S U P E R G U E. Chap. X I .
C H A P I T R E XL
S U P E R G U E..
Tntro- §• i 3oj. O n fait que Supergue eft une très-belle Eglife, Bâtie fur
duôion. i l haut d’une montagne voiline de. Turin, par le roi Victor Ainédée„
en accompliffement du voeu qu’il fit en 1706 , pour obtenir du Ciel
El levée du liege de fa capitale; J’y étois allé dans mon premier voyage;
mais je me fis beaucoup de plaifir d’y retourner en 1780, avec Mr. le
marquis de B r e z é , qui eut'là eomplaifance de nous y conduire, Mr.
P ic t e t & moi. On commence à, fuivre les bords du. Pô pendant trois
quarts d’heure ; après quoi; l’on monte pendant une bonne heure ,, par
un chemin allez rapide, mais très-bien entretenu..
Cailloux §• r ?04- La pente de fa montagne & fà fômmité même font cou-
roulés. vertes de gravier, de cailloux, & même de blocs roulés de granit, de-
porphyre, & fur-tout de ferpentines, qui fontlà très-abondantes & très-
variées. Plufieurs de ces-ferpentines tombent en deeompofition. Il yen.
avoit même qui fe feraient entièrement décompofées fans le fer qu’elles,
contenoient,. & qui en s’ûxidànt par l’action de l’eau & de l’air, étoit:
devenu un gluten qui avoit lié. les parties extérieures de la pierre &
en avoit formé une croûte folid’e, épaiffe d’un ou deux pouces. Cette
croûte renfermoitjes parties intérieures de la pierre, qui; étoient incohérentes,
parce que le fer qu’elles contenoient , privé de l’accès de l’àir
extérieur n’avoit pu s’oxider. Ces pierres avoient au moins un pied de:
diametre ; & comme leur forme étoit à peu-près-fphérique, celles- qui:
étoient brifées reffembloient, les unes à,des éclats de bombe, & les autres;
à ces boules baza'ltiques- à couches concentriques, que l’on rencontre-
fréquemment dans les pays volcaniques. J’en avois. vu plufieurs, &
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lès avois décrites dans mes deux premiers voyages de 177* &de 1780;
mais dans le dernier que je fis en 1787» je cherchai ces boules pour
les montrer à mon fils, & il me fut impoffible d’en retrouver une feule ;
elles avoient fans doute achevé de fe détruire-
§. 1304. A. J’y trouvai auffi un aifez grand fragment dune très- Caîeé-
bellecalcédoine d’un gris violet, parfaitement demi-tranfparente, très-
dure, à calibres ici égales, là conchoïdes, & le plus Couvent écail-
leufes. On reconnoît très-bien dans cette pierre ce qui forme dans les
foffiles homogènes ce genre d’éclat que M- W e r n e r a nommé fcin-
tillant ( Sckimmernd). En l’obicrvant avec une forte loupe, on voit
que la caffure eft par-tout très-brillante & par-tout conchoïde, mais
que les inégalités de fes; petites’ conques font caufe qu’on ne voit la,
lumière réfléchie que par quelques-unes d’entr’dles, qui forment comme
autant de petites étincelles, tandis que celles dont la réflexion ne
parvient pas à l’oeil forment un fond prefquemat.
C e t t e pierre, qui par les procédés ordinaires effi infufible au chalumeau
fans le fecours del’oxigene, fe laiffe fondre par l’air commun ,
iorfqu’011 en fixe fur la pointe de fappare un; fragment qui n’ait pas;
plus d’une cinquantième de ligne. Le verre qui en refaite eft blanc |
très-brillant, & prefqu’opaque par les bulles dont il eft rempli-
§.1304. E . Les porphyres roulés dé Supergue' font prefque tous à’Porphyres,
pâte de petrofilex primitif, dans les. différentes nuances du rouge &
du violet, écailleux, durs , avec des grains, les uns de feldipath rhom-
boïdal, ou blanc ou rougeâtre, les autres de quartz tranfparent &
fans- couleun
- §. 1304. C. Granit compofé d’un peu de mica noir & de deux efpeces
de feldfpath., l’un blanc & gras,, l’au tre rouge vineux foncé^ &fee.- Je faifis>
îoccafion de ce- granit pour donner les caractères diftiudifs d une eipece
de feldfpath. que je crois différente du commun , que je nomme g fus ,
& que j’aurai fouvent occafion de nommer dans ces voyages