i jS D E M I L A N
Col de §■ ‘ 357- Nous mîmes deux heures d’Ottagio à la Bouquette. Comme
b Bou. quelqu’un m’avoit dit à Milan, que l’on regardent la montagne de
«nette. ja Bouquette comme un volcan éteint, & que fon nom même défi-
gnoit la bouche de ce volcan , je réfolus. de l’obierver avec beaucoup
de foin.
Je vis d’abord qu’il n’y avoit là aucune apparence de trou ni de cratère
; mais le palfage ferré entre deux fommités, arrondies & médiocrement
élevées , peut être comparé à une bouche dont ces deux fom
mités formeroîent les levres.
En fuivant cette dénomination, Ta îevre occidentale, ou la fommité
que l’on' laide à fa droite > en allant à Gênes, a fa bafe au niveau du
chemin, compofée d’un talc durci, noirâtre & très-gras au toucher,,
qui fe décompofe à l’air & fe change en une efpece de terre ; c’eft
vraifemblablement cette pierre noire qui aura trompé quelque voyageur
, & qu’on aura prife pour une lave car on ne voit là aucune autre
pierre qui ait la moindre reifemblance avec aucune produflion des.
volcans i quelques, parties- de ce talc font coupées par des veines de
quartz blanc & d’asbelte dur.
En montant au-deflus du rocher de talc, on trouve une pierre argile
leufe, grife , tendre , feuilletée , très-douce au toucher, pefante , non
effervefceute, qui fe divife d’elle-même en fragmens rhomboidaux. Je
l’avois d’abord prife pour une pierre de corne, mais comme elle eft
extrêmement réfraélaire , & que la flamme,du chalumeau ne fait que
lui donner un oeil vitreux fans la fondre, je crois devoir la regarder
comme une pierre compofée d’argille i elleeÛ de la même nature que
le fchiite gris du §. 1217.
Je montai jufqu’à la cime de ce monticule, & je le parcourus en
tout fens, mais fans y découvrir autre chofe que du quartz, & la
pierre argilleufe que je viens de décrire.
r c A G E N E S , Chap. X I K r j»
rjj8. L ’autre devre de cette bouche, ou le monticule qui
occupe le côté gauche, n’a point fa bafe compofée de talc durci comme coi. ’
celui qui lui eft oppofé. Cette bafe eft une pierre calcaire grife, moyenne ¥ierte cal'
entre le grenu & le compaâe , & dont les couches minces font réparées
par des particule, de fchifte argilleux , femblable à celui que j’ai
décrit à la fin de l’avant dernier paragraphe. ( r )
Au-deflfus de cette pierre calcaire , je trouvai une pierre argilleufe,
exactement femblable à celle de la colline oppofée. Je montai aulfi à
la cime de cette colline, qui eft plus élevée & plus éloignée du chemin
que celle de la droite , & je n’y découvris non plus aucun vef-
tige de volcan.
g. 1535, En defeendant du »ol de la Bouquette à Gênes, on retrouve üef-cente.
un peu au-deifiaus du col, des couches minces de la pierre argilleufe, du col d*
grife qui forme la cime de ces deux monticules ; & ces. couches ont B L l " !
là une fituation bien déterminée : elles font verticales, & leurs plans Géne».
courent directement du Nord au Midi ; de là jufqu’au bas de la def-
cente, ce font des alternatives continuelles de talc , de pierre calcaire
grife & compaite, de fchifte argilleux & d’ardoife proprement dite.
Mais au bas de la defeente, & de là jufqu’à- Gênes , on ne voit plus
que de la pierre calcaire; la ville paraît bâtie fur cette pierre, & toutes
les collines qui l’entourent paroiifent aufli en être compofées.
S ur toute la route de Novi à Campo-Marone, qui a 10 lieues de
longueur, on voyage toujours entre deux collines de formes variées,
dont les fommités font prefque toutes boifées & couvertes de châtai-
( 1 ) Un favant, qui eft tout à la fois un
profond minéralogifte , & un excellent
obfervateur, M.Be s so n , a fouvent obfervé
dans les Alpes des bancs de ftéatite, fitués
dans une vallée v is -à -v is des bancs de
pierre calcaire qui paroiifent leur corref-
pondre. Tableaux delà Suiffe , t. I , p. 97.
Mais il eft rare de les voir à d’aulS petites
diftances. I c i , ils ne font féparés que pat
la largeur du chemin.
S a