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le nombre des pulfations, des arteres de tous ceux qui compofoient
notre petite caravane , & je le comptai de nouveau à notre.arrivée à
la pofte du Mont-Cenis.
J e a n -B a p t i s t e B o r o t , en haut 112, en bas 100
B e n o i t B o c h ......................... 96
J o se ph T o u r , . . . .
OO O
88
T e t u , mon domeftique, . . 104 . . . 100
Mon Fils, . . . . . 108
M o i , ..................... ’ . 100
M o y e n n e ........................... • mm - ■ 98
On ne voit point là Jofeph Gagnieres, parce qu’il trouvoit cette expérience
fi plaifante, que toutes les fois que j’eiTayois de lui tater le pouls, il
luiprenoit un éclat de rire convulfif, qui me mettait dans Pimpoflibilité
de compter les pulfations.
On voit que Jofeph Tour fut le feul qui eût le pouls plus fréquent
au bas de la montagne qu’en haut ; que pour mon Fils, le nombre
fut le même, & que les quatre autres l’eurent plus fréquent fur la
cime; enforte que la moyenne donne fixpulfations par minute déplus
en haut qu’en bas, pour une différence d’environ 4 pouces z lignes
dans la hauteur du baromètre. 11 y a même ceci à obferver, c’eft que
je comptai les pulfations fur la montagne, après un féjour qui équi-
valoit a un repos de.deux heures au moins pour les guides; au lieu
que dans la plaine, comme ils vouloient fe retirer, je fus obligé de
les. compter quelques minutes, après notre arrivée.
Ce qu’il y à encore de plus remarquable., c’eft qu’en féparant ceux qui
avoient eu mal au coeur de ceux qui étoient demeurés bien portans ;
je trouve que la différence moyenne fut de 9! pour les premiers
ieulement de pour les autres. Cette obfervation confirme bien ce
que j’ai toujours ctu, c’efi: que cette incommodité tient en partie à une
elpece de fievre produite par la fréquence de la refpiration , qui accéléré
la ^circulation du fang. Et quant à moi, fi mon pouls fut de 11
SUR R O C H E MI C HE L , Chap. FMI . $7
pulfations plus fréquent en haut qu’en bas, quoique je n’eurte éprouvé
aucune incommodité; c’eft que je ne merepofai pas un feul moment;
je fus pendant ces deux heures dans une aftion continuelle ; fi je m’é-
tois repofé comme les malades, je ne doute pas que mon pouls n’eût
baille de pluiburs pulfations.
§. 12,31. Nous repartîmes à deux heures après-midi de la cime de
Roche-Michet ; les guides étoient très-impatiens de redefcendre , &
quoique j’euffè grand faim, ils ne voulurent pas me donner le teins de
manger un morceau; ils craigffoient, avec raifon, que l’épais brouil-
Tfd qui nous enveloppoi't ne defcendit plus bas, & ne nous empêchât
de reconnoître la route que nous devions tenir. En effet, nous
eûmes d’abord quelque peine à retrouver le partage par lequel nous
avions tràverfé l’enceinte de rochers qui entoure la bafe de la cime;,
niais après une demi heure de marche, nous nous trouvâmes hors du
brouillard , „& nous fîmes une halte délicieufe, aflis au pied d’un roc
qui nous tenoit à l’abri du vent, fans nous empêcher de jouir de toute,
la vue des montagnes du côté de l’Italie. Nos malades ne fouffroient
plus ; ils n’avoient cependant pas recouvré leur appétit ; mais je les
les engageai à manger, & cela leur réuffit très-bien; l’appetit & les
forces revinrent eu même tems..
M a l h e u r e u s e m e n t le brouillard nous envahit de nouveau, & nous1
fit manquer une pente de gazon par laquelle nos guides nous promettaient
de nous.faire.defcendre ; enforte quejufqu’au plan des Jumens,
nous defcendimes par des pentes couvertes de gros débris, anguleux ,
qui nous'faiïbient regretter vivement ce1 gazon, dont on nous avoit
flattés ; mais dès-lors nous n’eûmes plus de brouillards, & nous arri-.
vâiiiés à l’a Pofte à l’entrée de la nuit, en faifant à pied toute la route „
qui nous prit environ quatre heures, fans y comprendre une ou deux
haltes que nous fîmes en defcendant.
§> 1282. E n approchant de la plaine du Mont-Cenis, & tandis que
nous la dominions encore, j’obfervai un. phénomène météorologique
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au Mont-
Cenis.
Phénomène
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