c
Tripoli
de Monte,
limar.
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fuppofition, lors même qu’on l’admettroit, ne nous aiderait point à
comprendre comment les bafaltes du Vivarais, qui fe feraient albrs
trouvés à une lieue de diftanee du Rhône auraient pu rouler, non-
feulement jufqu’à Montelimar, mais même fort à l’Eft de cette ville
& beaucoup au-delfus de fon niveau. Il eft bien plus vraifemblable,
que lors de la grande débâcle, les eaux qui defcendoient avec une
grande violence par-defTus les montagnes du Vivarais, ont entraîné
ces bafaltes jufques dans les lieux où on les trouve. En effet, il faut
un courant beaucoup plus grand & pluspuifTànt que celui du Rhône,
pour les avoir portés à des hauteurs, que le Rhône n’a fûrement
jamais pu atteindre. C’eft bien auffi le fentiment de M. de Fauj./vs.
Au refte, quoique l’on trouve de ces fragments de bafalte jufqu’à
une demi-lieue au Nord de Montelimar, ils font cependant beaucoup
plus fréquents au Midi, & on en voit à de beaucoup plus grandes
diftances. Ce qui prouve que Je courant qui les entraînoit defcendoit
dans cette direction,
§ .1 5 7 3 . L es fragments de tripoli fe trouvent auffi epars dans les
cailloüx roulés des environs de Montelimar. Celui que j’ai trouvé à
tous les caractères extérieurs que M. W e r n e r attribue à cette fubf-
tance, fous le nom de trippel. Sa couleur eft d’un roux tirant fut
le fauve ; il eft un peu plus dur &plus rude au toucher que celui de
Corfou, mais fa caffure eft également terreufe, & tache un peu le
drap contre lequel on le frotte. '
C omme je cherchois à connoître la raifon de fa légerété , je l’ob-
fervai au grand jour . & avec une forte loupe, je vis qu’il étoit criblé
d’une quantité de trous extrêmement petits. Les, plus grands nîqnt
qu’une dixième* dé .lignjë de diamètre, & iTÿ en à de d ix 'fo is plus
petits. Ces trous fônt parfaitement cylindriques,' ils paroifTent', ou
ronds, ou elliptiques, ou èn gouttières, fuivant’que la caffure de la
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pierre les préfente coupés perpendiculairement, obliquement, ou parallèlement
à leur axe ; leurs parois intérieures paroifTent liffes & com-
paétes. On en voit qui ont dans leur intérieur un axe cylindrique
libre, qui ne touche nulle part les parois du cylindre qui les renferme-
Sans doute cet axe eft adhérent au fond l du cylindre, mais je n’ai
point pu obferver les extrémités de ces cylindres creux; ils s’enfoncent
dans la pierre, où ils fe croifent fous toutes l'es direftions imaginables,
& on ne voit point comment ils fe terminent- Cette fubf-
tance ne paroît fubir aucune altération dans l’acide nitreux. La flamme
du chalumeau blanchit ce tripoli comme celui de Corfou ,& les change
également, l’un & l’autre , en une fcorie bulleufe & demi-tranfparente.
L e tripoli de Corfou a auffi des pores cylindriques du même diamètre,
mais beaucoup moins fréquents que celui de Montelimar.
L es fragments roulés de tripoli que l’on trouve aux environs de
Morat, & dont M. B e r t h o u t van B e r c h e m a eu la bonté de m’envoyer
des échantillons, & une autre variété plus groffiere, que j’ai
trouvé moi-même auprès de Geneve, ont auffi des pores cylindriques,
mais beaucoup moins réguliers que celui de Montelimar.
§. i s 5.6. C es pores’ cylindriques fembleroient favorifer l’opinion de Dipertes
M . G a iu d e l , qui regarde le tripoli comme le réfultat de l’altération ° ^ n|“nstrf>
d’un bois foffile. Mém. des favaits étrangers• T. 111■ On pourroit en p0ii.
effet dire que ces pores font les trous des vers qui ont rongé ce bois.
Mais tette opinion a été combattue, & paroit avec raifon avoir été
abandonnée par les Minéralogiftes. Ces mêmes pores fembloient auffi
favorifer l’origine volcanique de cette fubftance, origine fondée fur
les obfervations de M. F ou g e r o u x deBondaroi, Jlcad. des Sciences
1769 p. 276, & fur laquelle M. Kirwan croit qu’on ne doit avoir
aucun doute, Cependant M. G u e t t a rd a donné dans fa minéralogie
du Dauphiné la defeription d’une montagne voifine de Montelimar
qui renferme des couches de tripoli, & dont il feroit poffible que