle part de plus grands & de plus beaux arbres,
former un maflîf plus impofant & d’une plus grande fraîcheur. Ce
font fur-tout des peupliers blancs qui forment ce bel enfemble , )e
ne crois pas qu’il en exifte ailleurs d’auffi majeftueux. Leurs tiges
coloffales & leurs branches vigoureufes & bien diftribuées, couvertes
d’une écorce blanche & brillante, portent jufques au ciel la malle
énorme de leurs rameaux, & donnent l’idée de la végétation la plus
forte que l’imagination puiffe fe figurer. Un ruiffeau d’une eau vive
& claire, & deux grandes pieees d’eau, l’une renfermée fous ces
■ ombrages, & l’autre dans une prairie.voifine, font avec le foleil de
la Provence , les fources de ces admirables produirions.
.
O n ne trouve pas là le faftueux étalage des jets-d’eau de Gémenos,
qui annonce l’art, qui avertit de la dépenfe, qui effraye par 1 idée de I l’entretien, : Beaulieu paroît en entier 1 ouvrage de la Nature.
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