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C H A P I T R E X Y I I.
D E G E N E S A N 1 C E.
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Intro- S ’ IJfî- PE u de voyageurs font ce trajet par terre ; il n’eft pratica-
duétion. yB qU>s, pied, ou à cheval; & même à cheval, il eft dangereux en
bien des endroits, où le fentier étroit & gliiïànt qu’il faut fuivre, eft
taillé en corniche fur la mer ou fur d’affreux précipices ; mais j’étois
extrêmement curieux de cq voyage, afin de traverfer la chaîne des Alpes
dans fa partie la plus baffe , & d’être ainii à même de la comparer avec
les parties les plus élevées que j’avois vues, & celles que j’efpérois de
voir encore.
Nous louâmes une felouque, fur laquelle nous fîmes embarquer notre
chaife de pofte, mes grands thermomètres & leur équipage, avec
un domeftique chargé de la faire partir, au moment où le vent feroit
favorable, & de yenir nous joindre à Alallio , qui étoit fur notre
route, & où on nous affuroit que nous trouverions la mer très-profonde.
P o u r nous, nous louâmes des chevaux,fur lefquels nous partîmes
le 10 d’oélobre, après-midi. Il pleuvoit à verfe dans ce moment là ,
& cela n’empêcha pas notre départ; parce que je craignois que cette
pluie, dont rien n’annonçoit la fin, ne nous retint encore long-tems
à Gênes. M. P ic t e t , plus patient que moi, auroit pris fon parti d’attendre
; mais pour moi, je devenois malade d’ennui & d’impatience ;
& je lui fus beaucoup de gré de ce qu’il confentoit à partir par un
auffi mauvais tems. Heureufement il n’eût pas lieu de fe repentir de fa
eomplaifance ; car à peine fûmes-nous hors des murs de Gênes, que
la pluie ceïïà, & nous jouîmes du plus beau tems pendant tout le refte
du voyage.
§. 1336. En fortant de la ville, on paife auprès du Fanal, & l’on
voit que le rocher qui lui fert de bafe a été féparé, vraifemblable-
ment par le travail de l’homme , de la montagne qui lui correfpond
de l’autre côté du chehùn , & dont la matière & la fituation des couches
font abfolument les mêmes. C’eft une pierre calcaire, argilleufe,
noirâtre, dont la furface extérieure eft grife, rude & terne; la caffure
d’un gris noirâtre compaile, terreufe; la rayure d’un gris blanchâtre
& l’odeur terreufe ; elle n’eft que demi-dure, ne donnant point de
feu contre l’acier : elle fait une vive effervefcence avec les acides, mais
fans s’y diffoudre & même s’y déformer , quoiqu’elle y devienne friablè
&. tachante : au chalumeau, elle fe fond avec peine en une fcorie blanchâtre
& bulleufe; c’eft un verhdteter mergel de M. Werner.
M. le Docteur R o s s in i , qui a formé à Gênes une colleftion miné-
ralogique très-intére(Tante , a eu la bonté de m’envoyer un morceau de
cette pierre pris fous l’eau de la mer, à la pointe du Cap-du-Fare ,
& qui renferme des pholades vivantes dans leurs trous ; je dis vivantes
, parce qu’elles vivoient quand on a tiré la pierre de l’eau ; je dis
aulli vivantes , par oppofition a fojjiles 3 car on ne trouve dans cette
pierre aucun coquillage foffille. ( 1 )
( i ) Le même favant m’a auffi envoyé
de très-beaux cryftaux de fpath calcaire,
trouvés dans les crevaffes de l’ancienne
carrière de ce cap.
La carrière nouvelle contient auffi. une.
pierre remarquable que m’a envoyée M.
H#ssini ; fa fubftance reilemble à celle
que je viens de décrire, fi ce n’eft qu’elle
eft plus dure, qu’elle a l’afpeét moins terreux
, & que fes couches font plus minces.
Ce qu’elle a de particulier, c’eft que fes
couches font excavées à leur furface par
des filions quelquefois droits, mais le plus
fpuvent tortueux, ou en forme de labyrinthe
; ils reflemblent beaucoup à ces
ornemens d’architeéture que l’on nommé
vermiculés. Ces filions ont depuis une
demi-ligne jufqu’à 3 lignes dp largeur, fur
Fanal.
Couches
calcaires.
Daïls ou
Pholades.