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feraient certainement d’un bien grand intérêt pour les géologues.
De Nice
Antibes.
§. 1428. En fortant de Nice & pre fque dans la ville même, on tra-
verfe le ruiffèau du Paillon , & enfuite le fauxbourg qui a pris le nom
de Fauxbourg des Anglois, à caufe de la quantité de mâifons que les
Angloisy poffedent, ou y louent. Tout ce fauxbourg rempli de jardins,
feroit délicieux à traverfer, fans les murs qui en dérobent la vue. En-
fuite en paifant au bord de la mer, on laide du côté oppofé le pied
de plufieurs collines qui fe terminent là , & qui parodient compofées
de fable & de cailloux roulés. On entre enfuite dans des prairies, &
delà dans un joli bois qui borde le Var. En fortant du bois on guée
avec plus d’ennui que de danger les bras nombreux de ce vilain torrent.
Je ne vis dans les cailloux qu’il roule que des pierres calcaires ou
des grès; mais M. le S u e u r m’afiura qu’il y avoit ramafle des laves & des
porphyres. Il n’y avoit point trouvé de granits. En paflant la riviere „
on voit du côté de fafource de belles cimes couvertes de neige qui font
partie des hautes Alpes.
D es bords du Var on monte au village de St. Laurent, le premier
de la France fur cette route. Ce village donne fon nom à des vins
mufcats fort eitimés. Le vignoble, de même que le village, font fitués
fur une colline toute de fable & de cailloux roulés. Deux ou trois
autres collines que l’on traverfe font auffi compofées dés mêmes..matières.
C’eft ce que l’on voit fur-tout en paflant au-deflous du village
de Cagne,; à §|de lieue de St. Laurent. Dn trouve là le chemin,
coupé à pic , à la profondeur de iy à 20 pieds dans des lits de
fable ou de cailloux roulés qui montent, doucement vers l’Eft- On
rencontre le long de cette route de très-beaux aloës, agave ameri-
cana, qui, eroiflent en plein air fans foin & fans culture. La ville de
Cagne & fon château, entouré de crénaux, forment un joli point de
vue furie haut de la colline , tandis que le bas eft arroféparun ruiffeau
bordé d’arbres, & de prairies.
A une petite demi-lieue au-delà de Cagne , & après aWr pafie lé
pont du Loup , on voit une breche fur laquelle pafie le chemin. Cette
breche eft compofée de débris calcaires fouvent anguleux, lies par une
pâte qui eft auffi calcaire. Ces rochers font les premiers que l’on rencontre
depuis Nice.
On voyage enfuite au bord de la mer. Entre les cailloux roulés,
ceux qu’on y trouve les plus nombreux font les quartz, puis les pierres
calcaires, puis les grès ; enfin les pierres de corne ou hornblendes
fchifteufes. Ces grès font fréquemment mêlés de mica, mais on n’y
voit point de fchiftes micacés proprement dits, non plus que de
granits.
On y rencontre des cailloux blancs dont il eft difficile de décider
fi ce font des quartz grenus ou des grès, & qui à leur furface ont
des trous de la grandeur d’un pois ou d’une lentille. Lorfqu’on cafle
la pierre, on voit dans l’intérieur, non des trous, mais des taches de
couleur de rouille, où les grains de la pierre féparés par une ochre
ferrugineufe, ont entr’eux moins de cohérence. Si cette ochre vient
d’un fer fpathique décompofé comme cela eft vraifemblable, il n’en
refte plus d’intaft dans la pierre , car elle ne fait nulle part effervef-
cence avec les acides.
Un petit quact-d’heure avant d’arriver à Antibes, on pafie auprès
du Fort-quarré, conftruit fur un rocher qui s’avance dans la mer.
J e quittai la grande route pour aller obferver ce rocher ; je le trouvai
compofé de débris-calcaires de diverfes grandeurs, on en voit de
très-petits, & on en voit auffi d’une toife de diametre- Ils font pref-
que tous anguleux, & liés par une pate calcaire, qui, en quelques
endroits, ne paroît qu’une efpece de tuf tres-tendre.
§. 1429- A r r iv é à Antibes, je profitai de deux heures de jour qui
reftoient pour aller voir le rocher fur lequel eft bâtie l’églife de Notre-
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Cailloux
des bords
de la mer.
Fort
quatre fur
breche calcaire.
Notre-
Dame d»
la Garde.