C H A P I T R E XL.
D E L Y O N Al G E N E V E . * 4
Sortie de §. 1645-, L orsqu'o n fort de Lyon pour aller àGeneve, on côtoie
îm'tde d’abord le Rhône par une très-belle route, coupée il y a environ 20
fable. ans dans la colline qui borde ce fleuve. La coupe de cette colline
ne préfente d’abord que du fable & du gravier, de différents degrés
de fineflë, difpofés par lits, la plupart horizontaux, dont cependant
quelques-uns font inclinés, d’autres rompus & même moirés ou chi-
nés. Il s’y mêle enfuite des cailloux roulés, la plupart quartzeux.
O n monte de-là à Mirebel, d’où l’on vient à Montluel, & de-là
jufques au pied de Cerdon, au-travers des villages de Meximieux,
St. Denis, Ambronay, St Jean le vieux, conftamment dans des
plaines couvertes de cailloux, & fouvent en fi grande quantité qu’ils
empêchent la culture des terrçs. Les quartz ou les grès durs, quartzeux,
font l’elpece dominante ; on y voit cependant quelques cailloux des
Alpes, comme des fchiftes micacés, des fchifles de hornblende, des
ferpentines. Cependant lorfqu’on traverfe le lit de quelque torrent, ou
de quelque riviere qui vient des montagnes voifines, on y voit
dominer les pierres calcaires.
Sntrce du §, 1647. L es premiers rochers que l’on voit en place font à demi
lieue au Sud du Cerdon, fur la droite , ou à l’Eft de la grande route ;
ils font calcaires comme le Jura, dont ils font partie. La pierre eft
compade , jaunâtre. Ses couches font très-inclinées, quelques - unes
mêmes verticales, ou à peu-près telles.
A G E N E V E , Chap. X L . 47*.
DeiA jufqu’à Cerdon, l’on côtoie la riviere d’Ain dans une route
charmante, bordée de prairies, que dominent des rochers calcaires, en
couches à peu-près horizontales, entrecoupées de verdure. On voit
cependant encore fur -cette route des collines compofées de cailloux
roulés, mais tous calcaires, & venant par conféquent de l’intérieur .
du Jura.
ç. 1648. O n commence à monter la première ligne du Tura , , Montee
. . . . ^ , - i r s du Cerdon. un peu au - delà du village du Cerdon, qui donne fon nom à cette
montée. Ce village eft élevé de 1^6 toifes au-deflus de la mer; le
chemin large , très-bien fait, mais coupé en corniche au-deflus d’une
pente rapide, étonne un peu les voyageurs qui n’ont pas encore vu
de montagnes. En montant ce chemin, on a à fa droite un vallon très-
profond , & on côtoie à fa gauche les efcarpements de la montagne.
Le bas de cette montagne eft compôfé de couches alternatives d’une
pierre calcaire, grife, compacte, folide; & d’une autre pierre calcaire,
argilleufe, bleuâtre, tendre & deftructible. Vers le haut de la montée
les couches folides dominent; on voit cependant çà & là quelques
couches tendres, argilleufes, interpofees entr’elles. Ces couches font «
toutes à peu-près horizontales, mais celles de l'autre cote du vallon
paroiflent fréquemment inclinées.
Du haut de cette montée, on a un point de vue charmant, des
cafcades, de beaux rochers, des ruines de châteaux pittorefquement
fituées, & un joli ruiffeau qui ferpente au fond d’un vallon ombragé
par de beaux noyers.
A p rè s la grande montée du Cerdon, l’on defcend pour remonter
encore jufqu’à une lieue & un quart du village, d’où l’on renvoie les
chevaux additionnels qu’il a fallu prendre. Cet endroit eft éleve de
161 toifes au-deflus du village du Cerdon ; delà on defcend prefque
toujours jufqu’au pont de Mdilluc, en ferpentant dans des vallées totr
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