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Ensuite une quatrième fort évafée & peu profonde.
Ces cavernes
pa-
roiflent
avoir été
creufées
par la mer.
Puis une cinquième , d’environ 50 pieds de profondeur fur 33 h 40
d’ouverture.:
Je me laffai de les compter, mais j’en vis d’autres encore toutes fem.
blables aux premières , & même jufqu’au haut: du rocher, à une élévation
de plus de 200 pieds au-deffus du niveau de la mer.
§. 1383. C om m e toutes ces excavations, ont par le haut la forme
de voûtes iolides, qu’elles font dépourvues de toute ouverture intérieure
, & creufées fur la face verticale & même furplombante d’un
roc i'ain, auffi dur que le marbre ; elles ne fauroient être l’ouvrage des
eaux pluviales. J’examinai avec le plus grand foin la furface intérieure
de toutes celles qui étoient accellîbles , pour voir fi je ne trouverais
point quelque indice qui prouvât que la lubitance du rocher fe fût
trouvée plus molle, plus deitructible par places, & eût ainfi donné
lieu à la formation fpontanée de ces cavités; je la fondai en divers endroits
avec le marteau ; mais je trouvai par-tout le rocher également
dur & homogene ; je brifài même plufieurs pièces de ce même rocher
fans pouvoir y découvrir aucun mélange d’une matière plus tendre.
On demandera peut-être pourquoi ces excavations ne fe voient
que par places ? pourquoi la mer n’a pas également rongé à le même
hauteur toute la face de la montagne. Je repondrai, que quelques
inégalités accidentelles fuffifent pour déterminer le commencement
d’une érofion, & que dès que ce commencement exifte, les vagues
réfléchies par les parois de la cavité naiffante, agiiTent avec plus de
force fur fon intérieur, & l’augmentent par cela même de plus en plus.
Je me demandai auffi fi ces cavernes ne pouroient point être un ouvrage
des hommes, & fi le tems n’auroit point détruit les veftiges de
leur travail : en effet, fi on les voyoit toutes à fleur de terre, ou peu
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élevées au-deffus du fol ; ce foupçon ne feroit pas fans fondement ;
niais comme on les voit parfemées à des hauteurs différentes, & quelques
unes mêmes très - élevées fur la face verticale du rocher , on ne
fauroit s’arrêter à cette idée ; d’ailleurs, 011 ne voit ni dans leur pofi-
tion, ni dans leurs formes aucune trace de fymmétrie, ni d’ordre, ni
de régularité, rien qui paroiffe indiquer un but ou un ufage déterminé.
C om m e le bas de ce rocher forme un petit promontoire faillant
dans la mer au-delfus du chemin, je defcendis jufqu’au bord , pour
obferver le travail actuel des eaux fur ce même rocher, & j’y trouvai
des cavités arrondies, femblables en petit à celles que je venois
d’obferver au-dehors.
Je regarde donc ces cavités comme l’ouvrage dés eaux de la mer.
Si cette conjeéture eft fondée, il faut que la mer ait été dans cet endroit
d’environ 200 pieds plus haute, ou le rocher de 200 pieds plus
bas qu’aujourd’hui.
En effet, le temple de Sérapis à Pouzzol, prouve que la mer a pu
s’élever pour un tems, & fe rabaiffer enfuite , ou le terrçin s’enfoncer
& fe relever enfuite.
C e t t e conjeéture auroît acquis un nouveau degré de probabilité, fi
j’avois pu trouver dans quelqu’une de ces cavernes, quelque veltiga
du féjour de la mer, quelque lépas attaché au rocher , ou quelque
pholade dans un de ces trous, ou au moins du fable ou des cailloux
roulés ; mais je ne vis rien de pareil : il eft vrai que dans celles de
ces cavernes qui font acceffibles, on ne voit nulle part leur fol dans
fon état naturel : on a établi des fours à chaux dans les unes , &
des entrepôts de divers objets dans les autres.
S- 1384. L a ville de Menton eft à 20 minutes de ces rochers ; avant Menton;
d’y arriver, je revis des couches de pierre calcaire mêlée d’argille & de