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obfervation de M. de Luc, calculée fuivant fa formule, ne donne que
997 toifes, & fuivant la formule de M. T r em b le y 1024.
Belles
dalles de
fehiftes.
Plaine
du Ittont-
Cenis,
Elévation
de fan lac.
Je vis là, en 1780, des dalles de fchifte micacé calcaire, remarquable
par leurs formes parfaitement planes , quoiqu’elles euifent trois à
quatre pieds en tout fens, & une épailTeur d’un pouce au plus ; on
les tirait de l’endroit même, tout près de la grange du Meut.
§. i2}6. D e l à on defcend dans la jolie plaine du Mont-Cenis ; cette
plaine a environ une lieue & demie de longueur fur un grand quart
de lieue de largeur. Elle eft couverte des plus beaux pâturages &
àrrofée par un lac rempli de la plus belle eau, qui en occupe à peu
près la moitié.
Comme cette plaine eft ouverte au Sud-Eft, du côté de l’Italie , &
fermée de tous les autres côtés par des hauteurs plus ou moins confi-
dérables , elle jouit d’une température beaucoup plus douce qu’on ne
pourrait l’attendre de fon élévation. Souvent après avoir rencontré des
brouillards glacés, ou des vents froids & incommodes fur le haut du
paifage, le voyageur, en arrivant dans cette plaine, y trouve un
beau foleil, le calme & la douce température du printems, & il y voit
les plus belles fleurs croître fans culture dans tous les pâturages.
C e p en d an t la furface du lac qui occupe le fond de cette plaine,
eft élevée de 98 a toifes au - déifias de la mer. C’eft du moins la
moyenne hauteur que donnent quinze obfervations du baromètre que
j’ai faites en 1787.
Ce même lac eft aufli, d’après mon obfervation, de 77 toifes plus
bas que le point le plus élevé du paifage auprès du Chalet du Meut.
§. 1235. Il fuit delà, que la moyenne qui réfulte de mes quinze obfervations
, ne différé que d’une feule toife de la moyenne, prife entre
D U M O N T - C E N I S , Chap. V I . 59
l’obfervation de M .P 1 0W , en t7 8o, & mes deux obfervations de
177a & i 787'
q 1257. Du haut de ce paifage, on vient en demi heure à laPoftc La ¡»ofte
qui eft fituée dans un hameau de quatre ou cinq maifons, nommé
Tavernette; ce hameau eft bâti fur un monticule, élevé fuivant mon
obfervation de 27 toifes £ au-delfiis du lac. A peu près vis-à-vis du
milieu de fa longueur, le maître de pofte tient une petite auberge ,
où les voyageurs s’arrêtent fouvent ou pour fe repofer & fe réchauffer
, ou pour manger des truites faumonées du la c , qui font exceltes
dans leur genre. ( 1 )
C omme j’avois des expériences & des obfervations a faire fur le
Mont-Cenis & ;dans les environs, je palfaiavec mon fils, en 1787 L cinq
jours dans cette auberge, nous y fûmes logés un peu à l’étroit, mais
bien nourris, tenus très-proprement, & quoique la faifon ne fut pas
belle, nous quittâmes avec regret cette jolie vallée & les bords rians
de fon lac. Nous allâmes fur la Roche-Michel, haute montagne
fituée au-delfus de celle delaFraife, où étoit allé avant nous M- de
L am a n o n . Je, donnerai dans un chapitre féparé les détails de cette
excurfion.
Mais je rendrai compte ici du tour du lae que nous fîmes en nous
promenans. Comme cette promenade ne prend qu’une heure & demie
de tems, quelques voyageurs feront peut-être curieux de la faire &
de trouver ici la notice des objets qui peuvent fixer leur attention.
( O t a pêche du lac s’afferme ç jo liv .
de Piémont, ou ¿36 liv. de France par
année, & même le fermier n’a la permif-
fion de pêcher quo dans une faifon limitée,
mais auffi la truite qui eft très-recherchée,
même à Turin , fe vend fur les lieux 3 S
fols de Piémont la livre de 12 onces, ce
qui revient à 56 fols de France la livre de
16 onces.
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