Singularités
géologiques
du Mont-
Cçnis.
les plus grands efcarpements de la chaîne centrale font auflï [tournés;
du côté de l’Italie. Les rochers au-deffous de la Grand-Croix au Mont-
Cenis font prei'qu’à pic-; il a fallu tailler en zig-zag dans le roc , le
chemin parlequel on- defcend; au lieu qu’au-deffous. de la Ramaffela
pente eit beaucoup moins rapide. Et de même le Mont-Blanc , qui du
côté de la Savoye préfente une pente allez douce pour qu’on puiffe
y monter, n’offre du côté de l’Italie, au-deffus, de l’Allée blanche que
des murs abfolument inacceffibles,
§,1301. Le Mont-Cenis préfente quelques Angularités que je ne-
dois pas .omettre de faire remarquer dans ce réfumé. D’abord ce.grand
amas de gypfe du côté de la Savoye. E n f in i l eft bien remarquable
que la partie la plus élevée de la- chaîné, & les cimes mêmes les plus;
hautes, telles que Roche-Melon,. Roche-Michel, Ronche, Corne*
Rouffe, la Vanoife, foyent en entier des fchiftês micacés , plus ou
moins mélangés de parties calcaires ; & que les: granits, foit en ni a (Te ,
foit feuilletés , foieut rélégués loin de la chaîne- centrale , pour ne former
que des montagnes du fécond ordre tandis que- dans plufieurs
autres parties des Alpes & de diverfes autres grandes chaînes de montagnes,
les granits .occupent la chaîne- centrale & forment les cimes
les plus élevées.
Enfin , l'a fituatîon généralement 'horizontale ou -très-près de l’horizontale
qu’affectent toutes ces hautes „montagnes micacées 1 calcaires
du Mont-Cenis, eft encore un phénomène linon unique-, du.moins bien
rare dans les Alpes. Ce qui le rend encore plus frappant, c’eft que les
baffes montagnes de ce paffage, tant en Piémont qu’en Savoye , ont
très-fréquemment leurs couches ou verticales ou très-inclinées. Les
granits veinés de St. Antonin, les petrofilex de Termignon , les belles
couches calcaires auprès de St. Michel, les ardoifes , les roches feuilletées
entre St. Alichel & St. André, & les -roches de petrofilex & de
granit entre Aiguehelle & St. Jean, en donnent de beaux & nombreux
exemples, '
«. j ;o2. Que conclure de tous ces faits ? C’eft que ce ne font pas ConcIlI.
.¿es caufes dont l’aétion fut uniforme & régulière, qui ont préfidé à (ion.
eompofer ces montagnes & à leur donner l'arrangement & la forme
que nous leur voyons. Il faut que ce foient, ou des caufes différentes,
ou une caufe unique, dont l’attion pouvoit être modifiée par une foule
d e circonftances locales. Ce défordre rappelle naturellement à l’efprit
l’idée des feux fouterrains; mais comment des feux capables de fou-
lever & de bouleverfer des raaffes auffi énormes, irauroient-ils laiffé
ni fur ces mêmes maffes, ni dans tous ces lieux aucun veftige de leur
adion? Au moins eft-il certain que quoique j’aie cherché à en trouver
des traces, je n’ai pu découvrir dans tout ce trajet aucun minéral,
aucune pierre qu’on puiffe même foupçonner d’avoir fubi l’action de
ces feux.