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ment ou de renouvellement d’air. Au contraire, cette montagne eût fi
criblée de fentes,.qu’ils font obligés de fermer par des portes l’entrée
de leurs galeries, pour que le vent qui tranfpire. de par-tout, n’éteigne
pas leurs lampes. Comme donc il n’eft befoin ni de fcienee ni d’avances
confidérables, & que chacun eft le maître d’attaquer la montagne par,
tout où elle n’eft pas aétuellement occupée par d’autres, tous les pay-
fans s’en mêlent, négligent la culture de leurs terres, donnent aux
marchands leur minerai au rabais les uns des autres, & font en der,
nier réfultat prefque tous miférables. Les feuls qui, fe tirent d affaires,
font ceux qui ont la fageffe de cultiver leurs terres en été & de ne travailler
a la mine que dans les faifons mortes. C’eft alors le beau moment
de la montagne ; il y a nuit & jour plus de 400 ouvriers,
Le minerai de fer ne fe vend pas diredement aux fondeurs. Les pay-
fans, après l’avoir extrait & grillé, le vendent à des marchands, qui ont
des mulets, fur lefquels ils le tranfportent à Ste- Hélene ou à Argentine,
,& le revendent aux fondeurs. On nous fit voir un peu au-deffus du
village de St. George , & au-deffous de l’entrée des galeries, un endroit
nommé Croix de la minière, où font des enceintes féparées, dans lef-
quelles chaque marchand de mine dépofe celle qu’il acheté des payfans,
pour la conduire enfuite aux fourneaux de fufion. Ces enceintes iont
ouvertes, en plein air, & féparées feulement par des murs de 1 à 3 pieds
de hauteur; niais le minerai.eft là comme dans un dépôt facré,,& il
eft fans exemple que l’on y touche,
Je donnerai la note des prix, en décrivant les fourneaux d’Argentine.
Quant au minerai de cuivre, on eft obligé de le vendre à la compagnie
d’Aiguebelle, qui en a le privilège exclufif.'
Blocs de §• 1204. En montant cette montagne, nous remarquâmes depuis le
grajiits j,as jufques à la moitié de fa hauteur, des cailloux roules, dont plu-
Ioulés' fleurs avoient plus de 2 pieds de diamètre, & qui étoient étrangers à
cette
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I à cette montagne. La plupart étoiént des granits,& précifément de l’efpece
I de ceux que j’ai décrits §• 1195 ; remarquables par les grands cryftaux
| de feldfpath & par le peu de quartz qu’ils renferment. Comme la mon-
1 tagne de St. George n*en produit aucun de ce genre, il eft indubitable
■ que ceux-là ont été chariés par la grande révolution, & que les eaux I defcendoient alors en rempliffant la vallée de l’Arc jufqu’à la hauteur
I de 2 ou 300 toiles.
§. r2oy. Le village d’Argentine, où l'on fond une partie du nunerai d^ndenes
I de fer de la montagne de St. George, eft fitue iur la rive droite de gentine. ,
I l’Aro; vis-à-vis de cette même montagne, entre Aiguebelle& Eypierre,
f les fourneaux font à 4 ou 500 pas de la grande route.
Les marchands qui y tranfportent la mine grillée de St. George, 1*
f vendent par bennes, mefure qui contient 70 à 801. de mine.
La douzaine de bennes, rendues à la fonderie, vaut de y 1. à y 1. y f.
I de Piémont (r) , & rend environ 4501. de gueufe ou de fer fondu; ce
I qui fait un peu plus de f S 1. par quintal. On la fond dans un grand
I fourneau à manche ; elle n’a befoin d’aucun autre fondant que d une
I partie des fcories des fontes précédentes. Le fourneau coniomme par
1 jour 60 charges de charbon. Ces charges contiennent chacune 28 pieds
I cubes, & coûtent 30 fols de Piémont. Ce même fourneau rend par jour
I 33 quintaux de gueufe, qui fe vend n i . de Piémont le quintal. Le
I produit du fourneau eft donc par jour, 33 quintaux à n 1., L. ¡63.
Et la dépenfe aufli par jour en charbon, L. 180? femme 218
En m in e .................................................. 38 S ■■■—■
Refte,L. i 4f
I . Sur ces 145L. il faut paieries fondeurs, l’entretien des fourneaux,
(t) La livre de Piémont vaut à très-peu pris 24 fols de Fiance.