cratere,ni de courant de laves. J’en fis le tour, & je trouvai la pente
douce qui les entoure, de même que les champs du voilinage, com,
p o fé s o u du moins entièrement recouverts de ces grès bruns, argil.
leux qui font fi fréquents dans ce pays.
Conjec- §• 14 p . D ’après la defcription de ces pierres, je ne croîs pas qu’on
kur natu. puiire douter flue le feu n’ait agi fur elles 5 cependant je ne crois pas
re. que ce feu foit celui des volcans. En effet, comment concevoir un
Volcan, proprement dit, ‘dont i’aétion auroit été limitée à la furface
d’un terrein fi peu étendu , & qui n’auroit produit ni courant, ni
élévation ,'ni cratere,
J e croirais plutôt que ces pierres ont fubi l’aclion de l’inflammation
de quelque couche fuperficielle de charbon de pierre. Ce qui confirmerait
cette conjeéture, c’eft que la matière de ces pierres n’eft point
une de ces fubftanees qui habitent, au moins fous cette forme , les
entrailles de la terre ; c’eft un de ces poudingues porphyriques que nous
avons vus fi fouyent à la furface de ces montagnes 8$ des plaines
adjacentes.
J ’a j o u t e r a i , que l’exiftence des mines de charbon dans ces contrées,
n’eft pas une fuppofition gratuite, puifqu’on en exploite à deux
lieues au Nord de St. Raphaël. D a r lüc , tom. I I I , p. 321,
Rocher §. 145-3. A deux lieues de Fréjus, on paiTe dans un petit vallon ,
deporphy- Qu g[j une pet¡te chaumière, & autour d’elle , un peu de terrein cultivé,
chofe bien rare dans ces triftes folitudes. Je vis là les premiers
rochers qui foient bien fûrement de porphyre ; mais leur ftrudure ne fe
manifefte pas clairement-
Q u a n t à la nature de ce porphyre, elle eft à peu près la même que
celle de la montagne de l’Efterel. §, 1436.
A 12 minutes delà, je traverfai le rüiffeau d’Agaïfous une montagne
affez
aflez haute, marquée fur la carte, fous le nom de Rafteu, mon guide
la nommoit le Refteu d'Agüï. Cette montagne eft de porphyre rouge ;
oa y diftingue des couches minces, verticales, aflez régulières, qui
courent du Nord-Eft au Sud-Oueft. Ce porphyre refiemble auflï à ceux
de l’Efterel ; mais il renferme beaucoup plus de cryftaux de feldfpath
& de grains de quartz ; ceux-là opaques & d’un rouge pâle, ceux-ci
tranfparents & fans couleur.
§. 145-4. En traverfant l’Agaï, & en cheminant fur fes bords, que Pietre8
je fuivis affez long-tems, je trouvai plufieurs fragments de pierres fem- poreuks
blables à des laves. La fubftance de la plupart de ces fragments, étoit _ca'
femblable à celle des pierres que j’ai décrites §. 1444. Les unes montraient
dans un même morceau, des trous, les uns vuides, d’autres
pleins de fer fpathique, d’autres enfin remplis de la pouffiere ferrugi-
neufe, quelaiffe le fer fpathique en fe décompofant ; d’autres avoient
tous leurs trous vuides, & la plupart alonges dans une même direction
, ce qui leur donne une reffemblance de plus avec la lave coulée
; mais la parfaite refTemblance de leur pâte avec celle des autres
amygdàloîdesde ces contrées, m’engage à les confidérer comme étant
de la même nature & nullement volcaniques. Ici même, j en voyois un
motif de plus. Un de ces morceaux à cavités vuides & alongées, &
à pâte d’argille durcie par le fe r , renfermoit des fragments de por- •
phyre à angles vifs, parfaitement intafls, & que certainement le feu
n’avoit. point altérés. Il ferait donc difficile de concevoir que cette
pâte argilleufe & très-réfraélaire eût été fondue & fouillée fans que ces
porphyres euffent fouffcrt aucune altération.
C es pierres furent les dernieres de ce voyage qui euflTent quelque
reffemblance avec les laves. Je conclus donc que dans les montagnes
de l’Efterel, de Fréjus , de la Sainte Beaume &-du Cap Roux , je n’ai
vu aucune pierre que l’on puiiTe, avec certitude, donner pour volcanique,
Kfc