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& nous la quittâmes vis-à-vis d’un hameau nommé Colombier. Là nour
tirâmes à-l’Eft. nous vînmes auprès des granges de Maloubret, &
nous entrâmes dans une grande plaine couverte d’une brouffaille de
chênes verds, de genevrîers & de buis, où la route étoit à peine
indiquée. Nous yoyageâmes pendant une heure dans cette plaine juf-
qu’à la grange de Treiliat, fituée fur le penchant d’un ravin dans
lequel 'nous defeendîmes, & dont nous fuivîmes le fond. Tout ce pays
eft couvert de dgbris calcaires anguleux; je n’y vis aucun caillou
étranger, mais beaucoup de filex formés dans la terre calcaire, les
uns opaques, les autres demi-tranfparents diverfement colorés, quelques
uns même aflez beaux. En fuivant ainfi le fond de ce vallon par
pn mauvais chemin, fillonné par de profondes ornieres dans un fable
argilleux, nous vînmes en 4 heures | depuis Montelimar au petit
bourg de Vallaurie. Là il fallut faire rafraîchir les chevaux pendant
que nous mangions une omelette dans un méchant cabaret.
De Val- §, 1566. Après cette halte frugale, nous fuivîmes lâuric si ... • v • h encore le fond
Grîgnan. du même vallon fur du iàble où des grès tendres, d’un rouge fingu-
lierement vif, & recouverts çà & là de débris calcaires & de filex.
Petrofilex Là encore, je trouvai des noeuds naturellement arrondis de petro-
àsçpree. fîjeXj dont fécorce de 6 lignes à un pouce d’épailfeur, étoit grife
prefqu’opaque, tandis que le noyau concentrique à cette écorce étoit
fauve & demi-tranlparent. L ’un & l’autre donnoient des étincelles à
l ’acier, beaucoup de bulles dans l’acide nitreux, & fe laifibient fondre
au chalumeau. J’y trouvai auflï des fragments d’un beau filex demi-
tranfparent', honiogene, d’un beau gris de perle, approchant de la
calcédoine. Ce filex ne donnoit point de bujles dans l’acide nitreux,
& cependant les éclats très-minces fe laifibient fondre au chalumeau
en un verre blanc & bulleux,
* Au bout de trois quarts de lieue de route dans ce vallon, nous
commençâmes à monter par un chemin, d’abord pavé, puis fangeux.
puis fur le roc. Ce roc, dont eft compofé tout le plateau de Gri-J
gnan,eft rempli, je dirois prefque compofé, de débrft de coquillages ;
il eft cependant mêlé çà & là de fragments d’une pierre calcaire plus
compacte & de petrofilex. Dans cet endroit, le chemin étoit fi mauvais,
que fans une extrême imprudence on ne pou voit pas demeurer
en voiture. Il fallut donc, faire à pied près d'une demi-lieue. Depuis
le hameau de Caroir le chemin fut un peu moins mauvais. Il pafle là
au pied d’une colline argilleufe, blanchâtre, en décompofition. Enfin
en a heures un quart de marche, lente à la vérité, nous arrivamess
au village ou à la petite ville de Grignan- J
Château
§. i f 67. L e château, fitué au-deiïus du village, prefente de loin de Gri.
un afpecl très-fîngulier ; il occupe ra cime d’une efpece fie montagne
jfolçe au milieu d’un grand plateau nud & pelé. C’eft un édifice énorme,
de forme irrégulière, guindé fur des murs de terrafle d’une hauteur
prodigieufe. Au pied Me ces murs font entafiees les màifons de la
petite ville de Grignan, toutes renfermées par une muraille flanquée
de tours, II eft difficile d’imaginer quelque chofe de plus trifte & d e
plus, extraordinaire-
Nous eûmes le plaifir de rencontrer, à l’entrée de la ville, M. Gen-
t o n de St. Paul-trois-châteaux, connu par un ouvrage peu volumineux
, mais intéreflànt fur les foffiles du bas Dauphine, j ’avois le bonheur
d’être en correfpondance avec lu i, & il avoit bien voulu venir
nous attendre à Grignan, On. monte de la ville au chateau par un
phemin qui tourne autour de la montagne; il eft pave, rapide,mais
pourtant praticable aux voitures. L ’entrée du château a quelque
chofe de trifte, mais d’impofant. Une grille de fer renferme une grande
cour pavée de pierres plattes, dont les joints etoient remplis d herbes
, & terminée par une façade & des ailes tres-exhauflees qui ,etoicnt
finon dégradées, du moins rembrunies par le terns,
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