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appellées ,par les carriers Allemands, le caht. Mon guide traduifoit ce
mot par celui de vilenie , parce que cela n’eft d’aucun ufage pour l’architeéture.
I l m’affura que l’on n'y trouvôit non plus aucune empreinte ni
d’animaux ni de plantes , & effectivement, nous en épluchâmes une
très-grande quantité avec beaucoup de foin fons pouvoir en découvrir
aucun veftige.
VI0. C e qui fuit eft la bonne pierre , & c’eft auffi celle oùfe trouvent
les empreintes,
I l y en a une épaiffeur de 12 pieds ; les couches fupérieures font
très - épaiffes : favoir, la première de trois pieds, la fécondé d’un pied
& demi, la troiiieme, de trois pieds,
Les couches inférieures qui forment encore une épaiffeur de 4 pieds &
demi font minces, mais fermes, folides & fi parfaitement planes, qu elles
fervent à paver des églifes, fans qu’il foit nécelfaire de les égaler.
Au refte, les divifions des couches que j’appelle épaiffes font un peu
arbitraires, & l’on auroit peut-être pu en afligner d’autres ; cependant
elles font indiquées par une matière brune divifible en feuillets très-
minces qui les fépare.
C e t t e fubftance eft un peu inflammable , & répand, quand elle
brûle, une forte odeur de bitume. Elle a auffi, quand on la frotte,
même à froid, une odeur affez forte qui reffemble à celle de la pierre
puante.
L a pierre même, dans les caffures de fes tranches, préfente des fur-
faces inégales, terreufes , d’une couleur fauve blanchâtre, fans aucun
éclat. Des rayes droites de différentes nuances, indiquent le tiffu fchif-
D ' I C T Y O P E D R E , Chap. X X V l l l . j j f
tellX de la pierre ; & en effet, on la divife aifément en dalles planes,
dont les furfaces font affez unies. C’eft en la divifant ainfi qu’on met
au jour les empreintes de feuilles, de coquilles, d’infeétes, d amphibies
& de poiffons qu’elles.renferment. On voit outre cela, éparsdans
fa fubftance, de petits filaments noirs & brillants, qui paroiffent être
des fibres de plantes changées en charbon de pierre. Cètte pierre eft
tendre, elle tache en gris & fe raye auffi en gris; & cependant elle
eft auffi fonore qu’une brique bien cuite. Elle donne une odeur
légèrement bitumineufe, & humectee avec Phaleine, celle de 1 argille ;
mais quand on la chauffe, l’odeur de bitume eft très-forté. Elle happe
affez fortement à la langue : auffi après une effervefcence vive & écu-
meufe, laiffe-t-elle en arriéré dans l’acide nitreux, une- quantité confi-
dérable d’argille brune.; cependant elle n’en contient pas affez pour
fe réfoudre dans l’eau ; elle y devient un peu plus tendre mais non
pas friable.
Sous ces 12 pieds de bonne pierre il y en avoit encore 4 pouces de
médiocre qui fervoit de plancher à la carrière & qu’on n’exploitoit
point, & au-deffous recommençait le feuillets tendre & inutile qui ne
renferme aucune empreinte.
L e baromètreobfervé au haut de la carrière, donne 100 toifes d’élévation
au-deffus du niveau du Rhin à Stein.
Les corps organifés dont on a trouvé des empreintes dans cette
carrière font très-variés ; brtolleition qu’en a formée à Zurich. M. le
Doéteur L a v a t e r , frere du célébré phyfionomifte, eft également riche
& intéreffante. Son favant poffeffeuf voulut bien me la faire voir &
me communiquer quelques-unes de fes obfervations générales.
I l dit que les poiffons que l’on trouve entiers dans leurs empreintes
font tous d’eau douce ; mais qu’on y a trouvé quelques fragments, &
fur-tout des mâchoires de poiffons marins. O n y trouve auffi des crabes