C H A P I T R E X X I X .
D ‘ A I X A A V I G N O N .
Introduc- §. î <¡37. D a n s mon voyage de 1787, je vins de Geneve en
Provence, en fuivant depuis L y o n jufqu’à Avignon la rive g au ch e du
Rhône. Mais en revenant, je paffai par Arles, & je fuivis depuis
Tarafcon jufqu’à Tournon la rive droite de ce fleuve. Je rapporterai
en peu de mots ce que ces deux routes m’ont préfenté de plus inté-
reffant pour la géologie.
Bancs E n fuivant la montée cCAvignott, un peu au - deffus des Platricres
arafiîex Cluei’ai décrites dans le chapitre précédent, on voit le long du grand
& petro- chemin des couches horizontales d’une pierre'calcaire blanchâtre qui
filex. alternent avec des lits d’une terre de la même couleur. Çes bancs de '
pierre renferment dans le milieu de leur épaiiTeur, une autre pierre,
dans laquelle font contenus des noyaux de filex-
C h a c u n de ces bancs, dont l’épaifïêur varie depuis u n pouce juf-
qu’à 5 ou 6 , eit donc compofé de trois fubftances différentes; 1°.
La pierre blanche. a°. La pierre brune. j°. La pierre à fufil.
L a pierre blanche N°. I. forme le deflùs & Te deffbus de chaque
banc; elle eft calcaire, d’un blanc tirant fur le roux; elle fe caffe en
fragments irréguliers, raboteux, à angles obtus; fa caffure préfente
un mélange de grains plus ou moins petits, informes, terreux & fans
aucun éclat. Elle eft rude au toucher, tache un peu les mains; elle
eft tendre, mais cependant moins que la craye. Elle différé donc de
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celle-ci par un peu plus de dureté & par un grain plus groffier. Elle
fe diffout dans les acides avec beaucoup d’effervefcence, & laiffe en
arriéré un petit fédiment argilleux.
L a pierre brune ( I I ) , qui occupe le milieu des couches de cette
efpece de craye, eft d’un brun ifabelle clair, elle fe caffe en fragments
conchoïdes à bords tranchants , & dont les angles & les éclats minces
font translucides; fa caflure eft compa&e, écailleufe, à écailles, les
unes très-fines, d’autres affez grandes. Son éclat eft foible, un peu
fcintillant, fa rayure eft d’un gris blanchâtre, fa dureté un peu plus
grande que celle du marbre, quoiqu’elle ne donne point d’étincelles
contre l ’acier. Dans les endroits où elle confine avec la pierre crayeufe,
elle fe fond par nuances avec elle. Au chalumeau elle fe change, quoiqu’avec
peine, en une fcorie d’un beau blanc, parfemée de petites bulles,
dont la fufibilité, exprimée par un globule égal à 0,3, corref-
pond au 189* degré de ’Wedgewood.
Élle fait effervefcencç avec l’acide nitreux en donnant beaucoup de
petites bulles;- & un morceau d’une ligne d’épaiffeur, après y avoir
iejcurné pendant yingt-quatre heures, fe trouve avoir perdu beaucoup
de fa dureté , fu.r-tout à fa furface; il tache même un peu en fauve &
fe brifè entre les dojgts, fans cependant s’y réduire en poudre. Alors
fa fufibilitén’eft que0,1;. ou y g ie. degré dé "Wedgewood.
D ’a pr ès ces caractères, c ’eflt upe efpece de la pierre que j’ai décrite
J au §. ry 2 4 , fous le nom de filiciculce.
Les n oyaux ( I I I ) renfermés dans cette pierre brune,font de couleur
fauve, translucides, d u r s , leur caffure parfaitement conchoïde, liffe en
quelques endroits, un peu écailleufe en d’autres, ayant en un-mot,tous
les caraéteres de la vraie pierre a fu fil» .ou du feuer/iein de W e r n e r .
Ces noyaux de pierre à fu fil, font difperfés dans la pierre brune;